Une proposition de loi criminalisant la colonisation française est à l’étude en Algérie et en cas d’adoption du projet par le parlement, des réparations seraient demandées à la France pour les crimes commis contre le peuple algérien.

 

La loi du 23 février 2005 sous la présidence de Jacques Chirac portant sur l’aspect positif de la colonisation serait partiellement le déclencheur de cette polémique. Polémique trouvant ses racines au 19ième siècle et opposant deux visions, celle de l’oppresseur et celle de l’opprimé. Le premier, l’impérialiste aux ambitions mercantilistes, soutenu par de grands humanistes tels Jules Ferry et Gambetta qui colonise car se sentant investi d’une noble mission celle d’éduquer, de civiliser, d’instruire. Le second, violé dépossédé qui se voit investi d’enjeux ne le concernant pas..
En effet, il convient de rappeler que la concrétisation de ce vaste chantier de remise à niveau des primaires en Algérie a nécessité la mise en place de moyens brutaux : spoliation de terres, travail forcé, déportation, code de l’indigénat, humiliation, asservissement… Des efforts prodigieux déployés visant à étouffer toute possibilité d’émancipation capable d’ébranler l’opération de pillage.
En dépit de toutes les manoeuvres destinées sinon à anéantir l’indigène du moins à l’amoindrir, celui-ci a absolument refusé de plier l’échine : il a gémi, pleuré, hurlé et s’est battu. Il n’a pas plié l’échine pour ne pas y laisser son âme. Il s’est battu comme un loup pour décrocher ce droit inaliénable des peuples à disposer d’eux mêmes. Très poignante et paradoxale, la sanglante répression de Sétif du 8 mai 1945 à une date si symbolique de la victoire du bien sur le mal.
Malgré tout le temps qui s’est écoulé, chacun des deux camps campe sur sa position presque immuable. Le dominant d’une manière plus pernicieuse toujours aussi arrogant par cette volonté de vouloir figer une bonne fois pour toute la définition de l’identité nationale mise en péril par les musulmans, par son éternelle posture tyrannique toujours prête à sanctionner les semeurs de troubles issus d’un même côté. Le traumatisé quant à lui saigne toujours devant cette impasse sans parvenir à faire son deuil.
La rupture avec ce type de logique manichéenne découpant le monde en deux blocs, les maîtres détenteurs de la vérité et les autres qui devraient se soumettre sans droit à la parole et qui envenime les relations, est-elle envisageable ?