La maison du couple rebelle de Chongqing, devenu le porte-parole des expropriés de Chine, a fini par être détruite lundi soir à la suite d'un accord avec le promoteur immobilier qui a mis fin à un conflit vieux de trois ans mais très médiatisé depuis dix jours.
Le bâtiment d'un étage de Wu Ping et de son mari, Yang Wu, qui, il y a quelques années abritait au rez-de chaussée un restaurant, a été démoli par une pelleteuse. Leur combat, vieux de trois ans dans cette ville du sud-ouest de la Chine en pleine rénovation, avait soudain été projeté en pleine lumière, faisant le tour du monde, en raison de l'image spectaculaire de leur maison semblable à un îlot au coeur d'un chantier.
Mardi, un tribunal de Chongqing, agissant dans le cadre d'un arbitrage, a annoncé qu'ils se verraient octroyer une nouvelle maison, au sein du projet immobilier "Broadway Plaza", d'une valeur de trois millions de yuans (390.000 dollars), une somme exceptionnelle en Chine, où le salaire urbain par tête est de moins de 3.000 yuans par mois dans les grandes villes. Ils recevront également 900.000 yuans de dommages et intérêts pour avoir été privés pendant trois ans d'eau, d'électricité et d'un accès par la route. Au lendemain de la démolition de sa maison, Mme Wu, qui avait donné des centaines d'interviews aux médias de Chine et du monde entier devenant un phénomène médiatique, avait disparu de la circulation.
Les habitants de Chongqing ont découvert mardi matin le site, devenu célèbre, sans sa fameuse "maison-île". La popularité de Mme Wu, elle, reste intacte dans la foule qui se presse encore autour du chantier.
Deux semaines après l'adoption d'une loi sur la propriété, gravant pour la première fois la défense de la propriété privée dans le marbre, le couple était devenu le symbole de cette cohorte d'expropriés, victimes des promoteurs immobiliers et des politiques.