Admettons-le, la christianophobie n’est pas vraiment dominante ni vociférante dans l’univers israélite, tant en Israël que dans la diaspora. Mais voilà de quoi faire la tête de page d’accueil de Riposte laïque : après les faits de vandalisme au cimetière chrétien orthodoxe de Jaffa, en juin dernier, qui rappelaient ceux d’octobre 2011, voici qu’une quinzaine de tombes chrétiennes d’un cimetière de Jérusalem ont été détruites ou défigurées.  

Notre religion de paix, blablabla. C’est toujours la même antienne, qu’il s’agisse de chrétiens, de mahométans ou d’israélites : les violents, les profanateurs de cimetières, les assassins, &c., ne sont pas représentatifs.
Il ne viendrait à personne de remettre en question ses fondamentaux, nécessairement bons, altruistes, pacifiques, en dépit de toute évidence.
Remarquez, cela peut se concevoir. Regardez, écoutez, observez ce qui se dit, s’écrit de nos démocraties : systèmes visant à la justice. LOL. MDR. Cela fait plus d’un, deux, trois millénaires que les actuelles principales religions se targuent d’apporter leurs bienfaits au monde, et déjà quelques siècles que les démocraties sont censées progresser vers plus de justice, notamment sociale. Mais bon, l’espoir fait vivre… Et comme le disait Churchill (air connu).

Chez Riposte laïque, où l’on soutient le mouvement loubavitch, mais surtout plus l’UEJF (Union des étudiants juifs) depuis qu’elle s’en est prise à Valeurs actuelles à propos des naturalisations d’étrangers (voir à ce sujet, sur Come4News, « Naturalisations : le bluff total de Valeurs actuelles »), Alon Gilad est toujours en pointe contre les musulmans.
De même, les israélites ou juifs « déviants » (genre Askolovitch qui, pourtant, n’est plus tout à fait un anarcho-bolchévique, ou Laurent Fabius, suspecté à présent d’être un Frère – musulman – infiltré), méritent systématiquement les volées de bois vert d’Alon Gilad.

Quand des salafistes ou d’autres branches musulmanes s’en prennent à des chrétiens, on peut compter sur Riposte Laïque pour nous abreuver de détails.

On va donc en obtenir bien davantage de cette source que de la presse israélienne qui, en large majorité, dénonce les actes répétés visant des enceintes religieuses chrétiennes, et notamment à présent des cimetières. Parfois, ce sont les « Russes » (ex-Soviétiques intégrés un peu hâtivement au prétexte d’une ascendance juive) qui sont visés. Là, après les deux actes de vandalisme ayant visé un cimetière chrétien de Jaffa, c’est à un autre, de Jérusalem, que s’en sont pris quatre jeunes gens âgés de 17 à 26 ans. Il s’agit de jeunes colons, dont deux, selon la police israélienne, appartiendraient au mouvement Hilltop Youth.

En début d’année, c’était un fort pieux israélite qui avait été inquiété pour la dégradation des murs d’un monastère chrétien, celui du Latrun (ou Latroun, une colline proche de Jérusalem). Les trappistes avaient découvert des inscriptions du genre « Jésus est un singe ». Cela correspond à la stratégie dite du price tag (l’étiquette mentionnant le prix, ou « prix à payer »), qui est une sorte de fort biblique œil pour œil, dent pour dent. Dès que le mouvement des colons subit une critique, un revers, il faut que les musulmans, les chrétiens, les autorités israéliennes en payent le juste prix.

Le price tag, c’est d’ailleurs ce que, de fait, mais à mots couverts, pour rester dans les clous et ne rien craindre financièrement (enfin, beaucoup plus depuis que le PS a réinstauré la gestapo et la police des esprits, à en croire les « laïcs » de la Riposte), Riposte laïque prône. Mais jamais contre les chrétiens ou les israélites, sauf exceptions (les « renégats ») politiquement justifiées.

Mais peu importe. Chaque religion accouche d’extrémistes, qu’elle a fécondé, mais qu’elle renie dès que ses intérêts lui indiquent de ne pas trop s’attirer l’inimité des autorités, ce qui risquerait de la priver de ressources, notamment financières ou symboliques. Qu’extrémistes et moins extrémistes, et autres croyants ou fidèles, puissent se référer quasiment aux mêmes fondamentaux n’est jamais ressenti comme une forte contradiction.
Mais il se trouve quand même des israélites israéliens se proclamant modérés pour défendre et illustrer le zèle colonisateur et religieux des Jeunes des collines. 

Rappelons aussi que d’autres monastères chrétiens (catholiques romains, orthodoxes, autres) ont été la cible d’ultra-religieux israélites. Dont celui des sœurs de Bethléem à Beit Jamal (ou Gemal, Jimal, situé près de Beit Shemesh). C’était le 21 août dernier.
À cette aune, Riposte laïque devrait aussi évoquer un prix à payer… Eh bien non. Cela, au prétexte que les Jeunes des collines seraient peu nombreux. Mais, al-Qaeda était-elle vraiment forte de tant et tant de bataillons à ses débuts ?

Pour The Times of Israel, se fondant sur des déclarations policières, les quatre jeunes profanateurs de ce dimanche fréquenteraient des yeshivas (écoles religieuses). Ah, on vous rétorquera que toutes les yeshivas n’ont pas le même programme d’enseignement !

Naftali Bennet, le très religieux ministre israélien de l’Économie, vient encore de bercer des parlementaires chrétiens d’illusions lors d’une conférence des « Alliés d’Israël ». Son parti, le Foyer juif, appuie à fond les quelque 342 000 colons implantés en Cisjordanie. Et il voudrait que les familles de colons comptent toutes huit, neuf, dix enfants, comme à Betar ou Modiin Illit.

Au Québec, ce dimanche a été marqué par une marche de protestation réunissant israélites, musulmans et sikhs, genre « tous ensemble, ouais, ouais » pour garder nos kippas, nos turbans, nos voiles en toutes occasions. Le gouvernement de Pauline Marois veut que les fonctionnaires ne puissent faire montre d’appartenance religieuse. Mais son parti, le Parti Québécois, estime que les crucifix font partie de l’héritage culturel de la Belle Province. Faudrait savoir…
On peut effectivement le voir ainsi, sauf que… combien de totems indiens ont-ils dû céder la place à des crucifix ?

En fait, les religions ne souvent que le support des ambitions fort peu spirituelles des humains, d’enjeux de pouvoirs, souvent antagonistes.

Mais dans le cas présent, si Riposte laïque cherchait la cohérence, il faudrait que les principales et principaux chef·fe·s de file de ce mouvement, si prompt à soutenir le sionisme politique (et donc, à présent aussi, religieux), demande des comptes et des déclarations aux composantes israélites qui le soutiennent. Car on peut prendre leur prose et très souvent, à la lumière de ces attaques contre des symboles ou lieux de vie chrétiens, substituer parfaitement les termes de musulmans et d’israélites. Il serait grand temps de s’en rendre compte.