L’ambassadeur des Etats-Unis en Belgique, Howard Gutman, a proposé jeudi que la Belgique donne l’exemple en accueillant l’un ou l’autre détenu supplémentaire du centre de détention américain de Guantanamo à Cuba, afin d’aider le président Barack Obama à fermer ce camp.
Diplomatie
"Les pays qui ont déjà accueilli un détenu pourraient s’entendre pour partager ceux qu’il reste à accueillir et en accueillir chacun deux ou trois. De cette façon, Guantanamo pourrait être fermé en trois semaines. Le monde serait moralement, éthiquement et légalement meilleur en travaillant ensemble pour en accueillir juste deux ou trois par pays", a-t-il affirmé lors d’un discours prononcé au Cercle gaulois à Bruxelles.
"Et si la Belgique montrait l’exemple, qui pourrait refuser de se joindre à elle? Quel pays refuserait d’aider à fermer Guantanamo si la Belgique allait de l’avant? Vu la crédibilité de la Belgique, ne la sous-estimez jamais", a ajouté M. Gutman, chiffrant à une cinquantaine le nombre de détenus devant "trouver une terre d’accueil" en dehors des Etats-Unis.
La Belgique n’a à ce jour accueilli qu’un seul ancien détenu de Guantanamo pour aider l’administration Obama à fermer ce centre de détention créé en janvier 2002 par le gouvernement de l’ancien président George W. Bush pour les "combattants ennemis" de la guerre contre le terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001. Il est arrivé en Belgique le 8 octobre dernier et a reçu une nouvelle identité, qui n’a jamais été révélée – pas plus que l’ancienne.
Selon le journal "Le Soir", il s’agit d’un Syrien d’origine kurde de 31 ans, emprisonné durant sept ans et quatre mois à Guantánamo et que le FBI avait considéré par erreur comme l’un des "terroristes les plus recherchés" lors de son arrestation à Kandahar (sud de l’Afghanistan) en janvier 2002. Il a été finalement mis totalement hors cause par une juridiction américaine.
Lors de son entrée en fonctions, le président Obama avait fixé à janvier 2010 la date butoir pour la fermeture du centre de détention. Mais il n’a pu tenir cette promesse en raison des difficultés rencontrées dans le transfèrement des prisonniers.
La nouvelle échéance fixée par son administration est la fin du mandat de M. Obama, en janvier 2013. "Et en dépit du fait que toute l’Europe et les Etats-Unis étaient d’accord sur ce qui devait être fait, un an plus tard, nous avons tous échoué", a reconnu jeudi M. Gutman, qualifiant le camp de Guantanamo de "moralement, éthiquement, et légalement une erreur".
L’administration Obama a annoncé qu’elle entendait libérer 104 des 192 détenus restants, dans leur pays ou dans des pays tiers. Elle prévoit d’en traduire une quarantaine en justice – ceux qui "représentent une réelle menace".
Le président américain a déjà annoncé que les autres, jugés trop dangereux pour être relâchés mais contre lesquels il n’existe pas suffisamment d’éléments à charge, seraient maintenus indéfiniment en détention.