Déraillement de Santiago : responsabilités partagées

Fatalité, peut-être, imprudence, sûrement. Mais elle semble partagée. Les « boîtes noires » du train Alvia qui a déraillé dans la courbe d’A Grandeira de la voie Renfe à proximité de Saint-Jacques de Compostelle ont parlé. Le conducteur conversait certes au téléphone, mais avec un contrôleur du trafic de la Renfe.

La presse espagnole répercute l’analyse des données recueillies après le déraillement de Saint-Jarques de Compostelle qui a provoqué tant de morts (79) et au moins 15 blessés encore dans un état critique. Le conducteur se trouvait bien en conversation téléphonique, mais avec un contrôleur du trafic qui lui indiquait un changement de voie ultérieur. Il semble que Francisco José Garzon Amo, le conducteur, consultait un document ou un plan des voies quand il a abordé, à 153 km/h, et non 80, la grande courbe. Il aurait donc ralenti en prévision de l’aborder (il ne roulait plus à la vitesse autorisée sur une LGV, soit 192 km/h) mais mal calculé où il se trouvait.

Le frein aurait été activé, mais trop tard. Selon l’enregistrement sonore, le conducteur consultait un document ou une carte qu’il déployait ou refermait ou consultait. 

Dans un premier temps, le conducteur avait assumé l’entière responsabilité de la catastrophe, sans donner de détails, peut-être parce qu’il était trop choqué, ou se refusait à impliquer un tiers, un collègue de la Renfe.

Le téléphone lui-même, mis à la disposition du conducteur par la Renfe, n’a pu être retrouvé, mais il est exclu que le conducteur se livrait à une communication personnelle. Il n’a pas utilisé son téléphone personnel, aucune communication n’a été enregistrée sur le parcours.

C’est le premier point solide des investigations. Par ailleurs, toutes les 27,5 secondes, le système de freinage aurait dû s’enclencher si le conducteur n’avait pas pressé une pédale. Malheureusement, distrait, le conducteur semble avoir gardé le pied dessus.

Cheminot depuis 30 ans, fils de cheminot, le conducteur, nommé à ce poste depuis dix ans, avait été affecté à cette ligne Madrid-Ferrol dès son ouverture en décembre 2011. L’autre conducteur, qui devait conduire depuis Ourense jusqu’à Pontevedra (l’attelage se scindant à Ourense) a considéré que si la réduction de vitesse était bien consignée dans un document, le Libro Horario, toujours à portée de vue, mais que le freinage se faisait « plus ou moins de façon mécanique et intuitive ».

Les enquêteurs devront sans doute à présent déterminer s’il était opportun ou non de communiquer des instructions au conducteur avant son arrivée à Ferrol où, à l’arrêt, il aurait pu en prendre connaissance.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

Une réflexion sur « Déraillement de Santiago : responsabilités partagées »

  1. Il semble que c’était quand même la 60e fois qu’il faisait le trajet. Et apparemment, les autres fois, il avait freiné au bon moment…
    Pourquoi pas cette fois-ci ?

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