Vous ne le savez peut-être pas : en début d’année, une girafe nommée Zarafa est entrée dans la ville de Marseille…

Vous le savez sûrement : l’équipe de l’Olympique de Marseille a remporté la Coupe d’Europe il y a quelques jours….

Vous l’imaginez sûrement : les marseillais ont envahi les rues de la ville pour fêter dignement la victoire de leur équipe…

C’est bien, c’est super !

Mais mon « coup de gueule » n’est pas là !

Vous ne le savez peut-être pas : en début d’année, une girafe nommée Zarafa est entrée dans la ville…

Cette girafe, du haut de ses six mètres, entièrement constituée de milliers de livres de poche soigneusement choisis pour leur titre ou leur couverture, assemblés autour d’une ossature, la tête dans les branches d’un platane, s’est installée à Marseille, à l’occasion des « bouquinades », une fête de quartier dédiée au livre.

Belle initiative culturelle et artistique de l’Art Book Collectif et du sculpteur Jean-Michel Rubio. Le but étant d’installer des sculptures dans lesquelles il est possible de déposer un livre, en prendre un et donc de faire circuler l’écriture. Ces sculptures sont installées dans des lieux publics.

Suite à la victoire de l’OM, donc, des milliers de supporters sont descendus dans la rue ! Et cela s’est terminé par la disparition en fumée de la girafe ! Et oui, quelques petits malins, que j’ai ma foi très envie de traiter de stupides et d’incultes, n’ont rien trouvé de mieux à faire que d’y mettre le feu !!

Quelqu’un peut-il m’expliquer l’intérêt d’un tel geste, le rapport avec la fête qui célébrait la victoire de l’équipe, l’intérêt pour les jeunes et le quartier ?

De plus, la girafe n’avait pas été élue au hasard ! En effet, Zarafa, fut la  « Première girafe de France  » offerte en 1825 au roi de France, Charles X, par le pacha d’Égypte. Celui-ci avait fait capturer deux girafes au Nord-Soudan. On leur fit descendre le Nil. À Alexandrie, il fut décidé, pour ne pas faire de jaloux, d’en offrir une à chacune des deux principales puissances coloniales en Afrique : l’Angleterre et la France.

La girafe française embarqua pour Marseille, où elle parvint à l’automne de 1826. Elle fut alors prise en charge par Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, naturaliste savant du Jardin des Plantes, qui eut la mission de la ramener, au pas, dans ce sanctuaire parisien de la Science. Son voyage eut un retentissement considérable à l’époque : elle était attendue partout par des foules immenses. Charles X, à qui elle était personnellement offerte,  se plaignit d’être pour ainsidire le dernier des Français à la voir. C’était la première girafe à visiter l’Europe du Nord. Elle vécut tranquillement dix-sept années à Paris, mourut, fut naturalisée, et se fit oublier, pour ressurgir de temps à autres, sous forme de légendes souvent invraisemblables.

Ce qui a donc été incendié samedi dans la gloire de l’OM, ce n’est donc pas qu’« une » girafe mais une partie de l’histoire de la ville de Marseille, une partie de l’Histoire humaine tout court !!

Je finirai par cette pensée : « lorsqu’on brûle des livres, c’est à l’humanité tout entière qu’on attente »