Il était une fois un père célibataire prénommé Ali (Matthias Schoenaerts). Il était pauvre, vivait dans un monde en crise, sans toit ni loi et, pour se nourrir avec son gamin, il ne trouvait pas mieux que de fouiller les poubelles ou de pratiquer de temps en temps des vols à l’arraché.

Un jour, de son Nord brumeux, il emporte son baluchon et son petit Sam puis s’en va allègrement élire domicile chez sa sœur, sous le généreux soleil d’Antibes.

Enchainant parfois des petits boulots, le videur d’un soir croise la ravissante Stéphanie (Marion Cotillard), dresseuse d’orques, celle qui semble avoir vraiment tout pour elle.

Mais la vie étant ce qu’elle est avec son lot de bonnes, de moins bonnes surprises, avec aussi ses coups de poignard dans le dos parfois, la voilà qui frappe très durement celle-là même que l‘on croyait invincible.

Sciée sans ses jambes, Stéphanie chute dans cet abîme qu‘est devenu son univers cloîtré. Un carcan encore plus étroit dans lequel elle se débat désespérément.

Alors pour tenter de réapprivoiser la vie, elle se détourne du monde sophistiqué qui est le sien et reprend contact avec ce videur désinvolte, ce boxeur à mains nues qui ne s‘embarrasse jamais de rien encore moins de pitié pour son handicap.

Et dans son aliénation, malgré le gouffre béant qui les sépare, Stéphanie jette totalement son dévolu sur Ali, lui qui semble venu tout droit de la jungle, qui semble n’être qu’une sorte de masse corporelle réconfortante, à l’état brut, n’obéissant qu‘à ses pulsions et traitant les humains quels qu‘ils soient tels des objets, y compris son propre fils. Comme une sorte de fermeture hermétique que l’organisme sécrète dans un monde qui se rouille…

Une bien étrange relation de complémentarité se tisse peu à peu entre cette délicate écorchée vive et ce mâle analphabète de mots aux sentiments morts, rouillés mais qui, après avoir flirté à son tour avec la peur en y laissant juste quelques os, sent renaître en lui son humanité spoliée…

Une histoire de rescapés extrêmement touchante qui nous rappelle ô combien la vie ne tient qu‘à un fil de rasoir. Entre le handicap et ceux que l’on surnomme "les issus de la diversité" en commun, "de rouille et d’os" a un certain air de famille avec les " intouchables" et devrait avoir de grandes chances à Cannes ! D’ailleurs les ingrédients du succès ne sont-ils pas tous là quand à la fois s’en mêlent, Marion Cotillard, Matthias Schoenaerts, Jacques Audiard ?

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