Les années passent, les autres dirigeants des principaux pays du monde changent, Silvio Berlusconi, lui, est toujours là. Il a bien passé quelques années dans l’ombre de l’opposition, mais alors que pour beaucoup, c’est un trou sans fond, lui en est revenu encore plus fortement. Il force, non pas l’admiration, de ses pairs, mais l’intérêt sur le pourquoi du comment de son incroyable longévité.
De quoi s’agit-il exactement ?
Ceux qui croient connaître les Italiens affirment que les Italiens sont un peu légers, toujours un peu « borderline », et que, donc, le personnage Berlusconi leur convient bien. Que la Gauche est, en Italie, encore plus perdue qu’en France… Que c’est la pasta, la pizza et tutti quanti… Qui a déjà croisé, sur la route des vacances, un dimanche tôt le matin, lors d’une pause sur une « area di servizio », des businessmen qui démarrent leur journée, bien opérationnels, sait que l’Italie, ce n’est pas ces clichés. C’est autre chose.
Pour Silvio Berlusconi, cette autre chose, c’est le storytelling.
Vu l’antériorité de l’homme en politique et l’antériorité de son style, Il Cavaliere le pratiquait déjà avant de connaître son appellation. Mais après tout, le storytelling n’a jamais revendiqué la paternité de l’art de conter, juste de son adaptation méthodologique aux enjeux des entreprises.
Il y a d’abord sa success story d’entrepreneur qui fait rêver les entrepreneurs italiens et tous ceux qui se sentent l’âme d’un entrepreneur sans jamais oser tenter de le devenir (peut-être tout aussi nombreux que les vrais, et c’est valable dans bien des pays). Son histoire est à la fois suffisamment universelle et singulière pour que chacun d’entre eux trouve une place dans cette histoire tout en se prenant à faire des plans du type « pourquoi pas moi ? ».
Il y a aussi les histoires de Berlusconi, innombrables histoires « d’affaires Berlusconi » dans lesquels le gentil Silvio s’illustre par une combativité qui séduit : les histoires de pugnacité impressionnent, c’est universel. Avec également un petit côté persécution, qui ajoute dans l’histoire une dimension de victime-héro qui plaît.
La façon d’être de Berlusconi, volontiers gaffeur lors des grands événements de ce monde, raconte elle aussi une histoire, de proximité avec le peuple, par opposition aux élites, jamais aimées quel que soit le pays.
Silvio Berlusconi, c’est aussi l’homme qui emmène les Italiens dans une histoire, en martelant non pas « je » mais « nous » dans ses discours. Si, dans beaucoup de pays, les politiques qui emploient « nous » parlent avant tout, collégialement, de leur parti ou de leur gouvernement, ou plus globalement des hommes qui les entourent, Silvio Berlusconi est assez explicite pour englober tous les Italiens dans ce « nous ».
Il Cavaliere, c’est aussi l’art de savoir utiliser une histoire pour détourner l’attention : lors des dernières Européennes, toute la classe politique italienne opposée à Berlusconi ne parlait que de l’histoire de la jeune Noemi, ce qui a laissé le champ libre au malin Silvio pour venir parler Europe dans les médias à la toute dernière minute, sans que ses adversaires puissent répliquer.
Alors certes, l’homme, ses idées, n’ont rien de séduisant, et on ne souhaite pas avoir un jour un tel dirigeant dans son pays, mais qu’est-ce qu’il est malin !
Malin… et effrayant aussi !
Merci [b]stevdang[/b] pour votre analyse de l’homme.
Vote super
Cordialement
[b]Gosseyn[/b]
Bah ce n’ est qu ‘un mauvais clone d’ ALCapone au pays de la mafia. Berlusconi ne serait pas d’ un autre pays. On dit qu’ il a du mérite ?! Le Duce aussi non?! Y aura toujours des gens pour trouver des qualités chez ceux qui en manquent cruellement. Et puis, encore plus que Sarkozy, quand on entend parle de Berlusconi ( Plutôt proche de Chavez niveau longévité!) c’ est toujours à propos de frou frou ou de cul.
C’ est facile de durer en politique, quand on en est pas un!
Très bon article !
à mon avis le i va tomber devant le y !!!!!