On ne soupçonne un mal que lorsqu’on est capable de le commettre, et surtout qu’on mesure à leur juste hauteur ses conséquences.  

En se mettant en aval des rumeurs de coup d’état en préparation qui courent, véhiculés par la presse proche du pouvoir depuis une semaine, on en arrive à ce constat. La Côte d’ivoire n’est pas prête de sortir du tunnel, après 10 ans de crises soldés par l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara.

Les échos se font partout qu’il est enfin temps de se mettre au travail pour la reconstruction du pays, la démocratie ayant frappé à nos portes de force, dans un bain de sang.

Le projet pharaonique d’un million d’emplois pour la jeunesse, de 5 universités en 5 ans et d’accouchements gratuits entre autres promesses de campagnes faites aux ivoiriens, doit commencer, et tout le monde attend.

Les ivoiriens qui tentent de se remettre peu à peu de leur torpeur pour retrouver leur joie d’antan, n’ont pas encore fini d’en voir de toutes les couleurs. Et pour cause, une autre rébellion se préparerait aux frontières du pays par les anciens dirigeants, dont Laurent Gbagbo  serait le cerveau depuis son lieu de séquestration dans le nord.

En supposant, dans l’espoir de redonner vie à l’humour ivoirien qui consiste à tourner en dérision les problèmes sérieux, un peu de crédit à ces rumeurs, on n’en vient à une question on ne peut plus pertinente : Or donc les coups d’états constituent un mauvais exemple de conquête du pouvoir ? Or donc la mort fait aussi froid dans le dos quand on y pense ? L’adage dit qu’une personne déjà dans l’eau n’a plus peur de se mouiller.

Un putschiste ne devrait pas craindre les  putschs puisqu’il en connaît les moindres secrets. Les ivoiriens meurtris dans leur chair pensent actuellement à une seule chose : retrouver leur tranquillité d’antan, et de telles rumeurs entretenues par une presse qui se veut crédible ne contribuent pas à rassurer les populations. Toutes les figures politiques en cote d’ivoire se sont plusieurs fois distinguées par leur appréhension de la chose politique à travers leur méthodes de combat et de conquête du pouvoir d’état. En se basant sur ces faits, les ivoiriens ne devraient plus rien craindre quant aux éventuels coups d’état et aux rébellions, car ceux qui se sont toujours montrés prompts à le faire sont ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir. Une opposition armée qui s’est portée au pouvoir en confirmant la violence qu’elle a toujours inspirée.

 Aujourd’hui, la crainte du peuple vient plutôt des anciens rebelles qui sèment toujours à travers le pays terreur et exactions de toutes sortes. Le pays est devenu un vaste chantier à construire et il ne faut pas perdre de temps et détourner l’attention du contribuable des questions de fond telles que les dettes interminables que le pouvoir ne fait que contracter depuis l’arrivée des technocrates et des économistes patentés. On attend que les nouvelles autorités assurent la sécurité des biens et des personnes sur toute l’étendue du territoire, que s’ouvrent les trois universités afin d’éviter une année blanche aux étudiants, et que les chiens de guerre qui se sont divisés en zones le pays rentrent dans leurs casernes. C’est ce qu’on attend ; ne pas perdre nos maigres acquis, à défaut des promesses intenables qu’on nous brandit depuis.

Plutôt que de nous tourmenter les tympans avec des rumeurs de coup d’état insensés. Surtout que les faiseurs de coup d’état sont au pouvoir, alors où est le problème ?