« L’ETERNUEU » – Légende Picarde et Flamande

 

 Il y avait une fois, au bord d’une route, un lutin qui passait toutes les nuits à éternuer sans arrêt. On pouvait aller à n’importe quelle heure en cet endroit, on n’entendait que des « atchi ! atchoum ! » sans cesse répétés. Et les passants s’enfuyaient en se disant : c’est l’« éternueu » !

Bien des fois les enfants du village voisin s’étaient réunis le soir pour surprendre l’éternueu. Mais quand ils étaient arrivés au lieu d’où partaient les « atchi ! atchoum ! ils n’entendaient plus rien, et le bruit ne reprenait que quelques minutes après et à cinquante pas plus loin. Les petits paysans avaient beau courir le long de la route, le lutin demeurait toujours insaisissable.

On avait fini par s’habituer à l’éternueu, et comme il n’avait en somme jamais fait de mal à personne, on en vint à ne plus craindre de passer par la route.

Un soir d’été, par un beau clair de lune, un paysan revenait d’un marché voisin. Bientôt il entendit les « atchi ! atchoum ! », mais il ne s’en inquiéta pas. Sans doute, le lutin n’avait-il pas autre chose à faire, car il se donna le plaisir de suivre le paysan pendant plusieurs kilomètres en poussant son « atchi ! atchoum ! ». À la fin, le paysan ennuyé s’écria: − Avez−vous bientôt fini d’éternuer ainsi ? Que le bon Dieu vous bénisse vous et votre rhume !Il n’avait pas fini sa phrase qu’un petit homme s’offrit à ses yeux. C’était l’éternueu. − « Merci, mon ami, dit-il. Tu me soulages d’une grande peine. J’étais condamné à errer autour de ce village en éternuant sans fin du soir au matin, jusqu’à ce qu’une personne charitable me délivre en me disant : « Dieu vous bénisse ! ». Il y a bien un siècle que je viens ici, éternuant dès que je vois un voyageur, sans que jamais aucun ait dit : « Dieu vous bénisse ! ». Heureusement que ce soir, j’ai eu la bonne idée de te suivre, encore une fois merci. »

Et il disparut dans les bois. On n’entendit plus le soir, sur la route, les « Atchi ! » du lutin. Mais c’est de là, dit-on, que vient la coutume de dire à ceux qui éternuent : « Dieu vous bénisse ! »

 

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J’ai déniché cette histoire dans un livre imprimé en 1941 et nous pouvons voir que l’imagerie de l’époque avait un certain style : les personnages n’ont pas vraiment des allures engageantes. Le voyageur ressemble plutôt à un braconnier…

On peut lire sur un site d’histoires (http://www.il-etait-une-fois.fr/conte-de-picardie-l-eternueu.html ) une autre version de cette histoire plus « picarde », mais au lieu d’un lutin, l’éternueu est un fantôme. Il est puni de ses péchés et délivré également quand le voyageur lui dit : « Que le bon Dieu vous bénisse vous et votre rhume ! ».

Et elle se termine ainsi : « C’est de là, ajoute−t−on, que date la coutume de dire à celui qui éternue : « Dieu vous bénisse ! » et celle de répondre à ce souhait par un : « Dieu vous le rende ! »

De nos jours, lorsque l’on entend une personne éternuer, il plutôt coutume de lui dire : « A tes souhaits », ou « A tes amours »…

 

On peut lire un début d’explication sur le site « wiktionary »

« Pour les peuples de l’Antiquité méditerranéenne, la vie se manifeste sous la forme d’un souffle. Ainsi, dans la Genèse, [II.7] "…Élohim forma l’homme, poussière provenant du sol, et il lui insuffla en ses narines une haleine de vie et l’homme devint âme vivante." Selon la tradition grecque antique, le souffle – l’éternuement – est signe d’un esprit divin qui vient à passer, auquel il faut adresser ses vœux avant qu’il ne soit enfui. D’où l’interjection amicale des témoins à l’enrhumé, qui vient d’être délicatement touché par un esprit divin : « À tes souhaits ! » Mais aucun souscripteur n’a expliqué le « A tes amours »….  

L’histoire trouvée sur le site « Il était une fois » est située, en février 1881, par le conteur, M. Émilien Guilbert, dans son village Englebelmer (Somme), Pays du Coquelicot. Ce qui ne fait que confirmer l’origine régionale de cette petite légende, et les Picards pourront peut-être nous confirmer si elle est encore racontée aux enfants… qu’ils éternuent ou pas.

 

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Alors, en cette période où les pollens vous titillent encore les narines, que vos yeux pleurent, que vous ne savez plus vers quelles médecines vous tourner pour soulager cette allergie bien encombrante, nous vous le disons « A vos souhaits » ! « A vos amours ! »…Vous n’êtes ni un lutin ni un fantôme, et vous n’avez pas « péché » plus que les autres, les bienheureux qui n’ont pas à souffrir du souffle de la brise qui vous irrite l’odorat et vous prive des joies du printemps et des ballades en plein air.

 

Il semblerait que vos « ennemis » du mois soit l’aulne, le peuplier, le platane, les graminées et le plantain, et pour le mois de Mai…. Encore de quoi éternuer. Alors bon courage !

 

Les laboratoires sont mobilisés sur les recherches portant sur les allergies, mais en attendant les avancées qui devraient bouleverser la vie des malades, consultez votre médecin dès l’apparition des symptômes.

 

 Et qu’on se le dise, le verbe atchoumer existerait et se conjuguerait : verbe du 1er groupe, conjugué avec l’auxiliaire avoir…. Un bel exercice !

http://fr.wiktionary.org/wiki/Annexe:Conjugaison_fran%C3%A7aise:atchoumer

enfin…. Cela reste à vérifier tout de même….  

 

Source de l’IMAGE du pays du coquelicot :

http://www.paysducoquelicot.com

 

englebelmer_pays_du_coquelicot.jpg