l’Union européenne vient de tirer la sonnette d’alarme devant la poursuite insensée de « l’annexion illégale par Israël, de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie » : une telle politique constitue une grande menace pour la solution à deux Etats avec Jérusalem comme capitale commune. Elle aurait aussi pour conséquence de rendre impossible la création d’un Etat palestinien « viable et contigu ». Jugeant cette annexion « systématique, délibérée et provocatrice », l’UE agite la menace des sanctions financières. A l’heure donc où ce vieux conflit va s’envenimant, à l’heure où Stéphane Hessel, cet illustre garde-fou vient de s’éteindre, il est bon, le temps d’une séance de cinéma, de rêver.
« Zaytoun », l’étrange film de Eran Riklis nous plonge dans une sorte de tragédie encastrée dans une atmosphère du genre club des cinq où l’impossible parvient à se concrétiser, laissant entrevoir une potentielle réconciliation entre deux populations ennemies. Le film se passe à Beyrouth, plus particulièrement dans ses camps palestiniens.
C’est l’année 1982. Une année d’enfer : Israël envahit le Liban, arrive aux portes de Beyrouth sous la direction de Sharon. L‘opération « Paix pour la Galilée » forte de son aviation, de ses chars est enclenchée ; elle est hyper musclée et pour preuve elle a réussi à réduire en ruines Beyrouth, à déloger l’OLP. Sans oublier Sabra et Chatila.
C’est dans ce contexte tragique que Fahed ( Loai Nofi), un réfugié palestinien est amené à rencontrer un pilote de chasse israélien dont l’avion s’est fait abattre au dessus de Beyrouth. L’adolescent vient de voir mourir des proches, parmi lesquels son père suite à l’explosion de ces bombes que larguent les avions qui sillonnent le ciel. Des scènes de la vie quotidienne sont filmées où les rôles s’inversent. Le « faible » accompagné de son chien Churchill et de sa bande de copains exerce sa tyrannie sur le pilote déchu, Roni (Stephen Dorff) devenu leur prisonnier.
Zaytoun, ce joli nom est celui de l’olive en arabe et c’est en partie grâce à un olivier qu’affectionnait le père de Fahed, l’entourant d’une précieuse attention que l’histoire va évoluer, filmée à travers le regard de Fahed.En mémoire de son père, l’enfant va reprendre le flambeau, veiller sur l’arbuste avec l’ultime rêve de pouvoir le planter un de ces jours, en Palestine, dans le jardin de la maison des ses parents.
Pour leur survie, le passage par la case rapprochement entre ces deux est incontournable et s’ensuivra un long voyage au cours duquel ils traverseront le Liban ; à nous après la pesanteur d’un Beyrouth à feu et à sang, de ravaler notre peine pour tenter de profiter de la mer, de cette palette époustouflante de lumières, de la magie du panorama où la nature à l’état sauvage est saisissante…
Une seconde partie de film qui en dit long sur le scepticisme de Eran Riklis : le film change de tournure et a vraiment tout d’un film d’aventures à la sauce, le club des « amis » à la conquête de la Terre promise ! Sans doute pour diluer la douleur…Avant d’échanger leur nom, de se serrer la main, de se regarder droit dans les yeux sans ciller, de jouer ensemble au foot, d’être empli de tolérance l‘un pour l‘autre, il en a fallu de la méfiance, de la distance, de la détestation et du temps.
Tous deux ont l’air d’avoir fini par comprendre que les racines sont dures à briser, qu’elles ont la vie dure, que tout déracinement est synonyme de violence. On imagine que l’un comme l’autre après cette rencontre se sentira plus léger avec en moins tout le poids de ses anciens préjugés. Et en attendant ce compromis qui tarde à venir, le conflit se poursuivra. Le pilote continuera d’obéir aux ordres en larguant du ciel ses bombes pendant que le réfugié lui, lancera des cailloux sur l‘ennemi. Rapport de forces oblige ! Un Roni, un Fahed, ne suffisent pas à eux seuls pour dénouer un si vieux conflit. Nous sommes si peu nombreux à nous indigner devant les injustices. Et à chacun sa chapelle, en plus…
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