Le prix du redoublement…

   Après l’annonce d’une concertation sur la semaine de 5 jours, (déjà traité le 18/0/) haro sur le redoublement qui coûte entre 2  et 2,5 milliards par an.

   Que ce soit un problème, nul n’en doute.

   Avant de s’appesantir sur les seuls effets financiers qu’on pourrait résoudre simplement en interdisant le redoublement, il est prudent d’évoquer les causes. De définir la fonction de ce que chacun prend, dès sa prononciation comme une sanction, et d’évaluer les résultats.

   Pour avoir longtemps observé le suivi de cette pratique, je peux dire, d’après mon expérience, que pour 50% des lycéens c’est positif. La « cohorte », selon le terme consacré, concernait les secondes. A ce niveau, sauver un élève sur 2 n’est pas un résultat médiocre.  Je pense aussi qu’il sera difficile de faire mieux, pour une foule de raisons qui auraient dû être prises en compte auparavant. Disons que l’on repêche. Avec pour les élèves de cet âge, le handicap supplémentaire de se situer à un moment crucial de leur adolescence. Mais inutile de s’étendre davantage pour cette situation de bout de chaîne.

   Le redoublement, en tant que sanction, est prononcé pour clore une année durant laquelle le contrat a été volontairement entaillé. L’élève a le niveau intellectuel mais a choisi pour des raisons non recevables de sortir de la route. Ne pas le sanctionner serait alors à ses propres yeux une erreur du système scolaire. Traité avec soin, il peut reprendre la route. Et souvent la reprendra.

   (J’ai été  dans ce cas. Un an d’avance et une crise de bouton en 2de. J’ai fini la 2° seconde avec les félicitations. Et je crois pouvoir dire que cette sanction a été très bénéfique. Mais à chacun sa problématique.)

   Ajoutons que l’idée de rendre la décision aux parents n’a rien arrangé. Les parents engendrent presque tous des génies incompris. Et les enfants pensent que papa passera derrière pour corriger l’incompréhension dont ils ont été victimes. Passons aussi sur le corps enseignant qui, en chaque matière, pense que sans réussite dans leur matière, comme Malraux, les élèves n’auront pas le bac et tourneront mal.  

   Jusque là, le problème du redoublement n’est pas traité. Après la marge, la masse.

   Où naît le problème ? A l’origine. Tous les efforts doivent porter sur le primaire. Pour aller de l’avant, il faut des bases. Faute de leur acquisition, la suite sera un long et pénible chemin. La langue parlée comme écrite doit mériter en temps et soin toute l’attention. Idem mais ensuite, pour les bases du calcul. Oublions ceux qui réussissent tout seul. Inutile un gavage propédeutique. Inutile leur classement. Seuls les autres, ceux qui pour des raisons sociales, linguistiques, comptent. Le primaire en 7 ans, des cours supplémentaires, à la pédagogie de nous proposer les solutions individuelles que la situation nécessite.

   Alors, et alors seulement, la porte du collège est ouverte. Et, sauf cahot particulier, le redoublement doit disparaître.

   Qu’on doive revoir les programmes pour atteindre cet objectif est évident. Encore faut-il que cette décision de réussite du cycle primaire soit prise. Car chacun sait, même s’il le refuse, que l’enfant a conscience de son échec. Il en connaît les causes. Et toutes ne dépendent pas de lui. Mais il est certain que s’il passe en classe supérieure par l’échec, c’est une injustice qu’il va traîner toute sa vie durant.

   On préfère le coût à long terme avec les jérémiades associées, avec des aléas  hypothétiques et des remèdes douteux.

   Sur le plan politique, il importe de dire que le recrutement annoncé ne doit concerner que le primaire. Que le rythme de la semaine dépende de l’intérêt du seul enfant. Autant dire de se mettre tout le monde à dos. Pourtant, il s’agit de l’avenir de notre société. Le business, hélas, va encore une fois, vaincre l’homme. Et en premier l’enfant-homme.

   PS Dans des pays scandinaves, je crois que l’on ne redouble pas au lycée. Si on y rentre bien équipé, c’est une bonne formule.