Quatre jours après l’annonce puis la démentie de la reddition de Laurent Gbagbo, il nous faut aujourd’hui nous poser la question de savoir pourquoi les journaux occidentaux se sont empressés de porter cette nouvelle sur le devant de la scène alors même qu’aucun accord n’avait été trouvé avec l’intéressé en vue d’un cessez le feu et une capitulation totale du grand homme d’Abidjan.
Tout d’abord une chose est certaine, Laurent Gbagbo finira par tomber car c’est la crédibilité française qui est en jeu en Côte d’Ivoire et ça Nicholas Sarkozy semble l’avoir compris. Lui qui a fait porter le nombre de soldats de La mission Licorne à 1700 soldats est convaincu que laisser Gbagbo rester au pouvoir est un aveu de défaite, d’incapacité voire du recul de la diplomatie française et sa main mise sur l’Afrique Noire. Paris a été le premier à reconnaitre Alassane Ouattara vainqueur et entend se donner les moyens de déloger, Gbagbo, l’usurpateur du pouvoir. Donc cette précipitation ne pouvait être que la certitude des Nations Unis et de Bercy de voir tomber le jour du 5 Avril le Boulanger d’Abidjan qui s’était vu abandonner par un cadre (non des moindres) et un pilier de son régime, le chef d’état major des armées, le général Philippe Mangou. Mais c’était sans compter sur l’opiniâtreté de Laurent Gbagbo qui ne l’entend pas de cette oreille. Même s’il avoue ne pas être un kamikaze, il veut s’il faut aller directement à La Haye sans passer par la reconnaissance de la victoire d’Alassane Ouattara comme l’avait voulu Paris. L’annonce de la reddition par la presse est immédiatement contredite par la présidence de la République de Côte d’Ivoire de M. Ouattara, car s’il faut le rappeler il y’a toujours deux présidents en Côte d’Ivoire, qui dit ne pas en être informée. Gbagbo et les siens ne se reconnaissent ni dans les déclarations de Mangou, ni dans les affirmations de Alcide Djédjé. « Gbagbo ne démissionnera pas », déclare l’ex-ancien nouveau porte-parole personnel attitré de Gbagbo en France, Alain Toussaint. Sa réconciliation, c`est du pipeau. Ouattara n`est pas fondé à lancer un appel à la réconciliation. C`est un imposteur », a-t-il ajouté lors d`une conférence de presse.
L’autre raison serait surement de dissuader les partisans de Gbagbo, leur dire que la guerre est terminée et qu’il vaudrait mieux déposer les armes. Peut-être que cette information n’est pas arrivée aux oreilles des milices et des forces loyalistes de Gbagbo. Ils continuent bec et ongles de protéger l’homme fort contre l’oppresseur blanc qui est l’ONU et la France car le combat est devenu idéologique et Gbagbo est selon un libérateur, un digne fils de l’Afrique. Elles ont beau être assiégées par les troupes pro-Ouattara, les forces de Laurent Gbagbo sont parvenues à conforter leurs fiefs voire à gagner du terrain à Abidjan.
Les soldats français ont même été la cible la nuit dernière de tirs alors qu’ils tentaient d’aider des diplomates. Ils y ont renoncé mais ont détruit un blindé des troupes pro-Gbagbo selon Paris.
Si l’ONG Human Rights Watch a affirmé ce samedi détenir de nouvelles preuves d’atrocités commises dans l’ouest aussi bien par les troupes pro-Ouattara que par les forces pro-Gbagbo, rien ne nous garantit que même après la capitulation de Gbagbo que le calme et la paix règneraient à nouveau autant à Abidjan que dans les autres régions de la Côte d’Ivoire.