« En vertu du droit régalien qu’à tout peuple de disposer de lui-même, je proclame en ce jour béni de Dieu du 7 août 1960 l’indépendance de la cote d’ivoire. »
Quel ivoirien ne se souvient de cette mythique phrase de son excellence feu Félix Houphouët Boigny, premier président de la république de cote d’ivoire. 51 ans plus tard, après le retour au bercail des tirailleurs sénégalais, en regardant en arrière, c’est avec les larmes aux yeux qu’on voit médusé et impuissant les lambeaux de la nation ivoirienne. Une nation décapitée par ses fils qui se battent pour servir des intérêts qui les dépassent. Dans deux jours, c’est-à-dire le 7 août 2011, la cote d’ivoire va célébrer le 51e anniversaire de son ascension à la souveraineté, et plus de 3000 personnes ne pourront pas répondre présents. Elles ont trouvé la mort dans la crise post-électoral qui a secoué le pays durant quatre mois. 2 millions d’autre ivoiriens sont réfugiés où déplacés loin de chez eux. La société fortement clanisée et tribalisée par les hommes politiques durant ses 20 dernières tente de se donner de la consistance au milieu des haines de toutes sortes. Deux catégories d’ivoiriens se tournent désormais le dos de peur de se regarder dans les yeux rendus farouches par deux volontés opposés :
Les pro-Gbagbo aux velléités indépendantistes, et les pro-Ouattara qui caressent leur petite stabilité entretenue par les humeurs de la France. L’économie est à plat, l’école à la croisée des chemins. Tous les étudiants du pays sont déscolarisés. L’insécurité va grandissant et les chiens de guerre qui ont porté le nouveau président au pouvoir font la loi en tout libertinage. La justice n’existe plus, la plus grande prison a été vidée de ses pensionnaires aux premières heures de la crise. Bref, marcher dans les rues d’Abidjan, c’est porter sur sa tête son propre cercueil. Et quand miracle, vous rentrer le soir à la maison, serez femme et enfants dans vos bras, puis joignez mais et pieds pour rendre gloire à l’éternel des armées.
La liste de fléaux qui mine le pays n’est pas exhaustive, et ce n’est rien à coté des réalités occultées ici afin de ne pas heurter la sensibilité des lecteurs. C’est dans cette atmosphère délétère que les ivoiriens vont célébrer la fête de l’indépendance de leur pays. Situation oblige, il faut sacrifier à ce rituel. C’est une tradition et c’est surtout vital pour la cohésion sociale en péril. Il faut rendre hommage aux pionniers qui se sont battus pour rendre possible ce rêve de la disposition de soi. Même si la conception de notre liberté par la métropole reste toujours floue. Il faut célébrer le 7 août dans la douleur et la tristesse comme, ironie du sort, la France a célébré le 14 juillet dans les mêmes circonstances.
Tôt ce matin, un bus bondé de monde s’est éjecté du haut d’un pont pour se retrouver dans la lagune en pleine capitale, tuant plus de 200 personnes. Mais il faut fêter, aussi triste que sera cette fête.
Oui, on peut se demander ce que veut dire indépendance! Quelle indépendance? Qu’ont-ils fait de leur indépendance?
Ce peuple méritait-il cela?
Drôle de fête!