Une simple lettre peut suffire à mettre le feu aux poudres dans une situation aussi sensible que celle que traverse la cote d’ivoire en ce moment. Ses interprétations dans un contexte de suspicion généralisée et de haine tenace les uns pour les autres, peut à tout moment faire exploser la situation. Cependant, on ne peut empêcher les personnes qui en ont gros sur le cœur d’exprimer leur sentiment, si réellement on veut bâtir une vraie démocratie.

Le quotient ivoirien l’intelligent d’Abidjan dans sa parution du mardi 14 juin dernier, a titré à sa une que l’ancien président  ivoirien Laurent Gbagbo  et son camp préparent un coup d’état contre le nouveau régime. La preuve, une lettre écrite trois jours plutôt par l’ancien secrétaire d’état Dosso Charles Rodel, collaborateur de Laurent Gbagbo.

Toute curiosité méritant d’être satisfaite, j’ai décidé de connaître le contenu de cette lettre que le journal du reste, a publié.

A sa lecture,  on s’aperçoit à première vue que c’est l’analyse d’un jeune opposant qui, se fondant sur la manière aussi tragique de l’arrivée de Ouattara au pouvoir, pense qu’il ne pourra pas réconcilier les ivoiriens, car faisant partie intégrante des problèmes qui les divisent. Dosso Charles Rodel va plus loin, en disant que le nouveau président n’a aucune légitimité quand il se fait investir par une personnalité qu’il a nommée avant même d’avoir tous les attributs de président de la république. Qu’il n’est donc pas le garant de la constitution et l’incarnation de l’unité nationale, qui constituent les deux symboles forts du chef de l’état. C’est l’essentiel de ce que l’on peut retenir de cette lettre qui est une sorte d’invite à l’union et à la sérénité des partisans du régime déchu.

 L’analyse à l’issue de laquelle le quotidien l’intelligent d’Abidjan est convaincu que cette lettre cache un coup d’état en préparation, est sans doute la contestation de la légitimité d’Alassane Ouattara. Une illégitimité qui légitime donc par devoir d’établir  une action contre le nouveau président. Aussi, le fait évoquer qu’il est impossible pour ce dernier de réconcilier les ivoiriens, vient donner une raison de plus de faire partir au plus vite et par tous les moyens les locataires actuels du palais présidentiel. Car, la réconciliation est vitale pour les ivoiriens. Une réconciliation sans laquelle toute initiative de développement est vouée à l’échec.

Une telle analyse, que fait le quotidien, fondée sur la méfiance et la peur , à mon avis est plus dangereuse pour la cohésion sociale que la lettre elle-même. Mise à part quelques mots isolés assez  durs à cause de la sensibilité de la situation, l’ancien secrétaire d’état Dosso Charles Rodel, n’a fait que donner son point du vue sur ce que vit son pays actuellement. Tout comme Charles Blé Goudé et Laurent Gbagbo avant lui. De là à imaginer que le président déchu prépare un coup d’état, c’est une diffamation contre une personnalité qui a lutté pour la liberté et la démocratie véritable. Tout ceux qui connaissent Laurent Gbagbo, peuvent tout lui reprocher sauf des velléités de putsch. Ses méthodes de lutte, on les connaît tous. Ce sont les marches, les mobilisations populaires et les boycotts. Et si un journal peut s’exprimer de la sorte, et donner sans retenue dans l’atteinte à l’intégrité de la personne, c’est parce qu’il a lutté et juré de ne jamais faire emprisonner un journaliste pour ses écrits.

Et même si au regard de la façon dont il a pris le pouvoir, tous les ivoiriens sont convaincus que Ouattara partira par la force aussi, Laurent Gbagbo serait la dernière personne par qui cela arrivera. Alors messieurs les journalistes, désarmez vos plumes. La cote d’ivoire a besoin d’analyses constructives, et non d’interprétations tendancieuses qui pourraient faire pourrir la situation. Surtout que la presse a joué un rôle néfaste dans la crise qui secoue le pays depuis plus de dix ans.