Vous voyez, le monde dans lequel on vit a des attentes. Non, je ne parle pas simplement ici de trucs banals de respect des lois. Il s’agit ici de toute autre chose. Je tenterai de vous faire deviner, tiens. Cela concerne tout le monde. Un champ d’activité qui nous permet de vivre. Sans lui, on peut dire adieu à une existence luxueuse. Bien entendu, je fais référence au domaine de l’Argent (avec un grand A car il s’agit quand même de la force qui domine notre planète après tout, elle mérite un peu de respect). Qu’est-ce qu’on attend de nous? Les états veulent que nous soyons un bon consommateur. Qu’est-ce qu’un bon consommateur? En fait, ça dépend du point de vue à partir duquel on regarde la situation. L’un pourrait dire que c’est de réduire ses dépenses pour économiser le plus possible, l’autre répliquerait qu’il doit au contraire rendre son argent à la collectivité en achetant des produits. Qui a raison? C’est personnel et puis ce n’est pas réellement important de le savoir. Ceux-ci étaient des visions humaines de la consommation. Voyons maintenant la chose à travers les yeux d’une entité tentaculaire aux multiples visages (il ne s’agit pas d’une pieuvre, ne vous inquiétez pas　: ce serait légèrement absurde d’observer la vie des hommes à partir du regard de cet animal, ma foi, très étrange). Quelle entité, me direz-vous?

Le mot est simple. Compagnie. Entreprise. Quel est le but de ces géants? Faire le maximum de profits possibles, à n’importe quel prix. Cela se nomme le «capitalisme». Le fait est qu’il y a deux façons de faire de l’argent　: en étant honnête et en ne l’étant pas. Laquelle des deux est la plus lucrative, selon vous? Je ne vous impose aucune réponse, mais je me dois de vous citer quelques statistiques　: la mafia italienne récolte 160　000£ par minute. En une heure, elle s’enrichit davantage que la plupart d’entre nous, honnêtes citoyens, ne le ferons en toute une vie. Quatre personnes ont été accusées de fraudes envers des personnes âgées, pour un total d’un million de dollars. La compagnie Monsanto dut payer 720 millions de dollars de dommages et intérêts (ce qui est très peu pour une entreprise avec des profits dépassant la 7 milliards de dollars) aux habitants de la ville d’Anniston aux Etats-Unis pour leur avoir menti en affirmant que le dépôt de PCB de leur ville ne représentait absolument aucun danger (le bilan est que la ville est maintenant quasiment déserte, chaque habitant possédant un taux de PCB tellement élevé que les risques de cancer ne sont plus des risques, mais bien des certitudes).

Le capitalisme, ce superbe concept, n’a pour unique loi que le profit. La biopiraterie est un excellent moyen d’exploiter des tribus autochtones, alors il est bien de s’y adonner, car plus nous avons d’argent, plus nous sommes heureux. Allons bâtir des usines en Chine et faisons travailler des enfants qui ne coûtent pas cher et qui ne risquent pas de se rebeller. Nous avons les moyens de nourrir et de loger toute la planète　: pourquoi ne le fait-on pas? Mais bien sûr, j’oubliais que l’argent ne doit absolument pas être dépensé pour autre chose que pour en recevoir davantage plus tard. Aider des millions de personnes à survivre, c’est une véritable aberration　: ça nous appauvrirait! Et puis ce serait franchement illogique, car ces personnes-là font généralement de bons travailleurs si on est habiles, et ils ne coûtent pas trop cher! Quel était le but de cet article? Me rapporter quelques euros, car ce n’est qu’ainsi que nous pouvons être heureux, n’est-ce pas? L’information, c’est tellement secondaire.