Quand Christine Boutin n’avait pas de mots assez durs contre Nicolas Sarkozy…
Plus d’une fois elle a critiqué fortement le bilan de Nicolas Sarkozy ! En 2009, par exemple, lorsqu’elle avait été virée du gouvernement, « elle avait même admis avoir eu – un moment – envie de l’étrangler », selon Le Figaro.
Elle fustigeait le bilan de Sarkozy et surtout du parti majoritaire. En mars 2011, elle déclare à l’Express : «depuis 2007, l’UMP a glissé vers des valeurs exclusivement sécuritaires, délaissant de nombreuses dimensions sociales de l’action publique. Ce parti nous prépare une société ultralibérale économiquement, libertaire sur les questions de société et ne cesse d’agiter des tensions, par exemple sur l’islam».
Devant son propre parti, elle avait eu des mots très durs à l’égard de Sarkozy et de sa politique. Elle déclarait : « la rupture entre Nicolas Sarkozy et les Français est profonde». Elle dénonçait la «désacralisation de la fonction présidentielle», le «show permanent» dans l’action du chef de l’État et son «goût excessif pour l’argent» ou «la médiatisation impudique». Elle disait « qu’il serait très difficile pour lui de rebondir» et qu’il serait donc «dangereux et irresponsable» que la droite soit représentée par un candidat unique ».
Toutes les occasions étaient bonnes pour critiquer le Président, comme à la mort de Kadhafi, en octobre dernier, quand elle s’était souvenue en public de Sarkozy lorsqu’il lui serrait la main…
Sur le bilan toujours, elle avait déclaré à un journal « L’école, c’est la Bérézina de Sarkozy »… « Sa politique familiale? Le vide absolu»… «aucun des objectifs n’a été atteint.»…
En janvier, elle a encore dit : «Aujourd’hui, je le dis très clairement, la TVA sociale comporte des dangers réels pour les plus fragiles d’entre nous».
A plusieurs reprises, elle avait tenu des propos très violents contre Sarkozy, destinés à le menacer si elle n’obtenait pas ses cinq cents signatures ! Elel avait dit sur les ondes « qu’elle pourrait lâcher une bombe atomique contre lui si elle n’obtenait pas ces parrainages ». Les observateurs politiques avaient alors tenté d’imaginer ce que ce pourrait être sans deviner la solution. On avait pensé à un possible soutien de François Hollande, mais pour atténuer les effets, elle avait alors laissé échapper que cela pourrait être plutôt « à Bayrou », Idée qu’elle a abandonnée, lorsqu’il s’est prononcé pour le mariage des homosexuels !
Et c’est finalement au Figaro, qu’elle a révélé cette semaine ce qu’aurait été « sa bombe atomique »… « Elle aurait fait la grève de la faim » !
Quand Christine Boutin se rallie…
Elle n’a pas obtenu ses parrainages mais contre toute attente, elle ne se présentera pas à l’élection et s’est ralliée à Nicolas Sarkozy. Hier soir donc, elle a annoncé qu’elle se retirait de la course à la présidentielle et qu’elle se ralliait à Nicolas Sarkozy.
Sur son site, c’est comme une résurrection « Je fais alliance avec Nicolas Sarkozy pour la France » (on croit entendre vaguement : je fais dont de mon corps à la France… mais non, il y a juste une vague ressemblance…)
Toujours sur son site, elle commence sa déclaration de ralliement en désignant son nouvel ennemi « François Hollande. « J’ai mené cette campagne depuis neuf mois parce que je porte des convictions et des valeurs essentielles à notre société : la dignité de la personne humaine de sa conception à sa mort naturelle, le souci du plus fragile, l’importance de la famille pour la cohésion sociale, la place majeure de l’éducation, la liberté d’entreprendre et la nécessité de s’appuyer sur son histoire et ses racines pour se projeter dans l’avenir. Sur toutes ces questions, François Hollande représente clairement un danger pour notre pays »
Ce qui prêterait à sourire, c’est qu’un peu plus bas dans un article précédent, on lit « lors de son discours de Lavaur sur la famille le 7 février 2012, Nicolas Sarkozy reprend de nombreuses analyses qui figurent déjà dans le projet de Christine Boutin. Il ne lui reste plus qu’à reprendre ses propositions… » (C’est ce jour là qu’il a enregistré son entretien pour Le Figaro)
Pourquoi un virage à 180° ?
Dans sa déclaration de ralliement à Nicolas Sarkozy, elle s’explique sur son changement de position :
« Les récents discours du Président et son entretien au Figaro Magazine ont marqué un tournant majeur. Nicolas Sarkozy reprend à son compte ces valeurs que je porte et qui ont toujours été celles de la droite : il a clairement affirmé sa volonté de préserver la famille, de respecter toute personne en fin de vie, de refonder l’école et d’assumer notre histoire et nos racines judéo-chrétiennes.
Je ne peux que me réjouir de constater que mon courant politique, celui des chrétiens-démocrates, a gagné la bataille des idées au sein de la droite. C’est une excellente nouvelle ».
Visiblement, ce serait en lisant l’interview du Pérsident-candidat qu’elle aurait eu comme une révélation en comprenant qu’il reprenait en compte ses propres valeurs à elle !
Cette fois, c’est juré son ennemi absolu, c’est plutôt François Hollande, car lui « c’est l’adversaire de ses idées, car elle, comme le Président (croit-elle maintenant…) est attachée à la famille et « aux valeurs judéo-chrétiennes». Le Président est aussi pour le mariage classique, contre celui des homos et contre l’euthanasie. Voilà des idées qu’elle partage tout à fait ! Elle s’est aussi félicitée parce que « Le président de la République fait aussi la distinction entre éducation et instruction et lève le tabou de l’immigration».
Elle fait donc, comme si elel avait gagné sur le plan des idées, en constatant la « droitisation » du Président-candidat… Il n’y a que le référendum sur le chômage qui la gêne !
Les idées c’est bien, mais elle n’est pas totalement désintéressée puisqu’elle a fini par négocier un accord avec l’UMP (ce parti sécuritaire, etc…), cent circonscriptions réservées pour des candidats de son petit parti aux législatives de juin.
Donc, elle a bien précisé que « c’était une alliance et pas un ralliement ». Elle n’aurait pas demandé de poste au gouvernement à Nicolas Sarkozy.
Malgré sa campagne douloureuse, voilà une candidate de moins à droite. Le Président commence donc à resserrer les rangs dans son camp, avant l’annonce de sa candidature, Mais est-ce que ce sera suffisant ? On annonce qu’un autre candidat serait prêt à regagner sa maison. Les ralliés étant tout juste à 1 %, ce sera peut être insuffisant pour amorce
(Sources Midi Libre, Libération, Le Figaro, Le Nouvel Obs)