Avez-vous remarqué à quel point, il est fait souvent référence à la deuxième guerre mondiale dans le débat public. « Tu n’es pas d’accord avec moi, tu es un nazi ou un fasciste voire un staliniste selon l’humeur ! »

Ca clôt la discussion, c’est l’argument ultime.

La presse s’acharne sur Eric Woerth, ce sont des méthodes fascistes. La France expulse des Roms et c’est la Shoah qui est évoquée.

Vous n’avez pas aimé le film « la rafle », la réalisatrice dit que « vous rejoignez Hitler en pensée ».

Christian Estrosi a justifié la nécessité de feu le débat sur l’identité nationale par la naissance de l’Allemagne nazie.

Martin Hirsch publie un livre sur les conflits d’intérêt et Jean-François Copé l’accuse de faire de la « délation », mot lourd de sens pour deux personnes aux origines juives.

C’est devenu le degré zéro de l’argumentation.

Les raisonnements du genre « Hitler aussi, il a été élu. » qui mettent fin à une discussion. Que peut-on argumenter après ça ?

Certains vont même jusqu’à comparer la politique israélienne à celle des nazis, un comble !

Cette dérive a été théorisée par l’avocat américain Mike Godwin qui a remarqué que « plus une discussion en ligne dure longtemps, plus forte est la probabilité d’y trouver une comparaison évoquant Hitler ou les Nazis. »

Amusez-vous à lire les commentaires des journaux en ligne, c’est édifiant.

C’est le fameux point Godwin et bien que cet énoncé date déjà d’il y a vingt ans, il n’a jamais été autant d’actualité que cette année. C’est d’autant plus ridicule que la plupart des gens qui utilisent ces références n’ont pas connu la deuxième guerre mondiale.

Pourtant la découverte récente du document original de l’Etat français établissant un statut des juifs en octobre 1940 annoté par Pétain lui-même devrait ramener nos hommes politiques à plus de mesure et de décence dans leurs comparaisons.