En Afrique, les canons de la beauté se sont fortement occidentalisés, à telle enseigne que la belle femme africaine n’est plus la femme ronde, en chaire et forme de guitare appelée communément  « Awoulaba ». Les critères de beauté font plutôt la part belle à la femme chétive qui se prive de nourriture pour garder sa ligne, au mépris des considérations profondes qui ont toujours guidé nos sociétés. Pourtant, dans la plupart des mythologies africaines comme en Mauritanie, les femmes obèses sont particulièrement prisées par les hommes. La rondeur est une condition sine qua non pour la femme d’avoir un mari. Pour cela, très tot, les fillettes sont soumises par leurs mères à des régimes alimentaires gras qui leur permettront d’être bien en chaire et donc d’être appréciées par les hommes. Ces régimes sont si rigides qu’ils sont accompagnés de punitions voire de tortures. Dans le Sud de la cote d’ivoire, l’accouchement de la femme est toujours suivi d’une cérémonie de réjouissance par laquelle la communauté entière souhaite la bienvenue au nouveau né. L’un des préparatifs de la cérémonie consiste à garder la nourrice dans une chambre close pendant deux à trois mois et à lui donner de la nourriture grasse jusqu’à ce qu’elle soit bien en chaire, avant de paraître au grand jour. La voir sous cette forme ronde traduit à tous l’opulence de son mari et le bonheur dont elle jouit. Ces valeurs traditionnelles ont été entretenues durant des siècles jusqu’à ce que les mœurs de l’Afrique soient désacralisées par les canons de l’occident, avec pour effet collatéral la marginalisation des personnes obèses.  C’est pour stigmatiser cet état de fait qui frise ce qu’il convient d’appeler l’obésiphobie, qu’un groupe d’artistes comédiens ivoiriens, tous bien en chaire ont décidé de monter au créneau. Dans un concept dansant au rythme du « coupé décalé » baptisé « sans complexe », ils interpellent la société sur une crise silencieuse tout aussi grave que celle qui affecte l’économie mondiale. « Les bouffes chics »- c’est le nom du groupe- dénoncent entre autre le regard réprobateur de la société sur les personnes corpulentes, le laxisme des décideurs publiques face à au drame de leur relégation au second plan comme si elles étaient des « intouchables ». Ils s’insurgent surtout en faux contre ceux qui pensent que c’est par négligence et par inconséquence envers eux-mêmes que ces gens sont en surpoids, car le plus souvent, on les prend pour des gloutons qui ne vivent que pour s’empiffrer de nourriture. Pour les « bouffes chics », la plus part des personnes en chaire naissent ainsi, et contrairement à ce que l’imagerie populaire s’est figée, se priver de nourriture n’est pas une panacée au problème de surpoids parce que l’organisme n’est pas conçu pour éliminer la graisse, mais plutôt pour la stoker au besoin du métabolisme biologique. On peut dont maigrir par déshydratation en se privant de nourriture, mais dès qu’on recommence à manger, le corps rattrape tout ce qu’il a perdu et le problème demeure. Loin d’eux cependant toute velléité d’encourager les personnes en chaire à ignorer le facteur santé qui est beaucoup lié au contrôle de la masse corporelle. C’est ce message que les « bouffes chics » veulent faire passer dans leur single sorti officiellement le 3 Décembre dernier lors d’un cocktail  dans un grand restaurant de la capital abidjanaise. Les mélomanes ivoiriens s’arrachent déjà le single qui promet de faire mouche en cette fin d’année.