Comme une cure de jouvence bénie après l’hiver, plongez-vous dans le dernier film de Claude Berri, tiré du best-seller d’Anna Gavalda, « Ensemble c’est tout ». A l’affiche quatre acteurs magnifiques, dont Audrey Tautou, irrésistible en petit oiseau déplumé, quatre solitudes qui se réchauffent à l’amitié et plus si affinités.

 

Camille, quand elle ne dessine pas, gagne sa vie en faisant le ménage dans les bureaux désertés la nuit. Par hasard elle croise dans le hall de l’immeuble du 16ème où elle loue une minuscule chambre de bonne sous les toits, Philibert, un jeune aristocrate timide et bien élevé. Ils sympathisent.

 

Camille l’invite à pique-niquer chez elle et plus tard grippée, c’est lui qui l’héberge dans son grand appartement qu’il partage avec un colocataire, un cuisinier surmené et de mauvaise humeur. Franck ne voit pas d’un bon oeil l’arrivée de l’intruse et d’emblée c’est la guerre. Guillaume Canet très convaincant dans ce rôle de bourru au cœur tendre, incarne Franck en proie au dilemme de laisser sa grand-mère qui l’a élevé dans un établissement de soin après une chute dans sa maison.


Philibert rencontre une apprentie comédienne qui le pousse à monter sur les planches. Naît une vocation d’acteur. Son professeur de théâtre l’encourage, grâce à la musicothérapie Philibert apprivoise son bégaiement et écrit son premier spectacle.

 

Qu’elles s’appellent Amélie, Mathilde ou Camille, les héroïnes que choisit d’interpréter Audrey Tautou semblent appartenir à la même famille : des filles seules au monde, fragiles d’apparence mais au fond bien déterminées à creuser leur sillon (leur talent). Camille anorexique ? A mon avis, pas vraiment à la voir en pyjama se délecter d’un verre de vin rouge qu’elle n’hésitera pas à partager d’ailleurs avec le cuisinier de retour de son travail. Ces deux-là sont faits pour être ensemble mais Claude Berri retarde à plaisir le moment où ils s’avoueront leur amour.

 

Un mot sur la grand-mère. On l’appelle Paulette, pas Mamie, déjà tout un symbole. Son petit-fils, Philibert et Camille la traitent avec égard et considération. Camille la dessine à moitié nue après lui avoir fait sa toilette. Quel regard portons-nous sur la vieillesse dans cette société obsédée par le rajeunissement et la course perdue d’avance contre les rides ?

 

Paulette s’éteint dans son sommeil, assise devant le jardin qu’elle aimait tant. Elle a attendu d’être de retour dans sa maison pour y mourir en paix.

 

La générosité, la convivialité, la solidarité entre générations sont devenues rares aujourd’hui. Certains critiques font la grimace : trop gentil tout ça. Et pourtant de les vivre par procuration donne de la joie et de l’espoir. Et si les hommes qui sont capables du pire, on le sait, étaient aussi capables du meilleur ?