Il suffit d'effectuer quelques recherches sur internet pour constater que l'exégèse scientifique du Coran, établie par le frère Bruno Bonnet-Eymard n'est pas particulièrement diffusée. Peut-être faut-il en trouver la raison du côté de sa congrégation, le CRC, autrement dit, la "Contre Réforme Catholique", menée par l'abbé Georges de Nantes.

Le mouvement est très proche de l'extrême-droite et classé comme étant une secte pas les organismes d' État. Il est aussi dénoncé par le Vatican et fait même l'objet d'un site catholique pour en dénoncer toute la dangerosité. "L'Eglise n'a cessé de condamner ce prêtre dissident, tant pour ses erreurs doctrinales que pour ses "comportements moraux inadmissibles" au sein de sa communauté", affirme le site, continuant plus loin, en disant qu'elle est reprise par "Bruno Bonnet-Eymard et Gérard Cousin, qui entendent bien aller encore plus loin que leur maître…" (J'invite le lecteur que cela intéresse à faire un tour sur le site. En effet le mouvement n'a plus grand chose de catholique. La doctrine religieuse de la CRC en est très éloignée!)

Malgré cela, l'exégèse du frère Bruno mérite réellement l'attention, car elle est sans précédent. Il y avait eu avant lui d'autres savants pour rechercher, dans le texte même du Coran, les racines syriaques qui pouvaient s'y trouver, mais personne encore n'avait encore entamé une traduction telle que la sienne.

 

Pour l'établir de manière véritablement scientifique, il décide de s'en tenir au texte initial du Coran, en éliminant d'abord la Sira, qui ne fut écrite qu'à partir de 150 ans plus tard et qui raconte la vie de Mahomet, mais selon lui, en prenant pour base le texte du Coran lui-même. Cette décision est importante, car le texte s'explique généralement par référence à la Sira, y compris pour les traductions.

De la même façon, la particularité de la langue arabe étant d'être "née" avec le Coran, ou plutôt avec la littérature qui en a suivi, car il n'existe en effet pas de littérature arabe auparavant, il va l'entreprendre à partir du texte initial, rédigé en quelques sortes en "proto-arabe", c'est à dire sans marque diacritique (puisque celles-ci ne viendront que bien plus tard), afin de retrouver le sens des mots par ses racines hébraïques, et araméo-syriaques.

Mettre de côté la Sira lui permet également de réfléchir au monde arabe d'avant le Coran. Décrit comme une terre païenne et polythéiste, l'Arabie de l'époque était selon lui largement judaïsée et christianisée, peuplée d'ariens, ce qui remet en cause les textes traditionnels autour de la naissance de l'islam et de son contexte. En outre, il existe des vestiges ainsi que des écrits anciens dans la région du Yémen et de Syrie, datant de cette époque, qui seraient assez proches de ce qui allait devenir l'arabe et qui seraient, aux dires du frère, des écrits chrétiens.

Tout cela servira de base à sa traduction, mais aussi à définir la personnalité de l'auteur du texte. Le nom de Mohamed signifierait tout simplement "Le bien-aimé" et ne serait en aucune façon un prénom. Selon le frère Bruno, l'auteur serait bien arabe, mais un arabe christianisé, et issu de l'arianisme, qui tente de réconcilier les juifs et les arabes autour d'un nouveau texte. Son éxégèse l'amènera à faire des recoupements historiques allant dans le sens de sa théorie.

A travers cette façon de traduire le Coran, par les langues araméennes et hébraïques, un nouvel aspect du texte apparaît, donnant un sens à des mots coraniques jusqu'alors restés inexpliqués par les traducteurs arabes, comme la fameuse abréviations "ALM". Elle serait issue des abréviations rabbiniques anciennes, et  signifierait "Dieu des délivrances", ce qui semble attester d'une origine chrétienne encore largement mâtinée de judaïsme.

Le frère Bruno, qui écrivait tout cela avant 1997, sera rejoint par la suite. Christoph Luxenberg, philologue allemand, arrive indépendamment à la même conclusion que lui, en affirmant, dans un ouvrage paru en 2000, que "les sources du Coran proviendraient de l'adoption de lectionnaires syriaques destinés à évangéliser l'Arabie (citation de wikipédia)" ce qui est aussi, en gros, la thèse soutenu par le frère. Cela lui permet notamment de retraduire le mot "houri", ces fameuses vierges du paradis, pour trouver en traduction des… "raisins blancs". Selon Christoph Luxenberg, cette nouvelle approche permet de découvrir des sens nouveaux et plus profonds au texte, en se passant des textes tels que la Sira, justement…

Un autre érudit, le père Moussali, considère que l'islam est antérieur au Coran. Il fut l'inspirateur du livre "Le Messie et son prophète". Ce dernier livre, qui semble être le plus aboutit en ce qui concerne l'étude scientifique de l'islam, et qui est plus récent, arrive à la même conclusion que le frère Bruno concernant la Mecque : elle n'existait pas à l'époque de l'auteur du Coran. Ces conclusions s'appuient, comme pour le frère Bruno, en plus des études philologiques, sur des études archéologiques et historiques de la terre où est née le Coran.

Bien sûr l'exégèse du frère Bruno n'est pas sans arrière-pensées… mais son étude est sérieuse. Je ne me hasarderais pas à simplifier maladroitement les propos de frère Bruno Bonnet-Eymard, laissant le loisir au lecteur de visionner la vidéo de sa conférence. Elle est longue : plus de deux heures… A voir en plusieurs fois, si nécessaire.

Je laisse chacun retrouver la trace des livres du frère.

Pour voir la vidéo des conférences en entier : http://ns27074.ovh.net/exegeseflash.php

La première partie en vidéo, possibilité de voir le reste sur dailymotion :

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