La France, « mère des arts, des armes et des lois » m’a longtemps nourri du lait de sa mamelle. Je ne sais pourquoi, j’ai trouvé celle de la voisine plus amène. Non que la France soit pire marâtre qu’une autre, mais je devais avoir l’esprit aventureux. Aujourd’hui, ne serait-ce pas la voisine qui, tout à fait insidieusement et sous couvert d’un débat sur l’identité française, viendrait nous gaver de son lait et nous sevrer de toute autre velléité d’aller voir d’autres poitrines ? Mais faut-il s’allier avec les scientologues pour combattre les islamistes ? Ou changer, au gré des circonstances, de partenaires ? L’attitude de Riposte laïque fait aujourd’hui débat. Celui sur l’identité culturelle de la France fait aussi figure de faux débat, mais pas si innocent qu’il y paraitrait.

 

Qu’on ne se méprenne pas. Ce qui suit est l’expression d’opinions – et c’est pourquoi il s’agit d’une « tribune libre » – et non pas vérité immuable. Par ailleurs, je dois avouer mon faible pour un certain cosmopolitisme interlope rastaquèrien (dans lequel on trouve tout, dont le rastaquèrisme, sans doute, et son contraire…) si souvent dénoncé tant par les tenants du « libéralisme » que par ceux des divers stalinismes, hitlérismes, islamismes, et autres. Pire, je reconnais tout aussi bien les bienfaits civilisateurs de la celtitude bretonne en France que l’apport de la France à la civilisation bretonne (et écossaise, entre autres…). Certes, comme l’avait illustré Plantu, il y a du « bon » (avec guilles de distanciation) partout et Bush aurait fort bien pu vanter les apports civilisateurs de la torture à Guantanamo ou en Irak comme, à l’heure actuelle, en Afghanistan (où le Le Pen de service doit être un séide du pouvoir de Kaboul ou un stipendié d’une officine privée quelconque, seule la gégène étant financée par l’Europe et l’Otan).

La France apporta à la Bretagne la foi du charbonnier et ce qui va avec, soit le vote en faveur du hobereau désigné par le recteur de la paroisse, mais aussi le radicalisme laïc, voire laïcard, et des hussards républicains persuadés que le français était langue universelle. Il s’en trouvait assurément de bretons parmi eux, soit des collabos aux yeux des béni-oui-oui bretonnisant et marialisant d’Auray et d’ailleurs. Aujourd’hui, si le sabre reste (pour combien de temps ?) au fourreau, le goupillon islamisant, judaïsant, christianisant et scientologisant est à l’œuvre. Hier, on nous aurait presque vanté l’apport scientologique à l’identité française, à présent, on va peut-être nous refiler la vision d’une valeur civilisatrice de l’islam en France. Ce qui n’est pas forcément tout à fait erroné. Loin d’avoir été tous arrêtés à Poitiers, les Andalous commerçaient à Paris après 732 et on leur doit peut-être des raffinements architecturaux insoupçonnés ou patents, allez savoir… Il se trouve simplement que leur islam et celui feint par les actuels Saoudiens n’était pas tout à fait le même.

 

Que veut-on nous faire avaler sous couvert de débat sur l’identité nationale française ? Il n’est pas sûr que les idéologues du libéralisme sarközyen soient tout à fait assurés, cohérents et unanimes dans leurs choix. C’est peut-être le fait de considérer ces manœuvres de loin, dans une contrée qui en a connu bien d’autres, qui m’incite à me demander si les tenants d’un débat sur l’identité nationale savent réellement ce qu’ils font. Ce qui est sûr, c’est que nous serons sur leurs croix ou leurs gibets et bûchers avant eux-mêmes.

 

La région « roumaine » du Banat était, jusqu’en 1918, une composante du Banat austro-hongrois. C’est désormais la région occidentale de la Roumanie, composée des judete (départements) d’ Arad, Timiş, Hunedoara, et Caraş-Severin, et une partie de l’eurorégion Danube-Criş-Mureş-Tisa. Mais avant la Grande Guerre, les Serbes, les Hongrois, les Souabes (Alsaciens, Lorrains, Sarrois…), y étaient plus ou moins majoritaires voire largement dominants. Aussi, le sabre roumain s’allia au goupillon orthodoxe et fit ériger une cathédrale orthodoxe de l’église autocéphale roumaine pour dominer la capitale du Banat, Timisoara. Dans les années 1930-1940, la cathédrale allait bientôt avoir pour voisine la louve romaine offerte par Mussolini afin de célébrer la romanité d’un Banat qui n’en pouvait mais. Ce n’était, ni plus ni moins, que de la colonisation. Pacifique, certes. Tolérante, si fait. La suite allait montrer aux « Allemands » et Juifs, voire aux Serbes et aux catholiques hongrois du Banat que le pacifisme et la tolérance des conquérants n’a qu’un temps.

 

Ne soyons pas tartuffe. Ce n’est pas la religion qui pousse à spolier celles et ceux que l’on veut déposséder de leurs biens ou de leur influence, en réduisant leur culture, puis leurs personnes, au néant. Tout comme le « bougre » d’Egon de Courcillon se répandait en simagrées, génuflexions, pieuses abjurations devant Mmes de Maintenon et de Dangeau, bien des reitres, magistrats ou boutiquiers ont plié le genou devant la tiare ou le turban tout en gardant raison en leur for intérieur. Pogroms, déportations, exécutions, du Caucase au Maroc, étaient davantage sanctifiées et bénies après coup, quand les politiques avaient décidé de lâcher le peuple sur la vaisselle pour s’emparer ensuite eux-mêmes des immeubles dévastés et des échoppes ravagées, qu’initialement. Faire des religions, celles des autres, un épouvantail, c’est assez commode. Les souverains tiennent certes leurs pouvoirs, comme Louis IX ou le Commandeur des Croyants, de Dieu ou de Mahomet, mais il y a eu bien davantage de Beckett (Thomas) massacrés ou bannis que d’Henri IV poignardés. Aux mieux, les deux pouvoirs se tiennent-ils par la barbichette et se confortent. Il est certes d’apparentes exceptions. Mais à présent, qui des mollahs et des Gardiens de la révolution iranienne tient les rênes ? Qui, de l’église catholique de Pologne ou des ressuscités du pouvoir communiste tient  ses ordres de qui ? Qui, du Vatican ou des affairistes de l’Opus Dei obéit et rend compte à qui ?

 

Ne soyons pas hypocrites et n’en rajoutons pas dans le zèle laïcard. On peut être israélitophobe, christianophobe et islamophobe sans pour autant vouloir la mort du pratiquant, voire même du curé ou de l’imam, du rabbin. On peut bouffer de la calotte sans pour autant nier l’évidence. C’est bien deux ecclésiastiques catholiques romains qui ont épargné la déportation aux frères Maurice et Joseph Joffo, et on préféra toujours un religieux musulman intègre et respectueux des valeurs de l’humanisme à un laïc scélérat. Alors, la simple fidèle, le simple croyant, croyez bien qu’on puisse la supporter, voilée d’un fichu ou d’autre chose, et le tolérer avec bienveillance, kippa ou on ne sait quoi sur le crâne. De la même manière, ne lapidons pas le chevalier taste-vin s’il s’aventurait en tenue dans la rue et ne nous faisons pas exploser au passage des cortèges de francs-maçons, tabliers au vent et baudriers en sautoir, qui défilent en Albion. Imaginez le faible attrait touristique d’un Japon sans temple ni prêtre shinto en robe… On ne peut multiplier les tour Eiffel !

 

Mais n’ayons pas la mémoire courte. Les religions ne sont pas que du folklore. « Pour avoir chassé Dieu de l’école, des prétoires de la nation, pour avoir supporté une littérature malsaine, la traite des blanches, pour la promiscuité dégradante des ateliers, des bureaux, des usines, Seigneur, nous vous demandons pardon, » écrivait Saliège, évêque de Toulouse, dans La Croix, fin juin 1940. Les instits de la Publique (comme les femmes…) avaient cédé les premiers et étaient responsables de la débâcle, proclamaient les catholiques. La Révolution nationale de Pétain allait donc être, selon les fortes paroles du primat des Gaules (« Pétain, c’est la France, la France, c’est Pétain »), par la suite, bénie et sanctifiée. Certes, au fur et à mesure de l’avance des troupes alliées, les aumôniers des FFI et FFL viendront, bardés de décorations, remplacer dans les défilés ceux, tout aussi médaillés, de la Légion française des combattants et de celle des volontaires français. On trouve de tout, dans les religions, et il est fort possible que, tout comme l’israélitisme a su recruter des enfants de « la laïque » issus de familles catholiques, l’islam a pu sans doute compter des Lustiger (ancien archevêque de Paris issu d’une tradition « judaïque »). Ce sera le même archevêque Saliège qui, dans une lettre pastorale, condamnera la déportation des « étrangers ». Ce qui incluait bien sûr les israélites et les Juifs agnostiques.  De même, il y a bien dû se trouver parmi les Justes des mahométans ayant risqué leur vie pour sauver celle de Juifs tout comme des Juifs, Berbères et Arables se retrouvèrent ensemble dans le Bataillon de choc et les commandos qui repoussèrent les troupes allemandes en Italie puis en France.

 

Il est de bon ton, de nos jours, dans certains milieux laïques, d’avoir la mémoire sélective et d’appuyer – et forcer le trait – sur la collaboration entre l’islam et l’Allemagne nazie. Les faits sont indéniables. En particulier pour ce qui se rapporte à l’islam de Palestine et de ceux des pays du Proche et Moyen-Orient, soit que, sous domination du régime de la Révolution nationale, ils furent encouragés à fournir des combattants à la Wehrmacht ou aux SS, soit que, voulant s’affranchir de la domination anglaise (voire même française), ils espéraient de l’Allemagne encore plus d’indépendance ou un statut amélioré. C’est « humain », dira-t-on. Les imams enrobèrent de phraséologie religieuse ce qui confortait leur pouvoir de favorisés des nazis et garantissait, croyaient-ils, leurs futurs pouvoirs. Mais que l’on sache, ce n’est pas la révélation divine qui les a fait collaborer avec les nazis.

 

Bizarrement, aucun mystique chrétien n’a jamais entendu Yahvé ou Mahomet s’adresser à lui en hébreu ou en arabe pour lui faire des confidences. Le dieu de saint Augustin lui parlait-il en grec en latin, ou en berbère ? Inversement, s’il est fort possible qu’un israélite de France écoute Jésus lui intimer en français de prêcher sa bonne parole ou qu’un chrétien entende soudainement Mahomet lui parler dans sa langue (ou en arabe littéral s’il domine cette langue), ce n’est jamais dans la langue supposée de la religion concurrente que la déité s’exprime.  Pourquoi donc Allah n’a-t-il pu se faire comprendre à Lisieux ou à Lourdes par des âmes simples ? Serait-il incapable de parler les patois normands ou béarnais ? Et inversement, pourquoi donc Yahvé ne se met-il à parler japonais qu’après de longues années de présence juive au Japon ? Et pourquoi donc, moi-même, qui sue à apprendre des langues, n’ai-je pas la révélation en diverses langues : la déité m’a-t-elle jugée indigne au point qu’elle se refuse à m’apprendre toutes les langues d’un seul coup ? Serait-elle moins universelle que les israélites, les mahométans et les chrétiens me l’assurent ?

 

Être islamophobe aujourd’hui, tout comme être à la fois pour l’existence de l’état d’Israël et la fin de l’occupation et de la colonisation israélienne, ce serait être anti-juif ou anti-arabe, voire les deux à la fois, soit antisémite. Et pour être un islamophobe efficace, il serait bon de se montrer un poil plus politique et de mettre sous le boisseau son anti-israélitisme et son antichristianisme. C’est du moins ce que laissent parfois penser les actuels chefs de file de Riposte laïque. Pire, les mêmes seraient prêts à dispenser des indulgences au Front national, voire au British National Party,  et aux formations politiques de tout bord du moment qu’une même islamophobie les unisse. Il est vrai que son éditorialiste, Cyrano, totalement aligné sur les thèses de Geert Wilders qui dédouanait le christianisme de son idéologie totalitaire (toujours incarnée par l’Opus Dei et d’autres officines bien en atriums apostoliques et cours vaticanes), a tendu maintes verges pour se faire fouetter.

 

Geert Wilders a fait une lecture du Coran qui n’est pas si éloignée de celle qu’ont des érudit·e·s arabophones féru·e·s de langues dites sémitiques et congrues en dialectologie et en linguistique comparative, et il aurait, avec Fitna, dénaturé la parole mahométane. Du Coran, comme de la Bible, ou des divers évangiles (dont le copte), chacun fait son Livre blanc, et si certains le dédouanent de tout appel au crime et à l’application de la charia (voir ce qu’en pense chayR, Chayr abou Ryad, contributeur de C4N), d’autres corroborent tout à fait la vision de Geert Wilders et des philologues de cultures mahométanes (car il n’en est pas d’unique). Il n’empêche : les fondamentaux sont les fondamentaux et quelle que soit la lecture ou la traduction, les athées, les agnostiques, se voient, que ce soit de la part de l’une ou l’autre des religions du dit « Livre » menacés de mort ou de l’enfer s’ils ne se convertissent pas. Et puisqu’on nous promet de nous passer au fil du glaive en ce monde ou de nous promettre, au pire de rôtir, au mieux d’être voué au néant dans un présumé autre monde, comment veut-on nous empêcher de nous sentir en état de légitime défense ?

 

En revanche, nous accuser d’antisémitisme ou de racisme est aussi absurde que de prêter à Jean Sarközy des visées arménophobes à l’encontre de Patrick Devidjian. Jean Sarközy, sans doute aussi juif qu’Ada Yonath (prix Nobel de chimie, partisane de la libération des prisonniers palestiniens en Israël), ou peut-être que vous et moi, qui sommes tous aussi un peu arabes et mongols, est tout autant loin de se voir décerner un prix Nobel de droit que de se retrouver aussi pauvre qu’un savetier juif du Neuf-Trois. Les islamo-israélito-christianophobes ne sont pas tous partisans d’instrumentaliser  l’adhésion plus ou moins sincère à une religion, ou à une culture teintée de religiosité, ou le rattachement sentimental à tel ou tel groupe ethnique (j’avoue quelque indulgence pour les druides animistes : personne n’est parfait ; et sous le coup de la colère, quelques sacrifices humains de légionnaires romains me semblent tout à coup moins condamnables que la mise à mort de Spartacus, peut-être adepte de Zagreus et de la déesse-mère des Thraces). Cyrano, éditorialiste de Riposte laïque, est sans doute sincère (et non pas soucieux de se concilier le Bétar pour une croisade islamophobe) lorsqu’il trouve absurde de le considérer antisémite.

 

J’accompagnerai volontiers, à l’occasion, coiffé d’un chapeau, mes petits-enfants à la synagogue et si les circonstances avaient été autres, c’est après m’être déchaussé que j’accompagnerais mon petit-fils à la mosquée. Tout en considérant sans doute absurde de ne pouvoir accompagner ma petite-fille, devenue adolescente, dans la même mosquée, je n’irais pas, si cela devait être le cas, m’insurger contre le fait qu’elle fréquente un lieu de culte. En revanche, croit-on vraiment qu’un islam devenu très influent en France tolérerait longtemps la mixité dans les écoles publiques si elles devaient accueillir des petites musulmanes et des petits musulmans sur les mêmes bancs ? J’émets des doutes. D’un autre côté, les filles ayant tendance à surpasser en excellence scolaire et universitaire les garçons, je pourrais trouver des avantages, pour ma petite-fille, à la non-mixité. Eh, après tout, après avoir piloté voilée un Dubaï-Nice d’Emirates Airlines, elle pourrait fort bien, en monokini ou tenue légère, draguer à la plage cannoise, tout comme, de nos jours, les autres jeunes filles émiraties de son âge en goguette sur la Riviéra. On peut être islamo-&c.-chose et vaguement ou carrément hypocrite pour préserver la paix, ou du moins la non-agression familiale. En plus, on a parfois droit à des billets d’avion à tarif réduit… De ce point de vue, préférer Emirates Airlines à El Al.

 

Mes plus proches voisins, à Paris, sont des « Chinois ». Peut-être en fait des Ouigours ou des Laotiens. Les odeurs et les bruits sont somme toute tolérables. Et puis, la logique démographique actuelle le veut, mes arrières-arrières-petits-enfants seront sans doute plus asiates que caucasiens. Mais qu’on ne vienne pas par avance me bassiner avec les vertus civilisatrices du taoïsme. Du fait de l’instauration d’une forme de sécurité sociale par Bismarck, me faudrait-il glorifier le nationalisme expansionniste prussien ? Otto von Bismarck repose en effigie au Walhalla de Donaustauf aux côtés de la statue de la chrétienne Sophie Magdalena Scholl  (résistante anti-nazie) ou de celle de l’Écossais Baclay de Tolly, qui épuisa la Grande Armée par la tactique de la terre brûlée. Des réformateurs luthériens sont aussi honorés à Donaustauf.  Au gré des circonstances et des intérêts des vainqueurs, le temporel récupère les valeurs du « spirituel », quel qu’il soit, et les accommode à sa sauce du jour. Au final, c’est toujours les mêmes qui terminent dindons de la farce. Cela s’est avéré indépendant des « races », des religions, voire même des doctrines politiques qui, comme le communisme, tournent au bolchévisme puis au stalinisme, ou comme le libéralisme tourne localement au sarközysme au gré des aléas de la finance et des sondages.

 

Sacrifiant à l’usage imbécile qui veut qu’une contribution sans illustration soit moins lue (c’est hélas vrai la plupart du temps), j’ai prélevé, sur le site du BNP, un petit montage islamophobe. Ce drapeau britannique frappé du croissant islamique est-il bien la preuve que je suis tout aussi fascisant qu’antisémite ? Ce genre de raisonnement me rappelle ces deux communistes alsaciennes, membres de toujours  du PCF, qui me soutenaient mordicus que Valéry Giscard était « un Boche ». Il était de Baden-Baden, n’était-il pas ? L’élire conduirait-il à restituer l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne ? Il fallait se méfier ! De même est-il peut-être outrancier de monter en épingle notre sincère islamophobie. Il y a pourtant péril en la demeure.

 

Faut-il, pour conjurer la montée du péril, se comporter en politicard pour qui la fin provisoire justifie tous les moyens du moment ? Soit, pour mieux combattre l’islamisme, convient-il de se concilier le christianisme et l’israélitisme (au point de faire semblant de sombrer dans l’israélisme sur le mode du sionisme dévoyé de la pire droite israélienne) ? Riposte laïque et ses collaboratrices et collaborateurs tombent-il dans ce travers ? Certaines et certains, peut-être. Ce n’est pas sûr. Faut-il, du fait qu’Israël est autant et plus démocratique que la Sarközye actuelle, et que la Palestine du Hamas l’est à peu près autant que l’Albanie d’Enver Hodja, absoudre par avance le colonialisme israélien ?

 

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que l’œcuménisme étendu au dialogue entre toutes les religions dites du Livre (et pourquoi pas, aussi, des autres : mais on ne peut se partager le gâteau à l’infini) conduit à une entente cordiale dont les mêmes sont toujours les victimes, soit ceux et celles qui ne peuvent fréquenter les écoles confessionnelles, celles et ceux qui n’auront pas droit aux pistons des curés, rabbins, imams pour trouver du boulot. Le reste est poudre aux yeux pour détourner la galerie de sa condition. Pour se faire réélire et faire élire le dauphin Jean Sarközy à de toujours plus hautes fonctions, Nicolas Ier arrosera largement toutes les confessions avec l’argent des mêmes contribuables et incitera les protégés de son bouclier fiscal à consentir des dons déductibles du reste de leur modeste imposition. Peut-être poussera-t-il l’« ouverture » jusqu’à concéder un strapontin discret à je ne sais qui de Riposte laïque. N’en préjugeons pas.  Prudence, voire méfiance, cependant.

 

En adoptant des méthodes de parrains mafieux prêts à toutes les trêves, on finit souvent comme eux : éliminés par ceux qui vont rompre l’armistice. N’oublions pas non plus que quand le gâteau se raréfie, les mêmes œcuméniques sont de nouveau prompts à prêcher les guerres saintes, les djihads et autres croisades. Alors que Nicolas Sarközy faisait les doux yeux à Tom Cruise et aux scientologues, qu’on le sentait tout prêt à vanter l’influence bénéfique de la scientologique pour le devenir de la France, voici qu’il a choisi de se concilier les plus farouches anti-sectes des concurrentes prenant trop d’importance : les autres religions révélées ne veulent pas trop d’émules trop voyantes. Ainsi, l’avocat des scientologues avait-il beau jeu, récemment, de déclarer (à l’AFP) : « dans cette affaire, le parquet avait d’abord conclu au non-lieu devant la faiblesse des charges. Finalement, c’est la Cour d’appel qui a décidé d’organiser ce procès. Or, nous assistons à un revirement complet de ce parquet. Ce dossier qui était vide doit maintenant aboutir à une condamnation à mort civile ! Le parquet étant lié au gouvernement, il est évident que ce changement de cap est politique. Le pouvoir veut actuellement ménager les organisations antisectes. ». Bah, encore quelques milliers d’adeptes scientologues de mieux, et le parquet recevra des instructions contraires. Conforter les unes pour se prémunir des autres est jeu plus que dangereux. Pas forcément pour les plus en vue (Léon Blum fut préservé tant par le régime de Pétain que par les nazis ; son frère, moins important, ou estimé moins « utile » ultérieurement, fut assassiné à  Auschwitz). En tout cas, quitte à tirer les marrons du feu, que ce ne soit pas toujours pour les mêmes…