Le régime de Zine Ben Ali est confronté à la première fronde d’ampleur de son histoire. Elle pourrait constituer un tournant dans les rapports entre le pouvoir et la société.
Le bassin minier de la région de Gafsa connaît certes, depuis le début de l’année, comme si le mois de janvier -malgré les échecs répétitifs de 1978 et 1984, grève générale et émeutes du pain- était un passage obligé, une vague de protestations contre l’arbitraire : la jeunesse invective l’entreprise publique des phosphates en raison des passe-droits de sa politique de recrutement, qui profiterait uniquement aux nervis des autorités.
Mais la contestation, jusque-là exprimée par des grèves de la faim et des manifestations ponctuelles, presque bon enfant, a pris, suite à des arrestations massives les 5 et 6 avril, un tour autrement revendicatif. Lassés d’un discours gouvernemental ne laissant aucun espoir d’amélioration des conditions de vie d’une population minée par un chômage ignoré du trop vanté, venté et désormais éventé « miracle économique » tunisien, les syndicalistes ont haussé le ton.
Les jeunes qui les appuient sont sur leur propre longueur d’onde, comme en témoignent des slogans à l’accent frondeur, habituel dans ce Sud délaissé, mais qui dépasse cette fois le seul cadre local pour s’en prendre directement au pouvoir central. Les images vidéo tournées lors de rassemblements dans la ville de Redeyef sont à cet égard éclairantes de leurs banderoles: «L’argent du peuple est dans les palais, et sa jeunesse dort sous des tentes».
Un nom est cité en référence des luttes en cours : Farhat Hached. Cela est davantage qu’une reviviscence. Ce serait plutôt une actualisation d’un combat qui avait, il n’y a pas si longtemps, constitué un épisode charnière contre le protectorat français, momentanément conclu par la mise sous les verrous des résistants et à leur tête Habib Bourguiba.
Hommes adultes et jeunes emprisonnés, ce sont des femmes, mères s?urs et épouses, leurs droits en étendard, qui ont, à Redeyef, le 9 avril 2008, repris le flambeau. Elles ont de leur présence symbolique fait plier le pouvoir, qui a élargi les prisonniers, somme toute d’opinion. Chapeau bas.
Wicem Souissi
Le régime de Zine Ben Ali est confronté à la première fronde d’ampleur de son histoire. Elle pourrait constituer un tournant dans les rapports entre le pouvoir et la société.
Le bassin minier de la région de Gafsa connaît certes, depuis le début de l’année, comme si le mois de janvier -malgré les échecs répétitifs de 1978 et 1984, grève générale et émeutes du pain- était un passage obligé, une vague de protestations contre l’arbitraire : la jeunesse invective l’entreprise publique des phosphates en raison des passe-droits de sa politique de recrutement, qui profiterait uniquement aux nervis des autorités.
Mais la contestation, jusque-là exprimée par des grèves de la faim et des manifestations ponctuelles, presque bon enfant, a pris, suite à des arrestations massives les 5 et 6 avril, un tour autrement revendicatif. Lassés d’un discours gouvernemental ne laissant aucun espoir d’amélioration des conditions de vie d’une population minée par un chômage ignoré du trop vanté, venté et désormais éventé « miracle économique » tunisien, les syndicalistes ont haussé le ton.
Les jeunes qui les appuient sont sur leur propre longueur d’onde, comme en témoignent des slogans à l’accent frondeur, habituel dans ce Sud délaissé, mais qui dépasse cette fois le seul cadre local pour s’en prendre directement au pouvoir central. Les images vidéo tournées lors de rassemblements dans la ville de Redeyef sont à cet égard éclairantes de leurs banderoles: «L’argent du peuple est dans les palais, et sa jeunesse dort sous des tentes».
Un nom est cité en référence des luttes en cours : Farhat Hached. Cela est davantage qu’une reviviscence. Ce serait plutôt une actualisation d’un combat qui avait, il n’y a pas si longtemps, constitué un épisode charnière contre le protectorat français, momentanément conclu par la mise sous les verrous des résistants et à leur tête Habib Bourguiba.
Hommes adultes et jeunes emprisonnés, ce sont des femmes, mères s?urs et épouses, leurs droits en étendard, qui ont, à Redeyef, le 9 avril 2008, repris le flambeau. Elles ont de leur présence symbolique fait plier le pouvoir, qui a élargi les prisonniers, somme toute d’opinion. Chapeau bas.
Wicem Souissi
Lire la suite : http://tunisiawatch.rsfblog.org/archive/2008/04/11/de-tunis-1938-a-redeyef-2008-d-un-9-avril-l-autre.html.