Il y a des affaires dont on n’aimerait  pas faire étalage. Des cadavres dans le placard que l’on ne souhaiterait pas faire sortir. Et des placards à l’Elysée, il y en a beaucoup. Valéry Giscard d’Estaing les connait bien depuis qu’il s’est enfermé dans l’un d’eux quand il prononça son fameux « au revoir » en 1981.


On croyait la Francafrique finie. Cet ersatz de colonisation enterré. Mais les faits montrent le contraire. Les présidents de la Vème République n’ont jamais cessé de recevoir des « dons » des chefs d’Etat africains. Tout comme de Gaulle, Giscard, Mitterrand et Chirac, Sarkozy ne déroge pas à la règle.


L’image de notre président, renforcée par sa nouvelle stature de père de famille aimant, de « sauveur » de peuples opprimés, de législateur sur le chaud après un fait divers sordide, est salie.


L’iconoclaste, osant le blasphème, se nomme Mike Jocktane, homme proche du pouvoir gabonais et ancien conseiller d’Omar Bongo. Il affirme que Sarkozy a bénéficié des largesses de Bongo pour financer sa campagne présidentielle en 2007. Propos qu’il relate dans le livre « le scandale des biens mal acquis » et qui appuient les déclarations de Robert Bourgi, conseiller pour de nombreux présidents français.


Pas moins de 20 millions de dollars auraient circulé pour alimenter les fonds chiraquiens. La valse des mallettes ne s’est pas arrêtée là, à en croire Jocktane. Après 2007, elles ont continué de faire l’aller, sans retour, de Libreville à Paris. Selon ses dires, quand un président français vient dans le pays c’est pour venir chercher sa dose de billets. Un peu comme un drogué viendrait chercher sa dose chez son dealer attitré.


Une accusation classée sans suite, à croire qu’attaquer le président revient à vouloir scier un arbre centenaire au tronc démesuré avec un canif.


Il est libre Mike, il y en même qui disent qu’il risque de trop parler. Des mots qui peuvent engendrer des maux pour le président français. Dans une interview livrée aux journalistes de Libération, il continue son offensive et à révéler des choses indésirables.  

L’ancien pasteur, pourtant habitué au secret professionnel, a renié ce vœu pieux pour à son tour se confesser. Tel un acte de pénitence, il assure que Sarkozy a failli à ses promesses de mettre fin au réseau occulte de la Francafrique. Quelle surprise venant de notre président, il n’est tellement pas coutumier du fait.

  Honnête, il avoue ne pas avoir de preuve formelle de ce qu’il avance. Seule la bonne foi de cet homme de foi est le fondement sur lequel la Justice pourra prendre part. En outre, il creuse l’affaire en disant que le président Sarkozy aurait eu peur de certaines divulgations si Ali Bongo n’avait pas été élu à la tête du Gabon en 2009.


Par le biais de ces valises pleines à craquer de billets, le Gabon profiterait d’un moyen de pression sur l’Etat français. Une pression effectuée grâce aux caméras cachées dans les pièces où se dérouleraient les remises.


La conscience de M.Jocktane l’a poussé à agir. Il savait des choses depuis fort longtemps. On dit souvent qu’une mort peut être un déclic, chez lui, ce fut celle du papa Bongo. Empreint d’un désir de démocratie et de vérité, il a décidé de tout dévoiler.


Du côté français, on imite la carpe. Muet, le bureau présidentiel se tait. Ceux qui doivent être contents dans l’affaire ce doit être les fabricants de bagage et de placards pour les ranger. On espère que des juges courageux oseront prêter une oreille attentive sur cette affaire et qu’enfin lumière soit faite. Fiat Lux !