En ce début du mois de novembre, on célèbre au Mexique la fête des morts, ce qui permet d’organiser de nombreuses commémorations en souvenir des personnes disparues qui, selon les traditions locales, reviennent parmi les vivants les deux premiers jours de ce mois.

C’est pour cela que quelques membres de l’organisation Coalición Pro Defensa del Migrante ont choisi cette date précise pour placer 5 100 croix sur le mur qui sépare les États-Unis du Mexique en souvenir des migrants qui ont perdu la vie en tentant de franchir la frontière.

L’organisation Coalición Pro Defensa del Migrante qui, comme son nom l’indique, a pour mission de protéger les personnes qui tentent de migrer en leur proposant, entre autres choses, logement et nourriture n’a pas pour objectif d’inciter au départ, mais plutôt d’avertir les candidats à l’immigration illégale des risques encourus.

Esmeralda Siu, représentante de Coalición Pro Defensa del Migrante a expliqué aux journalistes qu’il était important de sensibiliser la population aux risques qu’elle prenait en voulant rejoindre illégalement " l’eldorado étatsunien " et que ce chiffre de 5 100 migrants qui sont morts ces quinze dernières années en tentant de franchir la frontière n’inclut pas les corps dont les restes incomplets ont été trouvés dans le désert, ni les cadavres découverts sur le territoire mexicain. En effet, ces chiffres pont été fournis par les États-Unis qui ont lancé en 1995 l’Opération Guardian visant à arrêter les migrants illégaux, en utilisant des méthodes parfois très brutales… et c’est un euphémisme.

Ce n’est pas la première fois que l’on tente de dissuader les migrants clandestins du côté mexicain. Il y a par exemple à Tijuana des cercueils alignés le long de la frontière, à raison d’un par année, avec inscrit dessus le nombre de morts respectifs (voir photo en haut à gauche).

Toujours selon Esmeralda Siu, les problèmes rencontrés par ceux qui tentent de franchir illégalement la frontière se sont aggravés ces dernières années, car si avant les migrants ne devaient affronter que le désert ou le Rio Grande selon l’endroit où ils avaient décidé de traverser, ils doivent actuellement également faire face à des bandes de voleurs, à des preneurs d’otages, aux trafiquants de drogue qui n’aiment pas les témoins, et aux agents américains de protection de la frontière qui réservent aux immigrants illégaux un traitement indigne et peu respectueux des droits de l’homme.

Selon les chiffres fournis par les autorités mexicaines, on estime à 350 000 le nombre de Mexicains qui franchissent illégalement la frontière chaque année. Il y aurait aux États-Unis près de douze millions de Mexicains dont la moitié serait des illégaux.

Quand on voit ces chiffres, quand on voit les risques pris par les migrants clandestins pour se rendre sous de meilleurs cieux, que ce soit en franchissant le désert mexicain ou en traversant la Méditerranée sur des embarcations de fortune pour rejoindre l’Union européenne, on imagine sans peine le calvaire qu’est leur quotidien.

Ces personnes ne demandent pourtant rien d’autre que de partager un peu les richesses de nos terres, mais l’homme est égoïste, et protège vigoureusement ce qu’il estime être sien. À quand une réelle mondialisation où la Terre serait rendue à l’ensemble de ses habitants et non uniquement à ceux qui sont nés dans un endroit précis, et qui n’hésitent pas à arracher le peu de ressources des contrées plus inhospitalières pour bâtir leur propre richesse en claquant la porte au nez de ceux qui viennent quémander leur part de vie.