Pas dégonflée, l’équipe rédactionnelle de Charlie Hebdo. Juste après le numéro « Charia Hebdo », une couverture figurant un caricaturiste et un mahométan se roulant un palot baveux. Au moment ou David Cameron propose de couper toute aide aux pays du Commonwealth dont les lois sont discriminatoires à l’égard des homosexuels, dont évidemment des pays musulmans, c’était sans doute dicté par l’actualité…

 

Pas plus que La Poste sur le front de ses clients, il n’est écrit Allah, ou Mohammed, ou Mahomet sur le front du musulman qui embrasse à pleine bouche un dessinateur de Charlie Hebdo. Une semaine après avoir sorti « Charia Hebdo », ce serait donc la réconciliation. Pas au point de passer de la pelle roulée au 69, mais après charia, c’est charrie grave, pour l’hebdo de Charb. « L’amour plus fort que la haine » : certes. L’islam n’est pas trop prude, mais l’amour et pas la guerre est un slogan qui s’interprète fort différemment dans la oumma, la présumée communauté musulmane.

David Cameron, Premier ministre du Royaume-Uni, a-t-il voulu draguer la communauté gay ou faire faire des économies à son pays ? En suggérant de couper l’aide aux pays discriminant les homosexuels et les lesbiennes ouvertement (l’Afrique du Sud le fait « discrètement », laissant des crimes homophobes parfois très peu punis), il fait d’une pierre deux coups.

En fait, la plupart des pays africains, sauf l’Afrique du Sud ou le Ghana, ont des lois qui, comme celles du Malawi, interdisent ou pénalisent l’homosexualité. Faudrait aller plus loin : condamner par exemple, l’Ukraine, qui s’en tient aux principes de la Cour européenne mais ne réprime pas trop les atteintes aux homos… L’aide contre l’AIDS (HIV, sida) ? Non, là, je fais du Charlie Hebdo au petit pied…

L’affaire « Charia Hebdo » continue de faire quelques vagues. Tariq Ramadan a condamné l’attentat tout en dénonçant le « mercantilisme » de la direction de Charlie. Bah, pour l’extrême-droite, non pas dans son ensemble mais nombre de composantes, Charlie va se faire targuer une nouvelle fois d’être trop tiède, pour d’autres, d’en faire de nouveau trop. Bref, la seule vraie question : Charlie Hebdo est-il à la solde des Goddoms, des Britanniques ? Sans doute pas, et d’ailleurs, le Royaume-Uni n’est pas au plus mal avec nombre de pays dits « arabes » et musulmans. Question mercantilisme, pratiquement tous les pays peuvent balayer devant leur porte… Mais est-ce vraiment un autre débat ?

Quand je verrais les diverses religions renoncer à leurs postes d’aumôniers, d’imams ou de rabbins militaires, j’y croirais peut-être, à la couverture de Charlie-Hebdo. Ah, oui, bon sang, mais c’est bien sûr, c’est pour éviter que de plus radicaux qu’eux occupent le terreau militaire. On a tout compris, ce n’est pas du mercantilisme.

Cela vaut aussi pour d’autres. Ainsi, une partie de l’extrême-droite s’en prend à Témoignage chrétien, sous les prétextes les plus divers. Toujours sur la corde raide financière, cet autre hebdo vit sans tapage. Tiens, plutôt que de soutenir Charlie-Hebdo, n’étant pas trop sectaire, j’achèterai plutôt TC, pour voir où ils en sont. Plus chiant, pas forcément moins dérangeant.

 

TC relève, sous la plume de Jérôme Anciberro, qu’on a moins fait état de la rencontre interconfessionnelle d’Assise, avec le pape catholique romain pour hôte (au fait, il avait invité les épouses, pas comme Sarkozy au G20 ?), et même « beaucoup moins, somme toute, que tout ce qui a été fait pour couvrir la pitoyable et (au départ) microscopique polémique entourant les représentations parisiennes de la pièce de Romeo Castellucci Sur le concept du visage du fils de Dieu. ». Pas faux.

Anciberro ajoute : « Un conseil de professionnel aux responsables de la communication vaticane : la prochaine fois, préparez-nous un bon petit « dérapage » (déclaration ambiguë sur le préservatif, clin d’œil en direction des intégristes, coup de fatigue du pape…). Nous y retrouverons nos marques. ». Luz, le dessinateur de Charlie, consultant au Vatican ? Bah, on a bien Philippe Val à France Inter.

Tiens, au fait, je vois que Témoignage chrétien fait état du livre de l’économiste Bernard Maris, dit Oncle Bernard dans Charlie, Marx, ô Marx, pourquoi m’as-tu abandonné ?  (éds Les Échappés). Je le signale au passage…