Chérèque (CFDT) s’en remettant à Parisot (ex-CNPF, Medef) pour trouver d’éventuels aménagements à la réforme des retraites en réduisant, en amont, ses conséquences les plus injustes (emploi des jeunes, des seniors), Nicole Notat succédant à la présidence du club Le Siècle à Denis Kessler (assureur, promoteur du démantèlement des acquis du Conseil national de la Résistance au CNPF), ne serait-ce pas significatif d’une continuité dans la connivence et d’une connivence dans la continuité ?

N’exagérons pas l’importance du club Le Siècle, qui réunit des syndicalistes, des politiques, des porte-parole du grand patronat, et des médiatiseurs plus ou moins serviles. Martine Aubry en fut un temps membre, et elle s’est détachée, sans renier l’opportunité des contacts qu’il permet d’établir, de cette « officine » de réflexion, ou plutôt d’entérinement des éléments de langage du libéralisme et d’un néo-conservatisme à « visage rendu un moins inhumain ».

Nicole Notat succède donc, à la présidence de ce cercle organisateur de conférences et de dîners en ville, à Denis Kessler. Oui, Kessler, le successeur présumé du baron Seillière à la tête du CNPF, chantre, avec François Ewald, des retraites par capitalisation, pourfendeur de l’héritage – obsolète, forcément obsolète – du Conseil national de la Résistance, et assureur, un temps proche de la faillite, naufragé rescapé (par la grâce des connivences), comme Jean-Marie Messier, de la bancassurance et du monde de la grande finance.

Depuis qu’elle n’est plus secrétaire générale de la CFDT, Nicole Notat a réussi à évincer la fondatrice d’une pompe à phynances, Vigeo, pour lui prendre sa place. Elle siège aussi à la Halde (bien rémunérée), se distingue en tant que membre de l’association En temps réel (voir la composition de son conseil d’administration qui, comme celui de Vigeo, est très révélateur de ses financeurs), et a rejoint Felipe Gonzales, ancien premier ministre espagnol, au Groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe (un « machin » du Conseil de l’Europe).

Bref, elle s’affiche désormais dans des tailleurs qu’une Lagarde (voire une épouse Lagardère) endosserait volontiers à l’occasion, et bijoux Cartier, Boucheron, Chaumet ou sac et carré Hermès en moins sur les photos, elle sera au diapason de ce fameux club du Siècle.

Passera-t-elle un jour la main à son successeur, Chérèque, aux mêmes conditions ? C’est toute la question. Sans entrer dans une polémique inutile, notons que la CGT va verser 18 euros par jour à ses adhérents grévistes (par jour de grève relatif à la réforme des retraites). Le « trésor » de la CFDT (rétrocessions de jetons de présence, présidences et postes dans des organismes paritaires, des officines de formation professionnelle, &c.) est sans doute mieux employé. C’est plus facile pour la CFDT de faire de même (elle le fait, ou le fera) du fait que ses cotisations abondent un fonds pour les indemnisations, compensations, l’aide juridique aux syndiqués, &c. Mais pour l’essentiel, encore un effort, camarades, pour être tout à fait des jaunes… et l’afficher en toute quiétude.