par Amid Faljaoui

 

L’actualité vient encore de le démontrer, vivre au nord ou au sud de cette planète n’a décidément pas les mêmes conséquences. Le Nord est surtout frappé par la crise financière, tandis que le Sud est touché par la crise du pain et du riz. Chacun sa crise, pourraient dire certains. Oui, sauf que les conséquences ne sont pas les mêmes – et encore, je ne parle pas de l’aspect moral de cette crise des ventres creux qui touche une quarantaine de pays du Sud.

La première différence, c’est que, pour la crise financière, toutes les banques centrales du monde se sont accordées pour injecter des liquidités dans le système financier et éviter ainsi une crise trop grave. Le gouvernement anglais, par exemple, n’a pas hésité à nationaliser une banque pour protéger l’épargne de ces citoyens.

Pour le Sud, c’est vrai, la Banque mondiale a débloqué des fonds d’urgence. Oui, tout cela est vrai… sauf que c’est la même Banque mondiale qui est en partie à l’origine des émeutes de la faim de ces derniers jours. Comment ? Tout simplement parce que les dirigeants de cette banque disaient aux pays africains qu’ils s’alimenteraient nettement moins cher sur les marchés occidentaux qu’en produisant eux-mêmes. Et la Banque mondiale a joint le geste à la parole, puisqu’elle a refusé de financer des projets de développement agricole.

Le discours pouvait tenir la route hier encore, car les prix mondiaux des céréales étaient si bas que l’agriculture locale n’avait aucune chance d’être compétitive. Aujourd’hui, à cause de l’augmentation de la demande mondiale (notamment chinoise et indienne), cette agriculture locale redevient compétitive en terme de prix. A ceci près qu’entre-temps, cette petite agriculture a quasiment disparu et qu’il faudra du temps pour la remettre en route. C’est ainsi que l’on arrive à la deuxième différence entre le Nord et le Sud.

Au nord, la crise financière est déjà sous contrôle et devrait être purgée en fin d’année selon l’avis des experts. En Afrique, les investissements agricoles nécessaires mettront sans doute quatre ou cinq ans avant de voir leurs premiers effets. Autrement dit, à un moment où personne ne peut prédire quels seront les prix sur les marchés mondiaux. Et comme, en plus, ces investissements doivent se faire dans des pays instables et dont les politiques sont souvent corrompus, il est – hélas – évident que le salut ne viendra pas des investisseurs occidentaux.

trend.be – avril 2008

Le rôle coupable du capitalisme sauvage dans cette crise 

par Amid Faljaoui

 

L’actualité vient encore de le démontrer, vivre au nord ou au sud de cette planète n’a décidément pas les mêmes conséquences. Le Nord est surtout frappé par la crise financière, tandis que le Sud est touché par la crise du pain et du riz. Chacun sa crise, pourraient dire certains. Oui, sauf que les conséquences ne sont pas les mêmes – et encore, je ne parle pas de l’aspect moral de cette crise des ventres creux qui touche une quarantaine de pays du Sud.

La première différence, c’est que, pour la crise financière, toutes les banques centrales du monde se sont accordées pour injecter des liquidités dans le système financier et éviter ainsi une crise trop grave. Le gouvernement anglais, par exemple, n’a pas hésité à nationaliser une banque pour protéger l’épargne de ces citoyens.

Pour le Sud, c’est vrai, la Banque mondiale a débloqué des fonds d’urgence. Oui, tout cela est vrai… sauf que c’est la même Banque mondiale qui est en partie à l’origine des émeutes de la faim de ces derniers jours. Comment ? Tout simplement parce que les dirigeants de cette banque disaient aux pays africains qu’ils s’alimenteraient nettement moins cher sur les marchés occidentaux qu’en produisant eux-mêmes. Et la Banque mondiale a joint le geste à la parole, puisqu’elle a refusé de financer des projets de développement agricole.

Le discours pouvait tenir la route hier encore, car les prix mondiaux des céréales étaient si bas que l’agriculture locale n’avait aucune chance d’être compétitive. Aujourd’hui, à cause de l’augmentation de la demande mondiale (notamment chinoise et indienne), cette agriculture locale redevient compétitive en terme de prix. A ceci près qu’entre-temps, cette petite agriculture a quasiment disparu et qu’il faudra du temps pour la remettre en route. C’est ainsi que l’on arrive à la deuxième différence entre le Nord et le Sud.

Au nord, la crise financière est déjà sous contrôle et devrait être purgée en fin d’année selon l’avis des experts. En Afrique, les investissements agricoles nécessaires mettront sans doute quatre ou cinq ans avant de voir leurs premiers effets. Autrement dit, à un moment où personne ne peut prédire quels seront les prix sur les marchés mondiaux. Et comme, en plus, ces investissements doivent se faire dans des pays instables et dont les politiques sont souvent corrompus, il est – hélas – évident que le salut ne viendra pas des investisseurs occidentaux.

trend.be – avril 2008

Le rôle coupable du capitalisme sauvage dans cette crise 

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