Quand en 1988 sous la pression internationale, Augusto Pinochet pris à la gorge, est obligé d’organiser un référendum, une vaste campagne présidentielle est lancée au Chili. « No » le film de Pablo Larrain avec Gael Garcia Bernal, Antonia Zegers, Alfredo Castro, nous relate ce combat engagé sous le signe de la drôlerie. 

Pour la première fois, l‘opposition aura un précieux droit de parole à raison de 15 minutes par jour, sur une durée de quelque 28 jours. Cette fameuse campagne du non, « Alegria viene » est confiée à un publicitaire apolitique, René Saavedra (Gael Garcia Bernal). Animé au départ par le sens du challenge d’ordre purement professionnel, il verra progressivement s’éveiller sa conscience politique, suite aux agressions que son ex compagne et lui-même subiront. 

Ses idées sont claires : pour toucher les indécis, les abstentionnistes, il faut y mettre du punch et beaucoup ! Il puise sans modération dans la légèreté, la gaieté, les couleurs, le mouvement pop. En somme un message jovial avec comme logo un ravissant arc en ciel. Ni morts, ni disparus, ni torturés, victimes de la dictature ne seront exploités pour servir de dénonciation de la dictature en place. 

La campagne du oui au général, qui lui succède après les premières 15 minutes en prend un sacré coup, apparaissant  autrement plus ringarde, arrogante et déprimante. Même Augusto Pinochet finit par y perdre de sa superbe jusqu’à prendre le visage d’un pantin. Le pouvoir des effets subliminaux s’avère de ce fait contre productif. 

Devant ces deux propagandes aux facettes si opposées, un accueil plutôt favorable est réservé à la campagne du no ; un succès devenu motif des ennuis infligés à ses auteurs qui feront l’objet de menaces et d’intimidations. L’écart se resserrant entre les camps, s’engage alors entre eux un marathon où le camp du oui, en perte de vitesse, cherche éperdument à rénover. 

Nous sommes amenés au cours du film à suivre cette campagne dans les coulisses ; on assiste à des tournages de spots où se mêlent si bien archives et fictions. En définitive, grâce à la publicité, le dictateur Pinochet se fera éjecter du pouvoir : ironie du sort, un des moteurs du capitalisme, celui-là même qui lui a servi de tremplin  lors du coup d’Etat en 1973 contre Salvador Allende, aura un effet à double tranchant ! 

Le caractère inédit de cette campagne pacifique, à la fois colorée et joviale qui a réussi à inverser la tendance auprès d’une population à priori acquise au général Pinochet est épatant; mettre fin à un régime des plus oppressifs avec peu de moyens, sur fond d’allégresse, est le summum ! Un volet de l’histoire chilienne qui devrait être source d’inspiration pour toutes ces populations désarmées, armées ou en manque de repères face à des régimes dictatoriaux…

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