"Il faut restaurer la compétitivité de la France"
Tel est le mot d’ordre, le slogan du jour. Dans cette optique, notre équipe gouvernementale dynamique a trouvé un montage fiscal ingénieux pour favoriser nos entreprises innovantes et créatrices d’emploi.
La TVA sociale mettra les entreprises nationales à égalité avec les méchants Chinois qui nous copient et qui nous envahissent.
LE REVE D’UNE TVA SOCIALE
L’idée est la suivante : nos pauvres patrons sont écrasés par des charges sociales injustes et hautement pénalisantes. C’est pourquoi il convient de transférer une partie de ces charges sur le consommateur, c’est-à-dire les particuliers.
Ainsi, les entreprises allégées de ce fardeau pourront embaucher davantage en France, pour le plus grand bonheur de tous.
Si il faut reconnaître que cet impôt a l’avantage de peser à égalité sur les produits importés et sur les produits Français, ce serait se moquer du monde que de prétendre que ce nouvel impôt sera transparent pour le peuple Français.
Explications.
LA REALITE
La nouvelle répartition de la charge fiscale
D’un point de vue de l’information brute, la TVA sociale introduit les modifications suivantes :
1/ Les entreprises Françaises se voient allégées d’une partie de leur charge fiscale.
2/ Les consommateurs Français paient un impôt augmenté sur presque tous les produits. Ce supplément devra bien être pris en charge par quelqu’un : client ou commerçant, c’est justement l’objet de la partie suivante.
3/ L’épargne ne subit en revanche aucune augmentation. Cette mesure incite donc davantage à l’épargne, puisque la consommation est davantage taxée.
Si les entreprises jouent le jeu, elles répercuteront la baisse de leurs charges sociales, soit sur les salaires, soit sur leurs prix (conséquence : soit les prix restent stables, soit les l’augmentation des salaires suit l’augmentation des prix).
"Si les entreprises jouent le jeu" On peut toujours rêver… Il y a fort à parier que les salaires resteront à leur niveau et que toutes les entreprises qui parviennent à vendre répercutent intégralement la TVA et empochent l’économie de charge sociale.
L’augmentation théorique des prix ou la règle de trois que Sarkozy ne veut surtout pas que vous fassiez
La suppression d’heures de math au lycée, au delà des économies réalisées, a aussi pour but d’éviter que la populace ne soit en mesure de faire ce genre de calculs. Comme ça, quand le président dit "les prix n’augmenteront pas", on le croit sans même penser à contester.
Je suis vraiment désolé, mais là, il va falloir faire un peu de math.
Nous allons calculer l’augmentation des prix qui sera directement liée à la TVA, en commençant par une règle de 3 très théorique qui nous donnera l’augmentation des prix que devra appliquer un commerçant pour conserver exactement le même revenu qu’avant l’augmentation :
Avant l’augmentation :
Sur un produit vendu 100€, la TVA était de 19,6€, le commerçant récupérait donc 80,4€ en prix HT (hors taxe).
Question : la TVA étant désormais de 21,2% quel prix TTC (toute taxe comprise) le commerçant doit-il appliquer pour conserver exactement le même prix HT, à savoir 80,4€ ?
Le calcul :
Le prix HT est de 78,8% (100-21,2) du prix TTC. Autrement dit : Prix HT/Prix TTC = 78,8/100
Dans notre exemple simple, nous prenons prix HT = 80.4€
Nous remplacons donc le prix HT dans l’équation en gras, nous avons donc :
Prix HT/Prix TTC = 78,8/100
Règle de trois donne : Nouveau prix TTC = 80,4 * 100/78,8 = 102.03€
Le prix passe donc théoriquement de 100 à 102,03 €, soit une augmentation théorique de 2.03% des prix.
"Les prix n’augmenteront pas" (Nicolas Sarkozy)
A la lumière de ce qui se trouve ci-dessus, on peut se demander par quel miracle cela va être possible. Il convient donc de creuser encore un peu. Il serait en effet inexact de prétendre que la hausse de la TVA sera suivie d’une hausse mécanique des prix de 2.03%. Ce pour au moins 4 raisons :
1/ La TVA à 19,6% passée à 21,2 ne concerne pas tous les biens de consommation. C’est évident, encore faut-il se le remémorer.
2/ Les grandes enseignes en profiteront sans doute pour mener une campagne publicitaire. Les grands défenseurs du pouvoir d’achat des Français, E.Leclerc en tête, seront sans doute ravis de prendre la hausse à leur charge.
3/ La montée du chômage et la hausse beaucoup trop faible des salaires entraîneront une stagnation, voire une baisse de la consommation. Or, la hausse des prix n’est possible que si elle est soutenue par la demande. Les classes populaires qui dépensent l’intégralité de leur salaire seront tout simplement bloquées, puisque leur budget consommation est limité. Plus d’argent, plus d’achats.
La montée du chômage limite également le pouvoir d’achat de la populace, donc la demande à la consommation, donc l’inflation. C’est d’ailleurs ainsi que l’inflation a été maitrisée aux USA sous Regan : privatisations avec effet immédiat des destructions massives d’emplois, hausse spectaculaire du chômage, baisse de la consommation…
4/ Le calcul de l’inflation prend également en compte (pas forcément à tord) le prix de biens dont le prix est appelé à baisser (électronique, téléphonie, pour prendre un exemple d’actualité).
Il est donc parfaitement possible que les prix n’augmentent pas ou peu. Ce sera d’ailleurs probablement le cas si il ne se passe rien de catastrophique au niveau européen. Un accord bancal ayant le mérite de stabiliser très provisoirement mais stabiliser tout de même la situation sur le front de la dette, le tout sur fonds de plans de relance tous plus foireux les uns que les autres qui allumeront un nouveau feu de paille, tout ceci devrait permettre au moins de contenir la hausse des prix.
Et sinon…
En revanche, dans le cas de non-accord Européen, dans le cas où l’UE exploserait ou encore dans le cas où la BCE continuerait à imprimer des milliards de billets pour garder les marchés liquides, nous risquerions d’assister à une forte inflation, laquelle serait alors multipliée par un facteur 1,02 (hausse mécanique due à la TVA. Quiconque comprend le principe de la multiplication comprend très bien que multiplier un petit chiffre (l’inflation) par 1,02 ne serait pas catastrophique. Mais si le chiffre est élevé, c’est plus ennuyeux.
Ce qu’il aurait fallu faire
La critique est aisée, l’action l’est moins.
Une phrase que l’UMP connait par coeur. Seulement, moi, contrairement à l’opposition PS, je ne manque pas d’idées. Je vais sans doute vous surprendre, mais une hausse de la TVA, en soi, n’est pas une mauvaise idée. Encore faut-il la programmer intelligemment, c’est-à-dire différemment de ce que va faire le gouvernement.
Souvenez-vous, j’ai écrit en début d’article que la TVA avait le mérite de peser aussi bien sur les produits importés que sur le reste. L’idée est donc d’avoir le beurre et l’argent du beurre, à savoir plus de TVA sans baisse significative de pouvoir d’achat.
Voici donc une solution de mise en place d’une TVA réellement sociale :
1/ Pas d’augmentation globale de la TVA, mais création d’une troisième catégorie de produits : les produits non quotidiens ou inutiles, ou non de première nécessité (appelez-les comme vous voulez). A savoir : automobile, équipement électronique, vêtements luxe, cosmétique, et surtout, la totalité de la restauration (rapide, lente, tout), des bars et de l’hôtellerie.
TVA à 25% pour toute cette catégorie.
Enorme avantage : ces produits sont pour beaucoup importés, pour le reste réservés aux riches, qui paieront de toute manière (pas de baisse de consommation à craindre en contrepartie, donc).
2/ Les recettes fiscales seront en grande parties conservées pour réduire le déficit. Pas d’exonérations de charges.
Cette solution, bien qu’imparfaite sur bien des plans, aurait l’immense avantage d’atteindre l’objectif affiché du gouvernement, à savoir faire contribuer les produits importer au financement des dépenses sociales et de ne pas faire peser une charge supplémentaire sur l’alimentation, poste de dépense important des foyers modestes.
[b]Cher poisson rouge, vos arguments contre la TVA-soc ne sont pas les bons, je vous donne le seul qui vaille: les patrons ne vont pas baisser leurs prix !!!, du fait de la baisse des charges sociales comme ça c’est fait en Europe du Nord, ni la discipline ni l’honnêteté ne les étouffent, on voit ce que ça a donné la parole des bistrotiers et restos avec la baisse de la TVA qui leur a été accordée …
PS. si le patronat jouait le jeu ça se saurait.[/b]
[b]Une belle entourloupe cette TVA sociale qui en réalité cache une augmentation pure et simple de la TVA existante.
Qui peut croire que l’état va reverser l’intégralité du plus de TVA recueillie?
Qui peut croire comme le dit Zelectron que les patrons vont répercuter la baisse des charges salariales sur les prix? Etc…etc….
Il aurait fallu non pas soulager la partie patronale mais la partie que paye le salarié afin de lui redonner du pouvoir d’achat tout en étant indolore pour le patron.
Il aurait fallu ne pas appeler cela TVA mais par exemple « équivalence charge salariale » à appliquer selon un certain barème à tous les produits d’importations après blocage des prix déclarés et contrôles permanent par les douanes lors des déclaratifs des sociétés lors des importations.
il aurait fallu ensuite rétablir la TVA à 33% sur les produits de luxes y compris certaines voitures.[/b]
Cher zelectron,
Plutôt que de citer l’argument qui vous semble bon, pourquoi ne pas citer ceux qui vous semblent mauvais et expliquer pourquoi ?