Alors que Joseph Stiglitz, prix Nobel de l’économie, considère comme le secrétaire d’Etat au trésor américain et d’autres éminents économistes que la crise est loin d’être finie, Madame le Ministre « des déclarations hâtives » nous affirme l’inverse de façon péremptoire.

 

Comme si la hausse de vendredi 19 septembre de 9,27 % de la Bourse de Paris, avait effacé d’un trait de crayon toutes les vicissitudes et les déboires causées par la crise des subprimes. Christine Lagarde a balayé d’un revers de main 13 mois de crise et de faillites en tous genres (banques, établissements de crédits, fonds de placements, compagnies aériennes, etc.).

 

Ce n’est pas la première fois que la première dame de Bercy se singularise dans des prévisions macroéconomiques hasardeuses pour ne pas dire désastreuses, qui ressemblent plus à des pronostics du Loto sportif qu’à une analyse fondamentale et circonstanciée de la croissance et de la crise monétaire. 



La liste de ses interventions médiatiques intempestives est longue, plus précisément en ce qui concerne la croissance. En effet, à de multiples reprises, l’ex-avocate a communiqué des chiffres erronés ou approximatifs sur l’évolution future du PIB et sur la situation économique. Fin 2007, elle a même fait l’objet d’une admonestation de la part de l’OCDE, qui considérait que les prévisions de la France en matière de croissance étaient beaucoup trop optimistes et ne justifiaient pas ; des statistiques supérieures de 0,5 à 1 % à celles des plus grandes organisations internationales (FMI, OCDE, Commission européenne par le biais d’Eurostat). Ce qui n’empêchait pas notre ministre de contester ces chiffres officiels, de persister dans l’erreur et de signer. Malhonnêteté intellectuelle ou stratégie politicienne ?

 

Madame Lagarde devrait affiner son analyse sur les marchés et l’évolution de leurs environnements, et ne pas se laisser « duper » par une unique hausse record qui n’a aucune signification sur le long terme, excepté celle d’un rebond technique après quatre séances de forte baisse. Comme si cette envolée erratique du palais Brongniart suffisait à rétablir l’ordre sur des marchés financiers faussés par des pratiques spéculatives qui se déclinent sous forme d’options de ventes (Put), de ventes à découvert – qui devraient être momentanément supprimés alors que les achats à découvert subsistent ? –, et autres instruments financiers qui brassent des milliers de milliards de monnaie fictive, soi-disant pour fluidifier les marchés financiers en fournissant plus de liquidités aux agents économiques !

 

L’épuration des marchés financiers et l’apurement des comptes n’est pas finie, loin de là, n’en déplaise à Christine Lagarde, car nul n’est en mesure à l’heure actuelle de chiffrer l’ensemble des expositions des banques et autres institutions financières à la crise des subprimes – y compris en Europe et en France –, ni ne peut prévoir les dommages collatéraux causés par ce cancer de la finance. Ainsi que toutes les conséquences induites par ce fléau sur l’économie mondiale.