C’est une étrange manifestation qui s’est déroulée ces derniers jours à La Havane, une trentaine de femmes vêtues de blanc, portant une fleur et, pour certaines la photo d’un parent, ont envahi les rues du centre de la capitale cubaine au cri de « liberté ».

Ces dames sont toute épouse, sœur ou mère d’un des 75 dissidents arrêtés en mars 2003 – principalement des journalistes et des écrivains – qui ont été condamnés après avoir été jugés selon une procédure sommaire à de lourdes peines de prison pour « trahison de la patrie » et « collaboration avec une puissance étrangère »… mais que la communauté internationale considère comme des prisonniers politiques coupables uniquement d’avoir exprimé à voix haute des opinions contraires à celles du régime.

Hélas, ces dames qui manifestaient dignement se sont vues arrêtées par des agents qui les ont évacuées avec une certaine rudesse, les obligeant à monter dans des autobus qui les emmenèrent plus loin.

« C’est un véritable enlèvement », a crié Reyna Tamayo, mère d’Orlando Zapata, ce prisonnier qui s’est laissé mourir de faim le mois passé.

La communauté internationale s’est émue de la violence utilisée par les forces de l’ordre pour disperser cette manifestation de quelques dizaines de femmes armées de fleurs. Accusation à laquelle les autorités cubaines ont répondu que ces femmes n’étaient que des mercenaires au service des États-Unis, qu’il n’y avait aucun prisonnier politique à Cuba, et qu’elles avaient été traitées avec le respect qu’elles méritaient !

Mais les dames en blanc ne se sont pas laissé décourager puisque, le lendemain, elles reprenaient leur manifestation et étaient plus de 50. Si elles étaient encadrées par les forces de l’ordre, cette fois les agents n’ont rien fait pour les arrêter. Les pressions internationales auraient-elles enfin un effet positif sur le régime sclérosé des frères Castro ?

Car une chose est certaine, ce régime qui applique les mêmes méthodes depuis plus d’un demi-siècle, soi-disant pour assurer le bonheur de son peuple, refuse toujours les critiques et considère comme ennemis tous ceux qui pensent autrement, alors que l’on sait depuis longtemps que c’est dans le débat que naissent souvent les meilleures idées.

Replié sur lui-même comme le vestige d’une révolution moribonde, le régime cubain vit probablement ses dernières années, car il est peu probablement qu’il survive à ses derniers dirigeants.

En attendant, on estime à 100.000 le nombre de Cubains ayant connu depuis 1959 les camps et les prisons uniquement en raison de leurs opinions. De 15 à 17.000 de ces « opposants » auraient été fusillés !

Cette attitude intransigeante du régime fait que, selon Amnesty International, Cuba est un des pays les plus mal classés en ce qui concerne la liberté de presse et d’expression. D’ailleurs, selon le classement effectué en 2009 par Reporters sans frontières qui mesure le degré de liberté de la presse dans 175 pays, Cuba se situerait à la 170e place.