Comment pardonner à ceux qui nous ont déçus, trahis ou blessés ?  Accordés sans douleur pour un mot ou un geste de trop, il y a les pardons ordinaires, et puis, les pardons extraordinaires. Ceux que nous avons tant de mal à concéder, après avoir été blessés au plus profond de nous-mêmes. Pardonner dans ce cas, implique un cheminement intérieur long et exigeant, difficile à vouloir, dur à parcourir.  

Acte de courage pour certains, aveu de faiblesse pour d’autres, qui lui préfèrent la vengeance, le pardon va rarement de soi. Pourtant, toutes les victimes qui ont pardonné diront que cette démarche les a libérées, qu’elle a même insufflé une nouvelle énergie dans leur vie. Car le pardon sert avant tout à se libérer soi- même avant de libérer l’autre. Qu’on le demande ou qu’on l’accorde, il est le fruit d’un vrai travail sur soi dont l’issue reste pourtant incertaine. On peut sincèrement souhaiter pardonner sans forcément y parvenir pour quelque raison que ce soit.

 Le processus opère en partie à notre insu et, surtout, nous ne sommes pas tous égaux devant le pardon. Sa réussite dépend moins de l’outrage subi que de la façon dont nous l’avons vécu.  

 


 

Si l’offense ne cesse pas, aucun processus de pardon ne peut s’enclencher. La solution serait de décider de ne plus souffrir, à sortir de la violence subie. Quitte à prendre du champ et à mettre de la distance entre soi et le responsable de sa douleur. Dans les cas particulièrement graves, lorsque notre intégrité physique ou psychique est en jeu, la plainte déposée en justice peut être le seul moyen de franchir cette étape et de mettre le coupable face à ses responsabilités.

 La justice rendue  au nom de la société, objective la faute, reconnaît la blessure et désigne le coupable, mais seule la victime, si elle le souhaite, peut pardonner.  Le passé ne s’efface pas, inutile de chercher à oublier l’offense. Ce mécanisme de défense enfouit la souffrance, la haine et la rancœur quelque part dans l’inconscient, où leur force destructrice continue d’opérer avec encore plus de violence.  Pour pardonner, la victime doit en vouloir à son responsable. C’est à dire reconnaître sa propre souffrance et accepter qu’elle sorte. Agressivité, colère, haine sont utiles dans ce cas.  Elles sont signe de bonne santé psychique, signe que la victime n’est pas dans le déni et ne porte pas la faute de l’agresseur sur elle.