C’est surtout en été quand le Liban devient fournaise, que gérer les coupures quotidiennes d’électricité relève du parcours du combattant ! Malheureusement, l’endommagement des infrastructures faisant partie du cortège des misères de toute guerre, les restrictions d’eau et d’électricité au pays du Cèdre subsistent encore et toujours, illustrant le "dynamisme" de l’Etat en la matière ! Et pour contourner la pénible discontinuité de l’approvisionnement en électricité, les Libanais n’ont pas le moins du monde, rechigné à se rabattre sur des systèmes d’appoint assez coûteux que sont les groupes électrogènes individuels. Des simples systèmes d’appoint, ils sont passés à des systèmes plus sophistiqués constitués de véritables réseaux alternatifs : ces derniers sont organisés sur la base de groupes électrogènes de taille importante capables d’alimenter tout un quartier et rendant bien prospère ce commerce mafieux de vente d’électricité reposant sur des principes d’abonnement.
De l’électricité au Liban à plein temps pour Tous !
L’Etat défaillant, dans l’incapacité de démanteler ces réseaux extra-légaux a été acculé de les tolérer participant ainsi indirectement à leur pérennisation, faute d’investir pour la construction de nouvelles centrales ! Toujours au détriment du consommateur car pour bénéficier d’un approvisionnement continu, tout usager dispose chez lui d’un disjoncteur lui permettant de passer d’un mode d’approvisionnement à l’autre. Aussitôt que survient la coupure d’EDL(électricité du Liban), on passe au générateur d’où le règlement de deux abonnements différents à la charge des usagers. Quant aux malheureux qui ne peuvent se payer un générateur, il ne leur reste qu’à broyer du noir en s’armant de patience pendant les interminables pannes quotidiennes. Ni climatiseur, ni frigidaire, ni ascenseur et des enfants qui font leur devoir à la lueur d’une bougie…
Politisé, le projet urgent de réformes du secteur de l’électricité présenté par le ministre de l’énergie, Gebran Bassil appartenant au CPL, donc soutenu par Michel Aoun au lieu de susciter un enthousiasme généralisé a fait l’objet d’une vive polémique sans fin. En effet cette proposition de loi inespérée nécessite le transfert de la coquette somme "de 1,2 milliards de dollars au ministère de l’Energie et de l’Eau pour la construction de centrales électriques capables de produire 700mégawatts." Somme qui devrait être puisée dans les emprunts fournis par les pays arabes et par des pays occidentaux qui accordent des "prêts bonifiés" au Liban. Tout ce tollé autour de cette avancée potentielle des plus élémentaires resurgit systématiquement au moindre pas suggéré par les uns (8 Mars) ou par les autres (14 Mars) fournissant une infime explication à la sordide stagnation dans laquelle s’embourbe le pays !
Et, contre toute attente, cette fameuse proposition de loi vient d’être adoptée par le gouvernement de Nagib Mikati en proie depuis sa formation le 13 juin dernier à d’interminables convulsions. Si ce projet de réformes du secteur de l’electricité est avalisé par le parlement, le Liban pourra désormais rêver pouvoir s’éclairer à tout moment et à des coûts réduits, s’il vous plaît !