Déjà auteur d’un Le Pot aux roses consacré à François Hollande, Charly (Charles Duchêne de son pseudo antérieur) récidive, toujours aux éds JBDiffusion, en décochant des piques à Emmanuel Macron dans un (prématuré ou prémonitoire, c’est selon) Ça sent la rose !.
Si la première impression compte, celle de Ça sent la rose collera durablement aux basques d’un président que Charly, devenu féroce pamphlétaire tel le père Duchesne (1789 et suivantes, pseudo collectif d’un précurseur du Marat publiciste de L’Ami du peuple), poursuivra sans doute de son exécration. Car ce petit opus d’une petite centaine de pages, quinzième du genre (depuis Il présidera, 2005), aura assurément une suite. Toujours en compagnie du caricaturiste du Canard enchaîné, Jean-Michel Delambre (auteur de maintes illustrations aérant la lecture des ouvrages charlyesques). Ça sent la rose brosse les quelque trois premiers mois de l’actuelle présidence et ambitionne, faute de pouvoir tirer la chasse, de créer un appel d’air. Qu’actionneront peut-être les plus prometteurs et douées de la jeune garde de la France insoumise. C’est du moins ce que pressent Charles « Charly » Duchêne, en froid avec un Méluche méluchonnant (et ses groupies Voix de son maître) au point de faire fuir un électorat qui le trouvait, naguère, prometteur. Mais, chez Charly, si l’observation des évolutions politiques reste primordiale, le style, direct, familier, prime tout autant, mis au service d’un humour, acerbe, narquois, primesautier, tintinnabulant en jester à clochettes agitant ses klappersteins, titillant aux dépens d’un peu tout de ce qui le défrise (et chagrine, voire souvent offusque la gent plébéienne).
Miscellanées
On trouve de tout au BHV (le Bazar du Marais), idem chez Charly. Lequel écrit souvent aussi précipité et foutraque que votre serviteur (nous nous lisons de longue date, au point peut-être de déteindre). D’où ces digressions récurrentes, d’un essai à l’autre, sur les parcours vers les divers salons du Livre (au nord de la Loire le plus souvent), et les bonnes adresses qui les jalonnent. C’est le petit travers pédagogique de Charly qui ne cesse d’inciter ses lecteurs à dénicher le gîte d’exception ou la cantine hors du commun à tarifs plus que raisonnables. S’il trouve, vous pourrez aussi passer expert dans l’art d’éviter les arnaques au long des routes. Là, avec Emmanuel Macron, c’est pour lui l’évidence, la plupart d’entre nous, gens de peu de revenus, s’est faite filouter. Pédagogique… Soit exposant l’impact de diverses macroniennes mesures budgétaires. Pour un smicard, le bonus sera, sur la fiche de paye, de 2,84 € mensuels ; pour un, une salariée au niveau moyen national, de 8,51 ; et pour une employée à mi-temps en touchant 900, ce sera 1,53 de mieux à la fin du mois. En revanche, les ponctions diverses anéantiront ce pactole. Ce que Charly met en rapport avec le gain pour Bercy de la réforme de l’APL (32,5 millions attendus, soit 0,0068 % de la fortune de Bernard Arnaud). « Pourquoi pénaliser 6,5 millions de personnes, alors qu’une seule pourrait y suffire ? », s’interroge Charly. Le coup de torchon sur l’ardoise de l’ISF l’a sans doute – litote – froissé. Charly saute souvent du coq à l’âne, et s’attarde aussi sur le sort de la musulmane de Laponie, obligée d’enfiler une burqa XXXL sur des empilements de pelisses et subissant, lors du ramadan, un jeûne de 22 heures et quelques (davantage si le calendrier de l’hégire coïncide avec le Midsommar de juin). Charly ne l’exprime pas ainsi, mais son détour à propos du burkini me l’a inspiré. Charly Chapo (voir infra) sautille d’un sujet d’actu à d’autres, proposant par exemple – au nom de la parité –, de remplacer la moitié des coqs des clochers par des poules. Cela étant, le Charly polémiste a parfois le raccourci un peu trop riquiqui, s’en prenant à une Europe dont la dirigeance dépend pour l’essentiel des décisions des chefs d’État et de leurs ministres des finances. Feindrait-il de l’oublier ? Mais qu’on soit en phase ou désaccord avec sa prose, elle vous suscitera maints sourires. Même les analystes d’En Marche, quelque peu éberlués par la chute brutale des sondages, ne sauront s’en empêcher. Ça sent la rose ! est plus présent dans les rayonnages des bibliothèques (même celle de Mouscron, en Belgique, bientôt…) que sur les étals des librairies (mais votre libraire peut le commander : c’est six euros, avec une douzaine d’illustrations de Delambre). Mieux, en prenant langue avec l’auteur (Twitter, @CharlyChapo ; F., idem en deux mots) – repérez aussi l’homme chapeauté sur les salons du Livre – vous pouvez espérer une dédicace.