Malgré les régionales, malgré les cantonales, Monsieur l’encore Président de la République et ses conseillers actuels ou passés (et aussi, hélas pour lui, également les futurs, sans doute) n’ont toujours pas compris qu’à labourer les terres du Front National, on lui sert les récoltes qu’il engrange élection après élection.
On s’apprête donc, après l’aubaine du débat sur l’identité nationale, à lui repasser le plat assaisonné cette fois à la sauce laïcité.
Mais sous une forme il est vrai légèrement différente : foin du débat national dans les salons des Préfectures et autres palais de la République ; cette fois, en sera chargé l’UMP, organisme privé (et même de plus en plus privé, notamment en termes de moyens et de soutiens).
L’UMP dont, nouveauté des temps dits modernes, Monsieur l’encore Président de la République est officiellement demeuré le dirigeant, piétinant la tradition jusqu’alors solidement établie qui faisait quitter au nouvel élu l’ensemble de ses fonctions politiques antérieures, afin de devenir le Président de tous les Français.
Dans ce domaine, la plus nouvelle des nouveautés est tombée hier soir sur les téléscripteurs : Monsieur le ministre de l’Intérieur s’apprête à recevoir l’ensemble des représentants des diverses confessions. Après tout, cela pourrait sembler normal : n’est-il pas aussi, par un surprenant archaïsme, ministre des cultes ?
Le hic, c’est que les médias ont assorti cette information d’une précision : « afin de préparer le débat organisé par l’UMP ». Monsieur le ministre de l’Intérieur est donc adoubé au titre de sous-traitant du parti présidé par Monsieur l’encore Président de la République (qui n’est plus, de par sa seule décision, celui de tous les Français) ; son titre complet devient ainsi ministre de l’Intérieur, des cultes et de certains Français, triste rétrécissement et funeste présage.
Le poste, décidément est maudit : déjà, fin 2010, l’alors locataire de la place Beauvau avait dérapé (cf. Neige en décembre, dégelée en mai) : affichant de manière indécente et répétée le gouffre séparant l’aristocratique classe gouvernante des préoccupations des manants de la France d’en bas, il avait contribué à déterminer, avec dix-sept mois d’avance, la chute de la future élection présidentielle.
Malédiction des malédictions : le successeur de celui-là risque de plus en plus, les choses étant ce qu’elles sont, d’avoir à annoncer le 22 avril 2012 des résultats aux allures de désastre.
Le pire serait qu’ils écartent Monsieur l’encore Président de la République du second tour. Les récentes déclarations de Monsieur Jean-François Copé au soir du premier tour des élections cantonales démontrent en effet qu’il serait vain d’espérer de lui la symétrie du 21 avril 2002. L’élection d’un Président de gauche s’en trouverait donc amoindrie avant même de s’être produite, et l’on peut sans peine prédire que ces prétendus « responsables » ne feraient pas preuve de la même élégance que celle dont bénéficia Jacques Chirac en son temps, pendant les courtes semaines où il parut se souvenir d’où lui étaient venus les suffrages recueillis.
Vote super, c’est clair, c’est net. Une remarque anecdotique, quand il s’agir de certains, j’écris M. plutôt que monsieur. Faut être économe dans notre vindicte. Dans un article qui devrait passer, j’ai même évité la majuscule pour une inspectrice.
De mieux en mieux !!!!
Une belle faillite politique pour notre pays la France!
Je n’aurai su mieux écrire.
[b]JPLT,
moi j’adore. Votre style est clair, net, précis, et non dénué d’Humour. En un mot faisant, j’adore.
Amicalement
Tom[/b]