Ils sont très nombreux, ces spécialistes qui au lendemain de la chute du régime de Laurent Gbagbo prédisaient dès cet instant un nettoyage en interne dans le camp de Alassane Ouattara. Et le cas plus sérieux était sans aucun doute celui du jeune général auto – proclamé Ibrahim Coulibaly, le patron du commando invisible d’Abobo, un quartier d’Abidjan.
La nouvelle est enfin tombée hier soir sur les antennes de la TCI, que le général IB a été tué dans des combats qui ont opposé ses hommes aux FRCI (forces républicaines de Côte d’Ivoire) fidèles au régime actuel. L’offensive était dirigée par le commandant Watao, l’un des plus hauts responsables des FRCI. La chute de ce jeune ancien putschiste professionnel vient donc taire les rivalités qui l’ont longtemps opposé à son ancien compagnon d’arme Guillaume Soro, l’actuel premier ministre et ministre de la défense de Ouattara.
C’est en 1964 que vit le jour Ibrahim Coulibaly dans la région Nord de la Côte d’ivoire ; jeune soldat « ambitieux », il va en 1999 jouer un rôle déterminant dans le premier coup d’Etat de la Côte d’ivoire qui portera le général Robert Guei au pouvoir. Il sera par la suite après l’arrivé de Gbagbo au pouvoir en l’an 2000 cité dans de nombreuses tentatives de coups d’Etat. C’est en 2002, dans les forces nouvelles, avec son désormais ancien « ami » Guillaume Soro depuis le Burkina, que le sergent I.B planifie le coup d’Etat manqué contre Laurent Gbagbo. L’opération ayant mal tourné, il s’en suit des querelles intestines au sein des Forces Nouvelles ; I.B est alors évincé de la tête des F.N au profit de Soro qui jusqu’ici ne s’occupait que de l’aile politique de la chose. Les relations entre les deux hommes vont alors se détériorées considérablement. Cela va davantage s’amplifier avec la nomination de Guillaume Soro au poste de premier ministre de transition par Laurent Gbagbo.
Après plusieurs années d’exil en France, au Benin et au Ghana, le général IB a profité du désordre pour retourner au pays en janvier dernier, en vu de soutenir lui aussi leur patron Ouattara à prendre sa « chose » aux griffes de Laurent Gbagbo. C’est ainsi qu’il jouera aussi tant bien que mal avec son commando invisible un rôle non négligeable dans la chute de Gbagbo. Malheureusement, son travail s’avérera insuffisant aux yeux du président « reconnu par la communauté internationale » ; rien ne lui sera proposé comme récompense. Face à son refus de déposer sans condition les armes, les FRCI ont alors décidé hier de le mettre hors d’état de nuire, en dépit de sa contribution.
Après le décès de IB, plusieurs questions surgissent, au premier rang desquelles celles de savoir que deviendra ses hommes et surtout, on se demande si le régime de Ouattara ne serait – il pas déjà lui aussi en train de prendre la voie d’une véritable dérive dictatoriale ? Surtout quand on sait que celui –ci parle depuis quelques jours d’une commission vérité et réconciliation nationale. Paradoxe !