Dans l’Education Nationale, on utilise souvent un jargon qui permet d’épater les non-initiés (ou les énerver). Dans la plupart des cas, c’est assez pratique et permet de couper court à la discussion.  

La semaine dernière, le ministère s’est fendu d’une note interne qui est un modèle du genre.

Cette note aurait dû rester confidentielle, mais le fait qu’elle ait été rendue publique n’est pas gênant car elle est rédigée dans un langage technocratique peu compréhensible.

Il s’agira donc de « mobiliser les gisements d’efficience » pour supprimer un enseignant sur deux qui part à la retraite. Il va falloir « se creuser » un peu pour atteindre les fameux gisements. En clair, messieurs les recteurs pour qui cette langue n’a pas de secret devront donc se « dém… » un peu pour supprimer 16 000 postes en 2011 qui viendront s’ajouter aux 49 400 disparus depuis 2007.

Il faudra « optimiser les moyens d’enseignement » ce qui reviendra à remplir les classes un peu plus qu’elles ne le sont, mais c’est plus joliment dit. Optimisons, ça c’est un mot positif.

Pour ce qui est des remplacements, on va vous faire croire que ce sera mieux car on va recourir à des vacataires qui constituent « une ressource plus flexible ». Si c’est plus flexible, c’est mieux ! Surtout quand c’est moins cher ! L’intérêt des enfants là-dedans ? En voilà une question ?

On voit que les mots sont judicieusement choisis pour avoir un côté positif : on optimise, on rentabilise, on vise l’efficacité. On évite d’utiliser les mots comme « suppression ».

Et je ne parle pas de la formation des enseignants !

Si on dit que la réforme des lycées offre « des possibilités significatives d’optimisation des établissements », traduisez qu’on regroupera des élèves de séries différentes dans une même classe pour les matières du tronc commun.

Une étude faite en 2006 par l’économiste Thomas Piketty tend à prouver que le nombre d’élèves d’une classe influe directement sur les résultats scolaires.

Monsieur Chatel n’en a cure en répétant que « La question des moyens, les moyens toujours les moyens, n’est pas la réponse aux problèmes de l’Éducation nationale aujourd’hui. »

Quand on s’apercevra des dégâts d’une telle politique, monsieur Chatel ne sera plus ministre et on aura oublié le mal que sa politique aura fait.