Je me sens bloqué, incapable de coucher la moindre petite ligne sur mon blog, ce n’est pas la matière qui me manque, ni les sujets, c’est plutôt une sensation de lassitude qui persiste depuis quelques jours. Il est vrai que de petits soucis de la vie n’arrêtent pas de s’accumuler, certes ce n’est pas dramatique, mais c’est contrariant.
Peut être aussi que l’atmosphère de la blogosphère y est pour quelque chose, j’ai le sentiment qu’elle a perdu de son punch, il n’y a plus de polémiques ni de grandes controverses, je ne sais pas ou peut suis-je en tarin de chercher des prétextes…
Du coup, j’ai l’impression d’entendre comme une petite voix intérieure qui commence à me dissuader à chaque fois que j’entame la rédaction d’une note : « Cela va servir à quoi ce que tu écris, t’en a pas marre de moudre le beurre fondu ! Arrêtes tes radotages qui n’en finissent pas entre patrimoine poésie et patati et patata… » Et cette voix fini par avoir le dessus, non sans un ricanement de triomphe, qui renforce en moi cette lassitude persistante.
Après mûre réflexion, je me suis retrouvé en face du sujet de mes préoccupations : Ne suis-je pas en train de m’autocensurer inconsciemment ? Le sentiment d’impuissance pour changer les choses n’est il pas le prétexte pour baisser les bras et se taire ? C’est ce même sentiment qui m’a dissuadé à maintes reprises pour collaborer avec la presse écrite. Nous avons à tel point accepté passivement le fait de la censure des années durant, qu’il s’est installé dans notre inconscient d’une façon permanente.
La censure n’est pas que politique, elle croît en nous depuis notre enfance, transmise par la famille, la société, l’école, sous ces facettes morale, religieuse, comportementale, sexuelle et politique ; ainsi les interdictions s’installent en nous petit à petit et refoulent nos pulsions et nos désirs et inhibent toute créativité dès lors qu’elle ne s’inscrit pas en conformité avec les règles de conduite établies par tenants du pouvoir quel qu’ils soient.
Les régimes frileux s’ingénient à mettre sous leur coupe tous les médias, ainsi que les structures de production de la culture et des idées, la rigueur avec laquelle ils les dirigent et les orientent constitue un conditionnement permanent aux créateurs. Le stade suprême de la censure est atteint lorsqu’elle est intériorisée par les élites et les créateurs qui finissent par se faire eux même leurs propres lignes rouges à ne pas dépasser soit consciemment pour des raisons de survie matérielle ou inconsciemment et par conditionnement.
Face à la censure, la veille consciente nous permet de faire appel à une diversité de parades, l’humour, la symbolique, les prouesses technologiques contre la cyber-censure, ce qui maintient la dissidence vivace ; mais face à l’autocensure nous sommes désarmés, la réaction individuelle s’émousse et faiblit, l’individu est réduit à un maillon faible. Dans le combat de la censure la première bataille à gagner est celle que nous engageons contre l’autocensure.
Dans notre espace arabo musulman, le fait de réfléchir est devenu une dissidence en soi, les censeurs de tout acabit s’acharnent à réduire cette dissidence car réfléchir et user d’intelligence sur n’importe quel sujet, constitue une menace aux censeurs.
Les enjeux auxquels nous faisons face ne sont pas tant au nivaux du pouvoir politique, mais plutôt se rapportant à notre prise en main de notre propre destin en tant que citoyens « en devenir »en faisant appel à notre intelligence et non aux discours mimétiques empruntés à notre histoire moyenâgeuse, ou bien aux recettes toutes faites d’un monde occidental dont on n’est pas du tout certain de ses bonnes intentions à notre égard.
Il n’y a point de clefs toute prêtes dans un rayons bricolage pour débloquer l’évolution de nos sociétés, nous sommes acculés à forger nos propres outils et concept, de même que personne ne détient la vérité absolue ou la science infuse dans un monde relatif, c’est par la diversité de nos idées de leur pertinence et surtout de leur libération de toute autocensure que nous pouvons faire face aux défis que nos dirigeants s’obstinent à nous faire croire qu’ils sont les seuls à les relever, et nous réduire à un simple rôle d’applaudisseurs….
Publié par Azwaw soumendil awragh (Ali Saidane) – Khil we lil blog – le 14 02 2008
Je me sens bloqué, incapable de coucher la moindre petite ligne sur mon blog, ce n’est pas la matière qui me manque, ni les sujets, c’est plutôt une sensation de lassitude qui persiste depuis quelques jours. Il est vrai que de petits soucis de la vie n’arrêtent pas de s’accumuler, certes ce n’est pas dramatique, mais c’est contrariant.
Peut être aussi que l’atmosphère de la blogosphère y est pour quelque chose, j’ai le sentiment qu’elle a perdu de son punch, il n’y a plus de polémiques ni de grandes controverses, je ne sais pas ou peut suis-je en tarin de chercher des prétextes…
Du coup, j’ai l’impression d’entendre comme une petite voix intérieure qui commence à me dissuader à chaque fois que j’entame la rédaction d’une note : « Cela va servir à quoi ce que tu écris, t’en a pas marre de moudre le beurre fondu ! Arrêtes tes radotages qui n’en finissent pas entre patrimoine poésie et patati et patata… » Et cette voix fini par avoir le dessus, non sans un ricanement de triomphe, qui renforce en moi cette lassitude persistante.
Après mûre réflexion, je me suis retrouvé en face du sujet de mes préoccupations : Ne suis-je pas en train de m’autocensurer inconsciemment ? Le sentiment d’impuissance pour changer les choses n’est il pas le prétexte pour baisser les bras et se taire ? C’est ce même sentiment qui m’a dissuadé à maintes reprises pour collaborer avec la presse écrite. Nous avons à tel point accepté passivement le fait de la censure des années durant, qu’il s’est installé dans notre inconscient d’une façon permanente.
La censure n’est pas que politique, elle croît en nous depuis notre enfance, transmise par la famille, la société, l’école, sous ces facettes morale, religieuse, comportementale, sexuelle et politique ; ainsi les interdictions s’installent en nous petit à petit et refoulent nos pulsions et nos désirs et inhibent toute créativité dès lors qu’elle ne s’inscrit pas en conformité avec les règles de conduite établies par tenants du pouvoir quel qu’ils soient.
Les régimes frileux s’ingénient à mettre sous leur coupe tous les médias, ainsi que les structures de production de la culture et des idées, la rigueur avec laquelle ils les dirigent et les orientent constitue un conditionnement permanent aux créateurs. Le stade suprême de la censure est atteint lorsqu’elle est intériorisée par les élites et les créateurs qui finissent par se faire eux même leurs propres lignes rouges à ne pas dépasser soit consciemment pour des raisons de survie matérielle ou inconsciemment et par conditionnement.
Face à la censure, la veille consciente nous permet de faire appel à une diversité de parades, l’humour, la symbolique, les prouesses technologiques contre la cyber-censure, ce qui maintient la dissidence vivace ; mais face à l’autocensure nous sommes désarmés, la réaction individuelle s’émousse et faiblit, l’individu est réduit à un maillon faible. Dans le combat de la censure la première bataille à gagner est celle que nous engageons contre l’autocensure.
Dans notre espace arabo musulman, le fait de réfléchir est devenu une dissidence en soi, les censeurs de tout acabit s’acharnent à réduire cette dissidence car réfléchir et user d’intelligence sur n’importe quel sujet, constitue une menace aux censeurs.
Les enjeux auxquels nous faisons face ne sont pas tant au nivaux du pouvoir politique, mais plutôt se rapportant à notre prise en main de notre propre destin en tant que citoyens « en devenir »en faisant appel à notre intelligence et non aux discours mimétiques empruntés à notre histoire moyenâgeuse, ou bien aux recettes toutes faites d’un monde occidental dont on n’est pas du tout certain de ses bonnes intentions à notre égard.
Il n’y a point de clefs toute prêtes dans un rayons bricolage pour débloquer l’évolution de nos sociétés, nous sommes acculés à forger nos propres outils et concept, de même que personne ne détient la vérité absolue ou la science infuse dans un monde relatif, c’est par la diversité de nos idées de leur pertinence et surtout de leur libération de toute autocensure que nous pouvons faire face aux défis que nos dirigeants s’obstinent à nous faire croire qu’ils sont les seuls à les relever, et nous réduire à un simple rôle d’applaudisseurs….
Publié par Azwaw soumendil awragh (Ali Saidane) – Khil we lil blog – le 14 02 2008
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