Climat pourri à Belfort ? Cela vaut bien un pourriel…

J’allais vous entretenir du climat doublement détestable en Roumanie : la météo, certes, mais aussi et surtout, après les bisbilles entre le président Basescu et Victor Ponta, le Premier ministre, voilà que Crin Antonescu, allié de Ponta, se fait traiter de dictateur et d’anti-occidental par des caciques de son parti… Mais cela tourne presque autant au rififi à Belfort où un ancien dircom’ municipal, Philippe Belin, créateur d’un blogue-notes dédié à la vie locale sur le site du Nouvel Observateur, Plein feu sur Belfort, risque des poursuites en justice. Poursuites que l’adjoint aux Finances, Bruno Kern, voudrait éviter avant que diverses personnalités se retrouvent mises (gravement ?) en cause, aux dépens de l’ex-journaliste municipal. Et de plus, comme mon commentaire sur Plein feu s’est retrouvé retoqué par la modération du Nouvel Obs’, comprenez que je me sente piqué au vif, au point de m’en ouvrir à la cantonade… 

Résumons : Étienne Butzbach, maire de Belfort, qui vient de démissionner de son mandat régional pour tenter d’éteindre l’incendie dans sa majorité municipale, se retrouve avec un concurrent de poids pour les prochaines municipales.

Le rival n’est autre que Christian Proust, simple conseiller MRC, soit chevènementiste, mais poids super-lourd de la vie locale et départementale depuis 1977.
É. Butzbach a quitté le MRC pour le PS, et rien ne va plus entre les deux ex-camarades.
C. Proust est déjà parti en campagne, estimant que le maire prépare à la ville un devenir « de sous-préfecture ».

Pas sympa pour, par exemple, Reims, sous-préfecture de la Marne. Mais dans cette ville de forts en gueule, c’est bien assené.

Malheureusement, la blitzkrieg de C. Proust risque de faire des victimes collatérales. Bruno Kern, PS, l’adjoint aux finances d’É. Butzbach voudrait les éviter avant que cela ne se mette à tirer de partout.

Voilà le contexte dans lequel Plein feu se retrouve soumis à des tirs croisés. Philippe Belin, son animateur, risque de se retrouver poursuivi par Samia Jaber, PS, mais aussi, de fait, par Damien Meslot, député UMP, lequel veut obtenir, par voie judiciaire, des éléments permettant de mettre en cause la gestion municipale. Bruno Kern estime ces plaintes inopportunes pour diverses raisons (on peut comprendre qu’un grand déballage ne rehausserait pas la popularité des majorités municipales successives dites d’Union de la gauche depuis 1977) mais aussi, et c’est louable, pour qu’un lieu d’expression citoyenne subsiste dans le Territoire.

« Beaucoup étouffent ! Lorsqu’un espace de liberté se crée, peu importe qui l’a créé, peu importent ceux qui en abusent, l’essentiel est de faire entendre sa voix devenue inaudible dans le monde de la politique politicienne (…) Plein feu doit continuer, » résume Bruno Kern.
J’imagine que toute la communauté « céquatrienne » (de C4N, Come4News) ne pourrait qu’applaudir.

Pourriel, disiez-vous ?

Le plus farce, c’est que j’avais répondu à Bruno Kern en commentaire et que l’équipe de modération du Nouvel Obs’ (bof, un moteur quelconque, comme du temps de feu Le Post.fr) le retoque car il s’agirait de « pourriel ». Vilain mot. Comprenez que je me sente piqué au vif.

Pour le moment, l’important est d’alerter sur le risque de voir Plein feu (et possiblement son créateur) mordre la poussière. Philippe Belin, ancien journaliste devenu éditeur et en l’espèce « sachant » puisqu’il a été le dircom’ municipal, a fait état, sans précisions de « malversations » ayant pu contribuer à le faire renoncer à ses fonctions de rédacteur en chef des supports municipaux.

Selon un commentateur, il viserait le fait qu’un livre ait été pré-commandé par la Ville à un proche de certains édiles. Après tout, pourquoi pas ? S’il s’agissait d’un livre sur l’histoire belfortaine, favorisant le tourisme, ou contribuant à la faire mieux connaître, cela peut se concevoir. C’est souvent plus payant que de remettre la médaille honorifique traditionnelle à des visiteurs de marque (ce qui  peut revenir à la galvauder). Et puis, il y a malversation et malversations : que l’on sache, il ne s’agit pas de comptes en Suisse (pour n’évoquer qu’un exemple).

Là, il s’agirait d’un livre consacré à l’entreprise Alstom. Merci de me l’envoyer en service de presse, je serai friand de lire l’indispensable chapitre sur « la grève du centenaire » (et tiens, si on reparlait de l’explosion « terroriste » d’une cabine de TGV en pleine grève ? j’espère que les faits sont prescrits…).

Samia Jaber a pris la mouche (pourquoi donc elle, en particulier, est-ce en sa qualité d’adjointe à la com’ ? ne revenait-il pas à l’adjoint aux finances, Bruno Kern, de le faire au nom de la majorité municipale ?), Damien Meslot, à l’affût, veut mettre au grand jour d’éventuelles turpitudes (ce qui est de bonne guerre : mais ne vise-t-il pas aussi à museler Plein feu ?).

En tout cas, alertons : Plein feu veut se doter d’un comité rédactionnel, et quoi que je puisse penser (du bien, du bien… mais l’ai connue plus pugnace) de la rédaction du Pays de Franche-Comté, quotidien local dont je suis issu ou de celle de L’Est républicain (confraternelles salutations d’usage, je n’y connais plus personne), j’estime qu’une presse citoyenne indépendante (par exemple du Crédit mutuel) n’est jamais superflue. S’il lui arrivait malheur, eh bien, « entre ici, Philippe Belin, avec ton facétieux cortège… » (nan, c’est pour de la rire : Mediapart, ou d’autres, pourraient convenir, mais pourquoi pas Come4News ?).

Souvenirs, souvenirs…

Ce qui suit n’intéressera sans doute que celles et ceux ayant quelques souvenirs belfortains du dernier quart du siècle passé. Mais me gausser des moteurs de modération, je n’y résiste pas. Pardonnez-moi cette faiblesse.

Copié-collé, intégral des motifs de, allez, lâchons le mot, anasthésiation de mon commentaire tout aussi reproduit in extenso… Je me dispense des guillemets…

Le motif de retrait de votre participation est : SPAM et messages répétés Les activités de spam (envoi répété de messages identiques ou très proches) à des fins promotionnelles, de harcèlement ou de pollution visuelle du site, ne sont pas autorisées par la charte du site. Reposter des commentaires déjà refusés car contraires à la charte ou qui n’ont pas encore été traités par l’équipe de modération (messages en attente), peut également être considéré comme une tentative de SPAM.
Cordialement, L’équipe de modération

Ps : pour rappel, le texte de votre article était: —————————–

Tiens, tiens… Voici donc que l’un de mes successeurs à la com’ (et presse municipale) de Belfort avait créé un blogue… Je ne découvre pas le blogue, pas davantage le fait que Bruno Kern, un jeune copain de l’époque 1977-1980, soit devenu adjoint au maire, mais l’identité de l’auteur (que j’ai peut-être brièvement rencontré lors d’un passage dans la ville).

Tout d’abord, une remarque : Belfort est une ville attachante, les Belfortaines et les Belfortains sont des personnes attachantes. Vague généralité (enfin, pour certaines Belfortaines, en particulier, c’est pour moi une appréciation plus spécifique…) mais qu’un ancien communiquant se donne la peine (et le plaisir) de créer un blogue-notes en est une preuve flagrante.

J’avais beaucoup voyagé avant d’atterrir à Belfort (France, étranger), depuis aussi. Si je conserve beaucoup de souvenirs de Strasbourg (ou Londres, par ex.), si je me sens un peu citoyen de Timisoara (nombreux séjours), quelque part, Belfort reste « ma » ville…
C’est bien sûr « faux » dans la mesure où je ne reviendrai pas m’y fixer (enfin, ne jamais dire jamais…), et je n’y serai donc candidat à rien (précision peut-être utile dans le contexte).

Ensuite, bravo à Bruno Kern. Je décrypte bien sûr certains de ses propos (il m’arrive de consulter le site du Pays, que j’ai contribué à lancer, à l’époque « contre » L’Est rep‘, relevant le défi de l’ami Goguillot qui m’avait dit « bon, tu sais, vous ferez un an, ensuite, on récupérera environ un quart des nouveaux lecteurs que vous aurez créé » ; on a fait un an et plus, non ?

Remarque d’un collègue de Maryse Piolot-Tombeur au Conseil général et d’autres, notamment d’un autre cadre venu du Nord-P.-de-C. : « dans le Nord, on cherche d’abord le consensus, et s’il ne se fait pas, les différends s’expriment ; ici, c’est tout de suite la bagarre, le tumulte, ensuite, cela s’arrange, mais, vu de l’extérieur, c’est ahurissant ».

Avec la réaction de Bruno Kern, je me demande si les choses n’auraient pas évolué dans le bon sens.

J’étais venu à Belfort défendre un journalisme municipal à la fois « engagé » (oui aux efforts visant en priorité l’amélioration de la qualité de vie de tous mais en priorité celle de ceux et celles en ayant le plus besoin) et « neutre » : pas de magouilles, de favoritisme, d’engagement partisan sur des dossiers techniques creusés, explicités, clairement exposés.
Du fait du contrat Ville Moyenne, le mensuel et le trimestriel (une vraie revue) étaient très, très « techniques » et s’il le fallait, je signais (ou pas, sous pseudo) des pages que je donnais aux deux titres (L’Alsace-Belfort, l’Est Rep’), les confrères n’ayant pas le temps de creuser certains dossiers d’aménagement. La ville a été profondément transformée…

C. Proust, furieux bosseur, a vraiment mouillé sa chemise.
Un événement caractéristique de l’époque, ce fut « la grêve du centenaire » (d’Alstom) qui vit cadres, employés, contremaîtres et ouvriers, majorité municipale (même si le PCF tentait de tirer toute la couverture à soi), et même l’opposition, à peu près « soudés ».
Belfort, c’est aussi cela.

Ensuite, j’ai constaté des dérives. D’abord, à la com’. Doubler l’effectif était facile, je suis parti seul, avec un demi-poste en soutien, une photographe pigiste. Il était normal que, par la suite, celles et ceux qui m’ont succédé ne fassent plus des journées de dix à quinze heures. Mais… D’autant que l’informatisation, la PAO, ont quand même largement facilité la réalisation des supports… Il y avait sans doute d’autres priorités.

Autre chose : des « politiques » placés à la tête de services externes créés ou développés, parfois sans grand intérêt pour la population, un certain clientélisme, puis un fonctionnement devenant de plus en plus autocratique à mon sens. Quelque peu technocrato-stal’ (stalinien est quand même un bien grand mot, n’exagérons rien).

Heureusement, le fait de la concurrence acharnée de l’époque entre Le Pays et L’Est Rep’, même si la presse régionale reste toujours frileuse lorsqu’il s’agit de risquer de se mettre à dos les autorités (locales, nationales comme dans le cas de, par ex., la police), a vivifié la vie publique.

Mais rien ne remplace une presse citoyenne critique… et responsable.
Malversations ? Sans doute… des dérapages se produisent partout. Il n’est pas fait état de « graves malversations ».

Ce qui fut le cas avec certain adjoint aux Finances par le passé, crois-je me souvenir. Un déballage est peut-être nécessaire. Implique-t-il une action judiciaire ?
Souvenez-vous du fiasco pour l’opposition de l’affaire des HLM et du siège du PS, place de la Résistance. Ou de cette plainte du PS contre le PCF à propos de… la guerre d’Algérie. Cela fit du bruit, et quoi ? Des droits de réponse ne suffiraient-ils pas ?

Je ne connais pas les protagonistes (et je connaissais peu Bruno K., un peu mieux Émile Géhant junior, mais surtout en tant qu’avocat, je ne sais comment ont évolué les uns et les autres).
Je sais en revanche que mettre à genoux un blogue est contreproductif.
Maintenant, si vous voulez qu’une presse teigneuse, vraiment teigneuse, vacharde, et un blogue beaucoup plus mordant remplace celui-ci, fouille sous tous les matelas, retourne les placards, sème une grosse zizanie, c’est toujours possible.Revenir en Jean-Édern Allier de préfecture pourrait m’amuser. 😉 (Oh, Christian C., ton truc sur un devenir de « sous-préfecture », ce ne serait pas un poil exagéré ? N’empêche, c’était bien trouvé… Fort en gueule, à la belfortaine, bravo le tribun, que dis-je ? l’artiste).

Plein feu ne me semble pas déjà « Tirs croisés ». Rappelez-vous le climat détestable de « l’affaire Mercier » (et du trac du dr Carpentier). Un peu de consensus à la nordiste ne serait pas malvenu, même si c’est moins rigolo.
L’initiative de B. Kern telle qu’exprimée ici me semble, certes de loin, bienvenue.
Mes félicitations à Philippe Belin pour son engagement citoyen. ———————–

Fermez le ban

Spam, spam, spam-spam (tatitati-tatitata…). Allons bon. Les grandes orgues de la pourriélisation auraient donc résonné. On jugera sur pièce la teneur de la partition.

M’est avis qu’avec une telle modération préalable (en amont, et non postérieure), Plein feu gagnerait à se trouver un hébergeur indépendant. Ou obtenir de pouvoir se modérer en autonomie. Rappelons que Le Post (.fr) avait perdu beaucoup de son intérêt du fait des ratés de son intempestif moteur, soit des algorithmes mal conçus de son radar à débusquer les propos malséants : c’était du grand nimportnawak.

En tout cas, allez donc consulter Plein feu, et surtout les commentaires. C’est toujours divertissant, un débat belfortain. Croyez-m’en : pour s’invectiver, rien ne vaut des Comtois.

Tenez, un « électeur socialiste » titre son commentaire « Peur sur la ville ». Rien de moins !
Tel un Jean-Michel Bezzina concluant son billet radiophonique de RTL avec un « ce matin [pause], Belfort s’est réveillée… [decrescendo, double-pause] avec la peur ! [furioso attenuendo] ».
Applaudissements et fous-rires irrépressibles des consœurs et confrères autour de lui, à l’aube, en préfecture.

Vous avez aimé Clochemerle ? Nul Landerneau ne vaudra pas Belfort en période de crise municipale.
Stay tuned!

P.-S. Aorès Bruno Kern, c’est au tour du candidat Modem aux futures municipales de se prononcer pour la pérennité de Plein feu, relate Le Pays de Franche-Comté. Christophe Grudler dénonce le risque d’un « retour de la chape de plomb sur Belfort ». Finalement, ce n’est pas très gentil pour la presse locale : aurait-elle censuré tous les communiqués de l’opposition ? Pour lui, sans le blogue, « Les salariés de la Ville et de la Cab vont se taire, tous ceux qui sont liés de près ou de loin à l’équipe municipale n’oseront plus rien dire, de peur d’être démasqués… Et Étienne Butzbach [le maire] en sortira renforcé. ».

Samia Jaber précise avoir porté plainte contre x avant Noël pour des faits d’injures et d’atteinte à sa réputation : sans doute s’agissait-il de propos de commentateurs. Ou plutôt d’un commentateur « un en particulier se trouvant au sein du conseil municipal ». Lequel aurait laissé entendre que l’adjointe participait aux activités d’un « club échangiste » : « je n’accepte pas d’être comparée à une catain ».

De son côté, à propos des « malversations » dénoncées, Ph. Belin précise que le pluriel résulte d’un lapsus de saisie et qu’il ne visait que le livre sur l’Alstom réalisé sous la direction de l’adjoint à la culture et dont un millier d’exemplaires (pour 39 000 euros) dormirait encore en mairie.
Plein feu serait le septième blogue le plus consulté du site de L’Obs, le premier étant celui de Tian (ancien du Post.fr) consacré aux faits-divers (et le sixième celui de Fred Lille, aussi ancien du Post).
Damien Meslot répond sur le blogue en évoquant le « marécage glauque des règlements de compte internes à cette vieille gauche belfortaine ». Quel marigot !

Pour prendre « le pouls » des tribuns et des joutes oratoires belfortaines, il faut s’intéresser aux passes d’armes relatives à la Place d’armes. Cela donne, sur le blogue de Ch. Grudler : « des ormes du japon pour se faire hara-kiri ? » (le maire remplaçant les chênes de la place de la mairie par des ormes, ce qui vaut suicide politique). Il faut « empêcher le massacre de la Place d’armes ». Et le maire, « tel un naufrageur attire Belfort sur les récifs ». Attention aussi aux bois flottants avant d’atteindre le rivage.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

8 réflexions sur « Climat pourri à Belfort ? Cela vaut bien un pourriel… »

  1. Modération du Post et du Nouvel Obs : ce sont bien les mêmes comiques :

    [url]http://fr.wikipedia.org/wiki/Netino[/url]

    Officiellement, ils ne sont toujours pas plus de 5 pour tout faire…

  2. Ah, j’oubliais, j’en ai déjà fait la remarque une fois, ça m’écorche la rétine quand je lis ça :

    [quote]Nul Landernau ne vaudra Belfort en période de crise municipale.[/quote]

    La cité où il est hors de question d’aller décrocher la lune sans se faire décrocher la mâchoire, c’est Landerneau.

  3. ASSEZ D’ELUCUBRATIONS! CE QUE NOUS FAISONS, NOUS Y CROYONS, NOUS FAISONS LA JONCTION!
    C R A I G N E Z M O N C O U R R O U X ! !

  4. Simple plaisanterie. Mais dites en un peu plus car votre humour détonnant aiguise l’appétit. Vous parliez d’adjoint aux finances… Bien sûr l’argent n’a pas d’odeur et c’est bien vieux. Mais tout de même…

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