"Je veux dire les choses telles qu’elles sont" : c’est curieux, cette manie qu’a Nicolas Sarkozy de s’afficher ainsi en homme qui n’a pas peur de dire la vérité, alors même que le propos qui suit est totalement faux, comme on a pu à nouveau le vérifier lors de la présentation de son Plan jeunes, à Jouy-le-Moutier le 24 avril dernier (discours en vidéo disponible ici) : "La France, depuis des décennies, a un taux d’emploi des jeunes qui est l’un des plus faibles de l’OCDE. Pour faire clair, dans notre pays, il y a 46% des jeunes qui ont un emploi, alors que la moyenne des jeunes qui ont un emploi dans les autres pays, c’est 63%. Bref, il y a un peu moins d’un jeune sur deux qui a un emploi en France ; dans les autres pays, c’est deux jeunes sur trois. Voilà la question, elle est structurelle : pourquoi ? On doit comprendre, qu’est-ce qui se passe ? Y-a-t-il une fatalité ? Pourquoi les jeunes ont moins d’emplois chez nous que chez les autres ? (…) Voilà le problème structurel : une très mauvaise habitude de nationalité française (ou "de la société", on ne comprend pas, il avale les mots) : un jeune sur deux sans emploi (…)."
Dans notre récent article La stratégie du "benchmark" pipeau, nous pointions, avec de nombreux exemples à l’appui, que les sarkozystes prétendent très fréquemment se livrer à des comparaisons internationales en tordant le cou à la réalité, alignant sans vergogne d’énormes contre-vérités. Nous nous étions entre autres appuyé sur le blog de "ré-information" économique du journaliste spécialisé Jean-François Couvrat, DéCHIFFRAGES. Donnons-lui à nouveau la parole, citant son article Le chômage des jeunes en chiffres frelatés : "Ce qui fait la spécificité française, ce n’est ni le chômage des jeunes ni leur réticence à l’emploi, c’est leur grande attirance pour les études. Peu d’étudiants ont un emploi. Cela n’en fait pas des chômeurs. En réalité, la proportion des jeunes de moins de 25 ans au chômage ne dépassait pas 7,3% en 2007, selon Eurostat. C’est un taux très proche de la moyenne européenne. (…) Quant aux chiffres avancés par Nicolas Sarkozy – un taux d’emploi des jeunes de 46% en France et 63% ailleurs -, on ne sait d’où ils sortent. Selon l’OCDE, le taux d’emploi des jeunes Français atteint 31,7%, contre 37,7% en moyenne dans les autres pays d’Europe membres de l’organisation. Cela exclut l’erreur de frappe. Le Président de la République avait cependant une bonne raison de présenter un tableau très noir… et, comme il le dit, « structurel ». Il lui fallait faire oublier que toute sa politique depuis l’été 2007 a consisté à freiner l’embauche des jeunes, que le papy-boom impliquait. Heures supplémentaires subventionnées pour ceux qui ont déjà un emploi, recul de l’âge de la retraite, immigration choisie… Le résultat est visible. En six mois, de janvier à juin 2008, le chômage des jeunes s’est remis à croître tandis que le chômage des adultes a continué de diminuer : 37 200 chômeurs de moins chez les adultes ; 15 800 de plus chez les jeunes. Jamais, depuis 1997, on n’avait observé une telle divergence entre les deux courbes, au détriment des jeunes."
Gérard Cornilleau, directeur adjoint du département des études de l’Observatoire français des conjonctures économiques, dans une interview accordée à Libération, rétablit lui aussi la vérité. A la question "L’assertion de Nicolas Sarkozy selon laquelle la France détient le record du chômage des jeunes en Europe est-elle exacte ?", il répond par la négative : "En 2007, d’après l’OCDE, 19% des jeunes de 18 à 24 ans en activité étaient au chômage en France, contre 14% en Grande-Bretagne et 12% en Allemagne. Mais comme, en général, les jeunes Français ne cumulent pas un travail avec une formation, ou en tout cas moins que dans les autres pays, la part des jeunes au chômage était en réalité plus faible chez nous qu’en Grande-Bretagne : 7%, alors qu’elle est de 9% outre-Manche. Seule l’Allemagne faisait mieux, avec 6% de jeunes au chômage." Le journaliste lui demande alors : "Pourquoi le Président dit-il cela, alors ? Pour asseoir son plan ?" Sa réponse est cinglante : "Peut-être, mais c’est totalement faux. (…) Chez nous, la majorité des jeunes ne sont pas dans l’emploi, ils ne sont pas en activité. La plupart sont à l’école. Donc ils ne sont pas comptabilisés parmi les actifs. En 2007, 545 000 jeunes étaient au chômage en France, ils étaient 648 000 en Grande-Bretagne." Enfin, quand Sarkozy évacue la contradiction entre le recul de l’âge de la retraite et la volonté de favoriser l’emploi des jeunes d’un pitoyable "mettre les vieux de 50 ans et plus en préretraite pour faire de la place aux jeunes, c’est une fausse solution", l’éminent économiste le contredit très clairement : "C’est de la réthorique pure. (…) Cela fait de la place pour les jeunes. On ne peut pas le nier." Si : Sarkozy le nie ! La preuve est faite une nouvelle fois : cet ersatz de président, vivante insulte à l’intelligence, dit constamment n’importe quoi. Et l’on peut évidemment se révolter que les journalistes, dont c’est le métier, ne le dénoncent pas davantage.
Les jeunes et les Autre !!!!
Bonjour Olivier Bonnet oui encore un scandale de plus qui consiste encore une fois a donner aux patrons et réduire le salaire de ceux qui avait encore l’envie de travailler
Je me demande combien d’années après le Bac il faut faire pour être payer a 75 % du smig ?
Amitiés Laury