Nul ne pouvait imaginer en décembre dernier lorsque la coalition du Seléka lançait les hostilités au nord de la Centrafrique qu’il s’agissait d’une bataille qui allait en trois mois seulement apporter un « changement » à la tête de l’Etat centrafricain. Malgré la signature des accords de Libreville qui préconisait la mise sur pied d’un gouvernement d’union nationale, la séléka n’a pas renoncé à son projet originel : celui de « chasser » du pouvoir le Général Bozizé.
Ainsi, depuis dimanche dernier, la République Centrafricaine a un nouveau Président de la République, en la personne de Michel Djotodia, le leader de cette coalition rebelle.
Seulement, contrairement aux autres coups de forces perpétrés sur le continent qui ont souvent été très fermement condamnés par la communauté internationale, le putsch des rebelles centrafricain semble n’émouvoir personne. Même pas la France, qui est pourtant la puissance coloniale.
Tout s’est passé devant les yeux des militaires français à Bangui, et, ceux-ci, ont affiché plutôt un silence « complice ». Pire encore, malgré la présence sur place des forces multinationales de la Communauté des Etats de l’Afrique centrale et des militaires sud-africains, les rebelles du Séléka n’ont eu aucune peine à prendre le contrôle de Bangui.
D’ailleurs, des rumeurs selon lesquelles la Séléka aurait été soutenu par le Congo, le Tchad, et le Gabon circulent depuis quelques jours. Des rumeurs qui semblent fondées, quand on sait que Idriss Deby du Tchad qui est le Président en exercice de la CEEAC et Denis Sassou Nguesso qui était le médiateur mandaté par la CEMAC, n’ont jusqu’ici pas condamné ce coup de force.
Plus loin, même au sein de la classe politique centrafricaine, le départ forcé de François Bozizé du pouvoir semble arrangé tout le monde ou presque. Sur les antennes de la Radio France Internationale ce mardi, l’ancien Premier Ministre Martin Ziguelle a déploré la façon avec laquelle Bozizé a été « chassé » du pouvoir, sans toutefois condamné le coup d’Etat. Egalement, l’on a appris ce Mercredi que Nicolas Tiangaye, jusqu’ici Premier Ministre de transition, a accepté d’être le Premier Ministre des putschistes. Une façon d’approuver lui-aussi l’arrivée des rebelles au pouvoir.
Interrogé par la RFI, Monsieur Tiangaye a indiqué qu’il « ne cautionne pas un coup de force, mais qu’il s’inscrit justement dans la continuité de l’accord de Libreville à l’origine de sa première nomination au poste de Premier ministre »
Dès lors, l’on comprend que tout le monde était dans une logique de « tout sauf Bozizé ». Ne dit-on pas souvent que sans les situations difficiles qu’on reconnait ses vrais amis ?