"La démocratie d’Israël n’est qu’une apparence."
Elle s’appelle Emyne. Elle a 4 enfants. Elle est juive israélienne. Elle vit dans un immeuble public d’un quartier pauvre du sud de Tel-Aviv (anciennement JAFFA). L’escalier qui mène à son appartement a carrément des trous et il faut les enjamber pour continuer. Elle a demandé de nombreuses fois à ce que cela soit réparé pour la sécurité de ses enfants et celle des enfants des voisins juifs et palestiniens.
Actuellement, 800 familles juives et palestiniennes vont être expulsées de ces quartiers par les compagnies qui gèrent ces « HLM ». Ce sont des résidents pauvres et leur niveau de revenus ne leur permettra pas de se reloger facilement. Ils risquent de devenir des SDF. Lorsque l’on demande à Emyne, dont les murs de l’appartement sont couverts de drapeaux israéliens, pourquoi sont-ils expulsés, sa réponse est : on ne sait pas.
Mais pour l’œil étranger, il est facile de comprendre pourquoi. Ces immeubles aux portes bâillantes sont faites de bois original ancien. Les toitures effondrées fuient l’hiver, mais les plafonds sont hauts, décorés, élégants. Les murs sont humides mais les fenêtres sont en ogives, typiques de l’architecture arabe. Une fois réparés, ces immeubles feront des lofts luxueux et chers. On imagine déjà les publicités pour attirer les nouveaux résidents :
« cœur historique de Yafo, un lieu qui a gardé l’écho des vendeurs d’épices, le parfum des plantation d’orangers……. ».
En 1948, 700,000 palestiniens ont été expulsés de chez eux. Les villages et maisons ont été détruites. Et les places qui n’ont pas été détruites ont été « hébraïsées ». Jaffa par exemple a été renommée Yafo. Salame est devenue Kfar Shalem. Ces lieux ont été redistribués à des juifs pauvres, la plupart venant de pays tels que la Turquie ou l’Irak ou le Yémen. Ils sont nés et ont été élevés là et vivent avec les Palestiniens et subissent ensemble l’embourgeoisement de leurs quartiers, à leur détriment. Une pression supplémentaire est faite par les colons qui cherchent à s’installer également dans ces quartiers et qui en menacent la paix en s’attaquant aux palestiniens et aux juifs comme la famille d’Emine qui n’ose plus laisser sortir ses enfants. Ils sont traités « d’ordures juives » par les enfants de colons.
Les dangers d’expulsion qui menacent ces familles juives et palestiniennes font qu’elles se retrouvent à manifester côte à côte pour leur droit au logement et leur lutte contre la pauvreté. Elles sont rejointes par des résidents de villes ou quartiers proches qui se sentent également menacés d’expulsion de leurs habitations ou terrains, pour certains sites historiques ou emplacements à vues priviliégiées.
Une prise de conscience se fait petit à petit qui est soutenue par de nouveaux activistes : Les gens se réveillent. Il se peut qu’ils aient encore une certaine idéologie, sioniste, mais en même temps ils s’aperçoivent qu’on les a trompés souvent notamment l’État et le ministère du logement, et ils réalisent également qu’ils sont dans le même bateau que les Palestiniens. Et nombre d’entre eux voteront différemment et à gauche la prochaine fois. Certains disent : La démocratie en Israël n’est qu’une apparence. Elle existe pour ceux qui ont de l’argent dans leur porte-monnaie.
Entretemps, les familles seront expulsées et de nouveaux immeubles d’appartements luxueux auront été réalisés et des terrains libérés par les autorités israéliennes sur des collines face à la mer comme Ajime seront vendus au plus offrants.
Jaffa, l’une des plus anciennes villes du monde, était aussi l’une des villes les plus prospères et les plus peuplées de Palestine. Avec ses orangeraies déployées à perte de vue, elle fournissait du travail, depuis la cueillette du fruit jusqu’à sa préparation pour l’exportation, non seulement aux Palestiniens mais à des ouvriers venus d’Égypte, de Syrie, du Liban.
En 1948, plus de 4 000 bombes tombent sur Jaffa. Sur les 85 000 Arabes qui y vivaient, il ne va plus en rester que 3 000. Le gouvernement israélien confisque les orangeraies et s’approprie l’orange de Jaffa, qui est devenue le symbole des produits de la colonisation.
Intéressant le point de vue développé dans votre article. Où l’on voit que la pauvreté n’a pas de nationalité et que l’oppression frappe les plus démunis.