On en a malheureusement peu parlé, mais les effets désastreux de la crise financière qui s’est abattue sur l’Europe de 2007 à 2009, et notamment sur l’Irlande et la Grèce qui ont subi le plus gros du choc, ont entraîné une vague brutale de suicides (13% pour l’Irlande et 17% pour la Grèce). Paradoxalement, le taux de morts par accidents de la route a baissé, tout simplement parce le chômage a entraîné une moindre utilisation de la voiture !
Derrière la crise et les pertes financières qu’entraîne l’effondrement du système, se profile déjà une crise humaine. Car sans parler de suicides, on peut craindre les effets de cette crise en termes de dépressions et de désespoir. On sait qu’une personne qui reste sans emploi pendant une longue durée et marquée durablement dans sa capacité à se projeter dans l’avenir et à le construire.
Les appels à des mesures de restriction budgétaire draconienne annoncent un cortège de souffrances humaines. Il est simple et facile d’invoquer la nécessité de réduire les budgets publics, ainsi que le non remplacement de fonctionnaires, enseignants, soignants, policiers, mais qui prendra alors la responsabilité d’assumer le déficit d’enseignement pourtant nécessaire à la reconstruction économique du pays, la perte de qualité de soins ou l’abandon de zones entières à la délinquance et la hausse vertigineuse de l’incivilité sous toutes ces formes ?? L’œil rivé sur les calculs, l’expert, l’économiste ou le politique qui se réfugie derrière leur « arithmétique du chaos » ne doivent pas perdre de vue qu’ils sont aussi responsables des incidences sociales de leurs actions.
A ne pas vouloir remettre en question un système qui montrait, depuis déjà longtemps, de dangereuses failles sous prétexte de s’en tenir à une « orthodoxie économique » partagée par toute la classe politique et dirigeante, ceux-ci ont déjà gravement engagés leur responsabilité. IL ne faudrait pas que, maintenant, persistant dans leur politique à court terme, il continue à considérer que les droits continuent d’être pour les mêmes et les devoirs, uniquement pour le peuple.
Lier l’état de mélancolie (forme la plus grave de la dépression) à l’escroquerie financière planétaire dont nous sommes les victimes (pas toutes innocentes hélas: les petits porteurs ne peuvent être totalement absous) va de soit et l’on peut s’étonner du peu d’échos que ce point de vue suscite.
La finance n’aurait jamais du sortir de son rôle initial d’instrument et certainement pas se transformer en veau d’or.