On ne sait trop combien Carla Bruni, première dame de France, reçoit de courriers de solliciteurs demandant un emploi, un logement, une faveur, ou la correction d’une injustice. On ne sait trop au bout de combien de temps « elle » répond, et comment, en renvoyant vers un service quelconque ou en s’engageant personnellement. Mais quand on est Gérard Depardieu, c’est plus simple, il suffit de s’adresser à l’Élysée et c’est Nicolas Sarkozy en personne qui rappelle « tout de suite ».

 

On se demandait ce qui avait poussé Gérard Depardieu à faire un numéro de soutien au candidat Sarkozy au meeting de Villepinte. Hypothèse de comptoir la plus fréquente : Depardieu préférerait avoir à traiter avec un Sarkozy reconduit s’il lui prenait de devenir évadé fiscal.

Eh bien non. Comme il l’a confié au Canard enchaîné à paraître ce mercredi, l’acteur était mû par la reconnaissance du ventre.
On ne saurait le lui reprocher.

Gérard Depardieu n’aurait entendu « que du mal de cet homme qui fait que du bien », comme il l’avait déclaré, sous les applaudissements, au meeting de Villepinte. Il s’est trouvé de nouveaux amis chez les sympathisants et adhérents de l’UMP.

Il espérait que tous ceux qui sont comme lui qui n’ont pas trop de verbe (ben, mince, après une formation d’acteur, c’est un peu paradoxal), sauraient se contenter de ce simple mot, « oui », franchement et massivement, à Sarkozy.

En fait, Depardieu aurait eu plusieurs fois recours à Sarkozy, dont récemment, pour démêler une affaire à l’étranger (on sait que Depardieu est associé avec divers intermédiaires pour investir à l’étranger). « A chaque fois que j’ai demandé quelque chose à Sarko, il a répondu présent. Quand j’ai eu récemment des problèmes avec l’une de mes affaires à l’étranger, il s’est mis en quatre et m’a réglé le problème tout de suite. Son conseiller diplomatique m’a même appelé, il a été très gentil avec moi. ».

Donc, Depardiou téléphonerait fréquemment à Sarko. Lequel répond tout de suite ou « dans le quart d’heure ». C’est effectivement « extraordinaire ». Sarko dégaine le portable plus vite que Lucky Luke pour ses potes, et Merkel doit être jalouse.

Du coup, parce qu’il aurait perdu « beaucoup d’argent » si Sarkozy ne l’avait pas aidé, Depardieu fera tout ce que le candidat lui demandera. Lui présenter Carole Bouquet, par exemple ?
On se perd en conjectures sur ce que Depardieu pourrait fournir à Sarkozy. Une visite privée de troglodyte du côté de Doué-la-Fontaine, garnie de jeunes Angevines à la forte poitrine enthousiastes ? Des natives du Maine-et-Loire que l’on surnomme Framboise, comme le chantait Boby Lapointe ? Autre chose ?

Quand même pas une cuvée primeur « taille princesse » du domaine viticole de Depardieu, puisque Sarkozy ne boit que de l’eau.

Depardieu, apprécié du FN ?

On se souvient que Depardieu avait été appelé à témoigner dans l’affaire Pierre Joseph Falcone. C’était Philippe Courroye qui menait l’audience. Dans l’affaire des ventes d’armes à l’Angola, Pierre Falcone avait été libéré début décembre 2001. L’avocat Hubert Védrine, conseil de Depardieu, était aussi celui de Falcone.

Puis, en 2003, il y a eu l’affaire du pétrole cubain. Michel Reybier, qui avait fait fortune avec les jambons d’Aoste, était associé avec Depardieu dans la pétrolière Pebercan, rachetée par Maurel & Prom. Perbercan disposait de permis de prospection au large de Cuba.

En 2003, L’Expansion titrait : « les sulfureux business de Gérard Depardieu ». L’acteur confiait : « Le cinéma est une économie à part, où les gens ne sont pas tout à fait honnêtes, sous l’emprise hollywoodienne. C’est presque de la politique. Moi, je suis resté libre parce que je me garde toujours une sortie de secours… C’est mon côté délinquant. ». Le magazine économique évoquait aussi Rafik Khalifa, soupçonné de blanchir l’argent des généraux d’Alger. Lequel Khalifa donnait beaucoup d’argent à l’équipe de rugby de Bègles, dont Depardieu s’était faire l’administrateur.

Se disant autrefois proche de la gauche, Depardieu s’était rapproché de Sarkozy dès 2007. Il est aussi l’associé du Bordelais Bernard Magrez, richissime mécène qui fréquente aussi François Pinault. Depardieu n’a peut-être pas fait intercéder Sarkozy que pour lui. Après tout, c’est peut-être moins pour ne pas « perdre beaucoup d’argent » que pour donner un coup de pouce à un copain nécessiteux ou un autre qu’il avait si fréquemment recours au président et ami.

Eh, Gérard, tu pourrais pas demander à Niko de me trouver une place de parking dans le coin, j’envisage de voler un scooter, c’est mon côté délinquant, et entre voyous, on se comprend !

Pour Nicolas Bedos, « Depardieu est un immense comédien mais je pense que la drogue et l’alcool l’ont totalement lobotomisé… ». Côté portefeuille de l’autre côté du palpitant, tout va encore très bien.

Et puis, peut-être que, en dépit des Valseuses, et de diverses déclarations (voir en commentaire), Sarkozy et l’UMP se sont peut-être aperçus que Depardieu était l’acteur préféré de l’électorat du Front national. Ceci pourrait aussi expliquer cela…