Nicolas Sarkozy prépare-t-il encore (ou non plus, mais non « pas ») la création d’un fonds sous le nom de Columbia Investment Company. Un intitulé qui évoque fort la Colombie où Thierry Gaubert et Jean-Philippe Couzi avaient investi dans deux bars, le Nibar et le Nichon. Un apparentement que ne remémore pas Mediapart qui, ce dimanche, publie l’avant-projet intégral de la plaquette de présentation de cette CIC. Pour « Company » et non pas, par exemple, Tourterelle Investissements SA ? Parce que la société siégerait, si elle voyait le jour, dans le Square Mile des affaires de la City de Londres. 

Thierry Gaubert, qui fut proche de Nicolas Sarkozy, avait des ambitions limitées en Colombie avec son associé Jean-Philippe Couzi : deux bars accueillant les permissionnaires des garnisons de la région de Nilo, le Nibar et le Nichon. Pour Nicolas Sarkozy, conseillé par l’affable Alain Minc, il convient de voir plus grand et la destination prévue serait Londres.

Certes, Alain Minc a démenti que l’ancien président allait rejoindre Tony Blair à Londres. Il ne s’agit que d’y localiser la Columbia Investment Co, dont les bureaux seraient sis à Luxembourg et Londres “at the initial stage” (au stade initial : après, allez savoir si l’Amérique du Sud insulaire ne serait pas idoine).

Dans un premier temps, signale Le Figaro, « le site Mediapart affirme que Nicolas Sarkozy serait sur le point de créer un fonds d’investissement d’un milliard d’euros (…) géré depuis Londres. »

Dans un second, Laurent Mauduit, de Mediapart, met en ligne ce qui ressemble fort à des statuts ou à une plaquette de prospection d’investisseurs, et dépasse de loin le stade de l’avant-projet : la maquette en est soignée. L’organigramme, avec photos, liste les principaux interlocuteurs pour le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie. Soit pour la France Alain Minc et Jean-Michel Darrois, spécialiste des fusions-acquisitions de grands groupes (GDF Suez, Sanofi, Total, Aventis…).

Nicolas Sarkozy n’est pas désigné mais Mediapart rappelle qu’il avait contacté des fonds de Singapour et du Moyen-Orient et diverses grandes fortunes françaises. L’objectif est de rassembler jusqu’à un milliard d’euros avant de se lancer. Charge aux gestionnaires de le faire fructifier et de se rétribuer à hauteur d’un cinquième des plus-values réalisées, pourcentage bien moins imposé au Luxembourg ou à Londres qu’à Paris.

Cibles visées : des entreprises de luxe dans lesquelles prendre des participations, ou leur contrôle avant revente. Il est aussi question d’investir dans le développement de Courchevel 1850, où l’un des clients d’Alain Minc, Stéphane Courbit (que l’on a retrouvé dans l’affaire Bettencourt), est propriétaire du fameux hôtel Les Airelles.

Conclusion : « Bref, le projet est donc très avancé. La seule décision qui n’est pas encore prise, c’est la nature de l’implication de Nicolas Sarkozy. ». Ce dernier, avocat d’affaires, pourrait siéger en tant que conseil ou membre d’un comité de surveillance, ce qui l’obligerait à se mettre en congé sans solde du Conseil constitutionnel. Cela ne l’empêcherait pas, le cas échéant, de renoncer à sa fonction à l’approche d’échéances électorales.

Le projet reste somme toute modeste. Surtout en regard des activités de Tony Blair, dont la famille vient d’acquérir une septième demeure en Angleterre et dont la fortune est à présent estimée à plus de 40 millions de livres. Mais cela permettrait au représentant de commerce de la firme de se déplacer tous frais payés de par le monde. En couplant par exemple avec des cérémonies officielles permettant des « opportunités photo ».

Il y a deux façons de le voir : soit Nicolas Sarkozy se retire vraiment de la sphère politique pour se relancer dans les affaires, soit il profite de l’opportunité pour se montrer à l’étranger en vue de préserver son aura de « grand de ce monde ».

Pour le moment, il s’occupe, en tant qu’avocat, des intérêts de l’Aga Khan qui se sépare de la bégum. En 2008, l’Aga Khan avait été exonéré d’impôt pour ses possessions en France, ce qui, selon Libération, l’aurait incité à se montrer généreux avec Chantilly, la commune d’Éric Woerth.

Il cachetonne aussi dans des galas de charité, dont dernièrement celui du fonds israélien Keren Hayessod à Genève. Un quart d’heure de présence tout compris, le temps de discourir et d’avaler une entrée, rapporte Le Nouvel Observateur. On ne sait s’il a eu le temps de serrer la main du cadet des frères El Maleh (affaire Lamblin et consorts), sorti de prison depuis Noël et condamné depuis avec sursis.

Pour le moment, l’Association des Amis de Nicolas Sarkozy (Brice Hortefeux, Christian Estrosi, Nora Berra, Xavier Bertrand, Chistine Boutin… et Nadine Morano pour trésorière), n’a pas commenté. Elle se contente de recueillir des messages de sympathie (près de 2 000 à ce jour), du genre : « vous resterez le meilleur président que la France a eue » (pas très gentil pour Clémenceau ou de Gaulle, ça…).

Pour le moment, c’est Louis Sarkozy, 15 ans, fils de Cécilia, qui ravit la vedette à son père sur Twitter. Il n’exclut un avenir politique : « peut-être, le temps nous dira », indique Sarko_Junior. Bah, son demi-oncle, Olivier Sarkozy (fils de Pal), du Carlyle Group et de BankUnited, l’en dissuadera peut-être.