L’automne est là, pour sûr. Il fait un bon froid sec mais en ce samedi le soleil brille généreusement sur notre région et ma proposition d’une balade « en ville » avec détour par le square enchante les enfants…et moi-même qui vais peut-être enfin pouvoir terminer le livre emprunté à la bibliothèque depuis déjà trop longtemps.

On a flâné dans les rues piétonnes et fait un arrêt dans une boulangerie pour aller goûter au calme. Sauf qu’en ce premier week-end de vacances, je ne suis visiblement pas la seule à avoir eue cette idée que je trouve finalement de moins en moins lumineuse au fur et à mesure que l’on pénètre dans la jungle infantile.

Qui n’est jamais allé au square un après-midi ne peut pas comprendre. Une marmaille qui crie, saute et joue à celui qui sera le plus fort…moyen, moyen. Ca s’apparente plutôt à une ménagerie dont on aurait soudain ouvert la porte. Un véritable lâcher de fauves.

Beaucoup de mamans – un peu trop à mon goût- avec bébé en bandoulière qui semblent anormalement bruyants. Il est bientôt seize heures, l’heure fatidique de la pitance et visiblement ils semblent s’être donné le mot. Ou plutôt le braillement. Collectif, presque synchro.

Une horreur ; je regrettais déjà mon idée de génie !

Mais je n’avais encore rien vu.

Comme un seul homme (!) toutes les mamans « propriétaires » d’enfants édentés se sont mises à nu…au sens propre.

HORREUR !!!Couvrez ce sein que je ne saurais voir (Par de pareils objets les âmes sont blessées et cela fait venir de coupables pensées. Tartuffe, acte III, scène II, vers 860-862)

En y regardant de plus prés, elles étaient toutes vêtues de blanc. La pureté, l’enfant et la mère nourricière. Le tableau était parfait.

Il paraît que du 16 au 23 octobre c’était la semaine mondiale de l’allaitement maternel. Je suis passée à côté de l’info, mais visiblement celle-ci m’a rattrapée. Brutalement, sans crier gare par un samedi ensoleillé dans une ville française de 30 000 habitants dans un endroit dédié aux enfants, situé au cœur de la ville.

Un besoin soudain de se montrer dans cette relation si intime et si particulière à chaque mère. Un moment unique, une osmose indescriptible et tellement personnelle.

Il s’agissait d’une mobilisation éclair, un flash mob dont le but était de rassembler des personnes en ce lieu pour y effectuer leur action, convenue à l’’avance. Sauf que dans un flash mob, les protagonistes sont censés se disperser rapidement…

Là, le but était d’expliquer les bienfaits de l’allaitement.

Je n’approuve pas ce genre de « démonstration » mais pourquoi pas. J’évite d’être fondamentalement pour ou contre une idée, un courant de pensées ou un état d’esprit, tant que cela ne va pas à l’encontre de certaines de mes valeurs.

 

Personne ne demande d’être pour ou contre l’allaitement, c’est à chacune de décider et tout le monde doit respecter ce choix. ..Un certain nombre de femmes ne souhaitent pas allaiter, c’est leur choix, ça ne se discute pas et il n’est pas question d’obliger ou de forcer qui que ce soit (Aurélie SERRY-Présidente de la Coordination Française pour l’Allaitement Maternel).

Cool ! Les femmes au pouvoir, les femmes au pouvoir !

Médicalement, le non-allaitement est maintenant reconnu comme étant un facteur de risque de moins bonne santé pour l’enfant et pour sa mère.

Les études confirment que les bébés allaités sont en meilleure santé, avec pour corollaire l’observation d’un moindre absentéisme au travail de leurs parents. Ceci est intéressant pour les employeurs mais aussi pour notre Sécurité Sociale. Si nous en tenions  davantage compte, les femmes, les couples seraient mieux informés et mieux soutenus donc plus nombreux à choisir l’allaitement. Ils n’auraient plus à composer avec une société ambivalente qui semble les encourager en théorie mais ne les soutient pas suffisamment en pratique (Aurélie SERRY-Présidente de la Coordination Française pour l’Allaitement Maternel).

Souvent femme varie. Bien fol qui s’y fie !

 

On ne fait pas dans le détail. Alors allons-y, n’ayons pas peur des mots et ouvrons le débat.

Pourquoi des femmes refusent d’allaiter en sachant sciemment qu’elles prennent un risque pour leur santé et pour celle de leur enfant ?

Un non-allaitement est synonyme d’absentéisme (ben oui, bébé est plus souvent malade…) alors pourquoi certaines femmes acceptent-elles de se mettre professionnellement en danger ?

Bravo mesdames à cause de votre non-allaitement vous creusez le trou de la Sécurité Sociale…que dirait votre employeur si il savait ?!

Mais soyons bien conscients que la majorité des femmes qui n’allaitent pas ont manqué d’information, du soutien des proches, du savoir faire d’un professionnel et qu’à cause de cela, leur projet n’a pu aboutir (Aurélie SERRY-Présidente de la Coordination Française pour l’Allaitement Maternel).

Ouf ! Les mères ne sont pas complètement fautives. Oui mais quand même, si elles avaient su…

Des mères racontent qu’elles sont obligées de tirer leur lait dans les toilettes de l’entreprise. Est-ce acceptable de ne pas pouvoir le faire dans un lieu plus digne ? (Aurélie SERRY-Présidente de la Coordination Française pour l’Allaitement Maternel).

Ben c’est vrai ça, il existe bien des cabines spécialement conçues pour les fumeurs.

Pourquoi pas des espaces « Ici on tire son lait »

 

Faut-il attendre que les hommes allaitent pour que la société comprenne que le sujet est sérieux, qu’une femme qui allaite a sa place dans le monde du travail, au même titre que tous les autres travailleurs ? 

Alors demandons- nous quel  est le véritable ennemi des femmes qui travaillent ? L’allaitement qui ruinerait leurs carrières  en les renvoyant aux fourneaux, ou plutôt ceux qui refusent d’adapter le monde du travail aux spécificités féminines ? (Aurélie SERRY-Présidente de la Coordination Française pour l’Allaitement Maternel).

Je vote pour. Je travaille avec mon enfant au sein. Je suis une femme-mère, j’assume et j’assure !

 

Surtout, cessons d’opposer les femmes les unes contre les autres et aménageons ensemble  une place plus confortable à la grossesse et à l’allaitement afin de préserver autant la vie professionnelle des femmes que leur épanouissement personnel.

Oh oui, mettons-nous à rêver d’un monde où une femme pourra VRAIMENT concilier sa vie de femme et sa vie de mère.

 

Mais certainement pas en mélangeant les deux. Nous valons mieux que « le mélange des genres ».