Claude Allègre était ce matin l’invité de BFM TV. Il a profité de cette occasion pour parler des propositions qu’il ferait, s’il était toujours ministre, pour régler les problèmes d’éducation.

Parmi ces propositions on retiendra:

abaissement de l’âge de l’apprentissage à 14 ans. On parle de plus en plus souvent d’abaisser l’âge de la responsabilité pénale, aussi serait-il logique d’en faire de même pour l’apprentissage. Cependant, M. Allègre pense que beaucoup de jeunes font le chahut en classe simplement parce qu’on les empêche d’aller en apprentissage. Si l’idée est bonne, elle n’aura que peu d’effet sur les fauteurs de trouble: la plupart des élèves pas du tout passionné par les études et qui traînent des pieds pour aller en cours refusent d’entendre parler de l’apprentissage: pour eux, c’est aussi un travail peu passionnant qu’on va leur imposer. On ne pourra donc pas faire d’une pierre deux coups et on risque surtout d’envoyer en apprentissage tous les élèves dont on veut se débarrasser, discréditant un peu plus ces fillières.

 

évaluation des professeurs et enseignants par les parents. Je suis fortement opposé à cette idée vraiment stupide. Les parents ne sont pas aptes à juger la qualité d’un enseignant: s’ils savent mettre en avant les défauts (et souvent avec raison), ils se font leurrer par les professeurs un peu trop laxistes qui distribuent des bonnes notes sans arrêt. Avec un système d’évaluation par les parents, on va pousser les professeurs à séduire les élèves en leur mettant toujours des bonnes notes, en multipliant les goûters et les activités/sorties qui leur font plaisir, en évitant de les frustrer par tous les moyens. Rien de bon ne peut sortir d’un tel système d’évaluation. Il ne faut pas perdre de vue que l’objectif est d’aider les élèves à grandir et à s’épanouir, pas d’en faire des enfants-rois!

 

enseigner au moins deux matières. Encore une idée dangeureuse. Au collège ou au lycée, si on veut vraiment être performant, enseigner 2 matières est une utopie. Cela veut dire connaître parfaitement les subtilités des programmes des deux matières: cela demande beaucoup de temps et d’expérience, ce sont de gros efforts à fournir de la part des enseignants pour faire du bon travail. Surtout quand on leur demande d’enseigner plus de matières sans faire plus d’heures de cours! C’est vraiment une idée incongrue!

 

la décentralisation de l’enseignement. Surtout, donner plus de souplesse à la carte scolaire. M. Allègre estime que les zones très favorisées peuvent facilement accueillir jusqu’à 50 élèves par classe tandis que les zones très défavorisées ne devraient pas en avoir plus de 15. Alors là je me dis que les politiciens vivent vraiment dans un monde à part, un monde féérique où tout est forcément blanc ou noir et où tout est possible. Non M. Allègre, ce n’est pas parce qu’on est enfant de riche qu’on comprend mieux que les autres et qu’on peut s’entasser à 50 par classe! Ce n’est pas parce qu’on vit dans des cités qu’on est forcément des cancres et des voyous et qu’on doit donc être traités comme tels… Cette proposition est indécente et ségrégationniste: on reconnaît ouvertement que les pauvres et les riches sont deux espèces à part qu’il faut traiter différemment. Ecoeurant, surtout dans la bouche d’un homme de gauche!

 

revaloriser le métier. Les métiers de l’enseignement attirent moins qu’avant. En effet, les jeunes se rendent compte qu’être professeur ce n’est plus seulement que bénéficier de plus de vacances que les autres, c’est aussi devoir travailler! Si M. Allègre reconnaît qu’il y a 20% de professeurs incompétents et qu’il faut arrêter de récompenser les fervants militants, ce n’est pas en proposant de meilleurs salaires (qui sont déjà loin d’être bas à l’aide des différentes primes) qu’on donnera plus de noblesse à ce métier.

 

Alors qu’il semblait en mesure de faire un discours censé, Claude Allègre n’a fait que sortir des monstruosités qui démontrent une fois de plus que ceux qui font de la politique en France refusent de vivre comme le reste de la population dont ils ignorent totalement les problèmes et ne peuvent donc proposer que des mesures à l’opposé de ce qu’il faudrait. Il est passé totalement à côté des véritables problèmes de la jeunesse et de l’éducation. Encore une fois, Claude Allègre a été à la hauteur de son titre "représentant émérite de la gauche rétrograde", comme disait Dominique Voynet.