Jamais aucun sujet n’a autant intéressé l’Afrique toute entière que celui de la Côte d’Ivoire. Les intellectuels, les journalistes, les étudiants, les chômeurs ou même encore des analphabètes,  tout le monde a une position et veut à tout prix la faire savoir.

A chaque fois que la crise ivoirienne est inscrite au programme d’une émission de débat citoyen sur une radio, c’est l’embouteillage total sur les antennes, les coups de fil affluent de partout, de toutes les classes sociales. Le Cameroun, bien que situé à plusieurs centaines de kilomètres de la côte d’ivoire n’a pas échappé à ce grand rendez – vous continental ! Cependant, si ce débat dans d’autres cités africaines tend à diviser les uns et les autres, au Cameroun il n’en est pas question ; ici tout le monde ou presque est sûr et certain d’une chose : c’est Laurent Gbagbo qui est le vainqueur de l’élection présidentielle ivoirienne.  Si vous voulez bien, allons faire un tour au Cameroun pour en savoir davantage !

 

Nous sommes au quartier Essomba à Yaoundé ; il est à peine 21 heures au Cameroun, 20 heures à Abidjan en côte d’ivoire. Hilaire qui est enseignant dans un établissement scolaire spécialisé dans les cours du soir  vient à peine d’arriver. Il se précipite pour allumer son poste téléviseur ; puis, prend sa télécommande et se met à zapper sur les différentes chaines. Son voisin Sylvain lance depuis sa chambre : mais qu’est ce que tu attends ? Le journal passe déjà sur la RTI, appuis sur le 62 !

Aussitôt, Hilaire appuis le numéro correspondant à la télévision Ivoirienne : presqu’un seul sujet constitue le menu du journal qui est présenté par une charmante dame : le conflit ivoirien. Les reportages se suivent et se ressemblent, les uns après les autres, tous défendent en substance le président GBAGBO. Puis quelques temps, Charles BLE GOUDE aux côtés du chef d’état major de l’armée Ivoirienne dans un ton très dur  appelle le peuple à résister à l’ennemi, non sans leur expliquer comment la France et l’ONU veulent détruire la côte d’ivoire ; à l’écoute du leader des jeunes  patriotes, Hilaire et son voisin sont envahi de pitié et d’émotion pour leurs frères Ivoiriens ; quelques temps après, Sylvain rejoint Hilaire dans sa chambre et il s’en suit un débat interminable sur le conflit Ivoirien auquel viennent s’ajouter presque tous les occupants de cette mini cité ; tous penchent pour une et seule personne : Laurent GBAGBO qui selon eux est une victime du néocolonialisme occidental et français précisément.

Quelques jours après, nous sommes dans un bus de transport en commun quittant  Yaoundé en partance pour Douala la capitale économique. Le conducteur a capté la fréquence 105.5 FM, c’est bien celle de la Radio France Internationale, il est 8 heures 30 minutes, c’est l’instant dédié à une tranche d’information consacrée à l’actualité africaine. Et le journaliste d’annoncer dans son bulletin : « … le premier ministre Kenyan n’a pas pu convaincre le président sortant de la côte d’ivoire à renoncer au pouvoir… il est actuellement en partance pour Luanda, question pour lui de convaincre le président DOS SANTOS à ne plus soutenir Laurent GBAGBO…). Devant cette information, les passagers ne cachent pas leur fureur à l’égard de R. ODINGA et aussi des medias français qui selon eux traitent de façon très partisane l’actualité ivoirienne. Puis, il s’en suit tout naturellement un débat sur la crise Ivoirienne. Ici, à l’exception de certains intellectuels qui défendent monsieur OUATARA, tous les autres à majorité jeunes défendent tous Laurent GBAGBO et se demandent même ce qu’attend leur président de la république pour apporter officiellement son soutien à ce dernier.

Plus loin, d’autres se disent même prêts au cas où la côte d’ivoire serait attaquée par les troupes de la CEDEAO à aller combattre aux côtés de GBAGBO.

Nous sommes donc à Douala, dans tous les lieux publics, le sujet Ivoirien est très passionnant ; peu importe le lieu où il est évoqué. Dans les taxis, dans les carrefours, établissements scolaires et campus universitaires, tout le monde souhaite dire quelque chose sur cette affaire et presqu’un seul constat se dégage : les jeunes soutiennent tous GBAGBO, car il représente pour eux le candidat de l’Afrique libre, contrairement à monsieur OUATARA qui pour eux à défaut d’être un pion des français est un français déguisé. Certains y vont parfois jusqu’à se livrer à des bagarres. D’ailleurs, un parti politique camerounais à même braver la loi pour manifester son soutien à GBAGBO dans les rues de Douala. Pour les militants du MANIDEM (mouvement africain pour la nouvelle indépendance) parti transfuge de l’U.P.C,  il était question pour eux de défendre un panafricaniste comme eux.

Ces exemples non exhaustifs témoignent clairement et à suffisance de l’estime que le peuple camerounais attache à la crise ivoirienne. Personne, même pas les vieilles femmes ne reste insensibles à ce débat. Et quant à leur position, elle est radicale : soutenons notre frère GBAGO !

La télévision Ivoirienne a même profité de cette crise pour s’imposer sur la scène médiatique camerounaise comme l’une des chaines les plus regardées. Sur le plan local, à chaque rebondissement de la crise ivoirienne, les medias camerounais n’hésitent pas à lui accorder une attention particulière. D’ailleurs, plusieurs émissions de débats politiques en discutent presque chaque semaine. Aussi, jusqu’aujourd’hui, l’ambassadeur de la république ivoirienne au Cameroun (plutôt proche de GBAGBO) exerce correctement ses fonctions. Espérons que la position du peuple africain sera prise en compte dans la résolution de ce conflit. /.

* source Photo:notreafrique.net