Des contrats et de la réalité.
Vous connaissez bien sûr le contrat de mariage. Entaillé parfois de coups d’Opinel. Vous connaissez aussi « Le contrat social » d’un genevois, contemporain de Voltaire, qui résida dans la patrie d’Opinel. Plus près de nous, Darty-la-confiance et quelques autres marques qui nous assurent sans nous rassurer.
Depuis que les stock-options, les bonus, les primes, les hello, les parachutes dorés encombrent le paysage social avec les camaïeux de l’indécence et les clairs-obscurs d’amoralité on nous rabat les oreilles avec l’intangibilité du CONTRAT. Cochon qui s’en dédit. Et que je menace de justice à la moindre entorse. C’est écrit dans le marbre ou tout comme. Il ne faut donc pas se risquer au ridicule. Le fondement du marché est le contrat… topez là ! Signez là !
Mais… Mais l’encre du parchemin est plus ou moins délébile et peu sympathique. Il ne faudrait pas confondre l’individu hissé au sommet de la pyramide et la collectivité des subalternes. Le décret visant les sociétés dans lesquelles l’état, avec notre argent, a sauvé la mise ne concerne nullement toutes les autres. Sans grand effort de mémoire, on peut citer Vivendi, Vinci, EADS. La règle du jeu est simple ; l’article 1 du contrat se résume ainsi : « Pile, je gagne, face, tu perds ». C’est même devenu un axiome de la finance triomphante.
La Présidente du Medef défend cette position en l’assortissant d’un code de bonne conduite sans radar de contrôle- pas vu, pas pris-. Dexia qui a eu la bonne fortune d’être renflouée en partie par nos impôts vient de nous rappeler combien elle était respectueuse des contrats en versant 8 millions d’euros. Crise ou pas, on doit se conformer au contrat… sauf….
Sauf qu’au pied de la pyramide, ce respect n’est plus de rigueur. Quand la société ne fait pas de bénéfice, les augmentations règlementaires passent à la trappe.
Souvenons-nous des régimes spéciaux de retraite. A 55 ans à la SNCF. Avec 37,5 annuités pour un départ à 60 ans. Ô surprise, on a changé de contrat en cours de route. Il faudra 40 annuités et le 60 deviendront rapidement 65 ans. On est bien obligé de conclure que le contrat est entaillable pour le travailleur de base au nom de la solidarité et de l’équité, mais aucunement pour un cadre très supérieur- qui n’a même pas fait un an (exemple récent)-.
On sent monter dans notre bonne France l’exigence de justice sociale. Chacun a bien compris l’ampleur de la crise mais n’admet pas, comme le tiers-état en 1789, la surdité et la cécité de privilégiés qui ne veulent pas en rabattre. M. de Villepin et quelques autres estiment que nous approchons de cette époque au moins dans l’esprit.
Bonsoir Nicador,
Bien défini votre article. Nous vivons actuellement une période très très critique proche
de la révolution. Chaque jour nous suivons les informations pour savoir jusqu’où ses catastrophes répétées vont nous emmener.
Bien amicalement.
révolution ou pas…
La crise ne s’achèvera pas d’elle-même, sans changements radicaux. Ceux qui croient à une reprise économique à court terme grâce à laquelle tout rentrerait dans l’ordre rêvent debout.
Comme le dit si bien l’article : « l’ampleur de la crise mais n’admet pas, comme le tiers-état en 1789, la surdité et la cécité de privilégiés qui ne veulent pas en rabattre »
Ce n’est pas être révolutionnaire gauchiste que de dire que si la nuit du 4 août ne se reproduit pas par la négociation, le peuple l’obtiendra par la force.
@ Eleina, il en est même qui parle de la révolution au centre J F Kahn ce qui est l’objet de son dernier livre. D’autres ont des visées plus révolutionnaires sachant pertinement les échecs et les horreurs engendrées.